La fin de Soul Reaver en queue de poisson rouge nous avait laissé sur notre insatiable besoin de nourriture vampirique. Avec la nouvelle "ancienne" génération de console (les 128 bits donc), notre chasseur d'âmes décharné préféré revient dans un Nosgoth transformé, traversant ainsi le portail temporel que Kain a franchi avant lui. La fusion entre Raziel et Mc Fly promet de longues aventures, pleines de péripéties, mais sans humour...

 

RETOUR VERS SON PASSE

Raziel a retrouvé Kain dans une salle abritant un téléporteur étrange. Après une scène pleine de surprises, et de paroles explicatives, le tyran se jette dans une porte temporelle, créée par cette mystérieuse machine. Bien sûr, sans aucune hésitation, Raziel, mû par son désir de vengeance complètement addictif et absolument pas rassasié, le poursuit dans l'inconnu. Malheureusement, il n'attérira pas au même endroit...ou plutôt pas à la même époque.

En effet, la victime du seigneur des créatures de la nuit se retrouve dans le Nosgoth du passé...du passé très loin même...Tombant nez à nez avec le grand Moébius, ce dernier vous explique dans quels temps troublés vous vous retrouvez. Ici, la chasse aux vampires bat son plein, et les humains ont largement pris le dessus. Les pilliers de Nosgoth n'ont pas encore été souillés, et se dressent toujours majestueusement sous la protection d'Ariel. Avec l'aide du nécromancien, vous repartirez à la recherche de Kain qui, dans son délire de toute puissance et pour faire perdurer sa race vampirique le plus longtemps possible, décide de ne pas se sacrifier pour le bien du royaume (souvenez-vous de la fin de Blood Omen). Le soucis est que cette action plongera Nosgoth dans une destinée qui se terminera par sa fin funeste.

Graphiquement, le jeu assure bien. Malheureusement, les décors sont assez redondants.

Ce que Raziel ignore encore, est que son nouvel "ami", qui a déjà manipulé Kain lors de sa mort, dirige l'armée des Séraphéens, ces chasseurs de vampires qui sévissent un peu partout dans le monde. Si vous cherchez le vrai mentalist, le voici...

 

Y'A QUE LES LIMBES QUI NE CHANGENT PAS

Vos nouveaux ennemis sont donc humains. Fini les limbes et les âmes en peine trainant un peu partout, et vos frères qui se sont rebellés contre vous. La menace est réellement humaine cette fois. Mais pas de panique, car les combats offrent autant de possibilités que chez son aîné. Coups de griffes ou d'armes, exécution violentes et assez douloureuses, rien n'a vraiment changé de ce côté-ci.

De nouveaux adveraires feront leur apparition, dans des lieux bien connus.

Par contre, les glyphes de l'opus précedent ont disparus, ou plutôt ils n'existent pas encore. A la place, il existe des forges, sous formes de chaudrons disséminés et de temples abandonnés (enfin plus ou moins). Ils imprègnent la Soul Reaver d'un pouvoir élémentaire, qui lui donne la possibilité d'ouvrir des portes, mais aussi de tirer un missile magique. Pratique pour toucher les adversaires de loin, mais surtout pour viser une cible qui ouvrira une porte ou un mécanisme.

Heureusement, en commençant Soul Reaver 2, vous serez agrémenté de vos pouvoirs déjà acquis dans le premier épisode de cette partie de la saga. Grimper aux murs, nager, traverser les grilles,...tout est déjà dans votre besace de vampire. Vous n'aurez pas besoin de les reconquérir tous (ce qui est logique après tout). Mais, de nouveaux pouvoirs sont disponibles en cours de jeu. Vous pourrez ainsi arrêter le temps, ou prendre possession de l'esprit d'un ennemi, par exemple. Pour les gagner, il faudra vaincre un boss, sous forme vampirique démultipliée, en corrélation avec le monde dans lequel vous évoluez. Par exemple, dans la tanière des arachnides, le boss sera...une arraignée géante. Il faudra comprendre la stratégie spéciale pour les vaincre, mais rassurez vous, car elle ne sera jamais insurmontable, mais plutôt relativement simple.

 

MA DOULOUREUSE TETE

Si les énigmes étaient assez simplifiées avant, elles seront un peu plus évoluées ici. Il faudra jouer avec vos pouvoirs, mais surtout comprendre les mécaniques de chaque mécanisme rencontré. Entrez une combinaison de couleurs ou de sons, frappez des cloches dans un ordre précis et logique le pus rapidement possible, jouez avec  le temps, remmetez les bonnes pièces dans les emplacements prévus,...de quoi vous triturer les méninges quelques heures. Mais pas trop tout de même, elles restent accessibles pour tous (et toutes).

En 3D, Kain a également la classe, même s'il est un peu terne en matière de couleurs.

Toujours est-il que ces énigmes sont loin d'âtre originales, et une sensation de déjà-vu s'installera rapidement. J'ai parlé de la Soul Reaver et de ses nouveaux pouvoirs élémentaires. Ces derniers sont représentés par un icône spécifique qui s'affichera à l'écran, histoire de se retrouver dans chaque élément. Bien-sûr, la couleur de la lame spectrale changera en conséquence, mais ce petit dessin au bas de l'écran sera tout de même assez utile. Vous pourrez posséder la Dark Reaver (obscurité), la Light Reaver (lumière), la Spirit Reaver (esprit), la Water Reaver (eau), la Fire Reaver (feu), l'Air Reaver et la Earth Reaver (terre).

Chaque niveau comportera des portes ou passages fermés, que vous pourrez ouvrir avec un élémentaire de votre épée. Trouvez donc une source de pouvoir voulue, voire une simple source de flammes (comme un feu de camp). Car, pour vaincre certains ennemis ou boss, vous devrez imprégner la Reaver d'une source élémentaire au préalable.

Dans la ville, les rues seront enneigées. Notez un glyphe élémentaire à droite.

Les deux mondes (matériel et spectral) sont toujours d'actualité. Vous pouvez, et devrez aussi, passer de l'un à l'autre, pour passer certains passages (notamment les grilles et les couloirs surélevés. Mais, contrairement au premier épisode, votre barre d'énergie se videra toute seule dans le monde des vivants, votre enveloppe matérielle étant encore très fragile. Tuez et avalez des âmes pour rester le plus longtemps dans cette partie du monde. En rejoignant la sphère spectrale (le monde des morts), vous pourrez aussi perdre de l'énergie, lors des combats. Mais comme vous ne pouvez pas mourir, vous serez réincarné dans ce même monde, plus loin.

Pour revenir dans la sphère matérielle, trouvez la fontaine bleutée et réincarnez vous dans ce monde des humains, en remplissant votre jauge d'énergie vitale d'abord.

 

UN MONDE SI REALISTE

Vous evoluerez dans le Nosgoth du premier Legacy of Kain (donc, Blood Omen). Kain y est encore un humain ne sachant rien sur son funeste destin, et Moebius y exerce déjà son pouvoir de grand nécromancien. Vous rencontrerez donc les grandes figures du premier opus, comme Vorador par exemple, et vous batterez contre les Séraphéens et autres humains relativement féroces et sournois. Surtout que, certains vampires ont d'ores et déjà pris le parti des humains, et n'ont pas hésités à retourner leur veste en faveur de ces chasseurs de leurs propres frères. Des collabos en quelque sorte... D'ailleurs, on s'attendra à voir quelques paradoxes temporels, car n'oublions pas que Kain est en double exemplaire ici, et que Raziel n'est même pas censé existé (surtout que Moebius est au courant de toute l'histoire). Un réel petit air de Retour vers le Futur, vous ne trouvez pas ?

Moebius sera votre alliés, du moins pour le début.

Nosgoth est grand, très grand, mais moins vaste que dans le premier Soul Reaver. Les niveaux sont un peu plus linéaires, mais les énigmes sont un peu plus corsées, cela compense largement. Néanmoins, l'achitecture des donjons, mais aussi des décors environnants, est inspirée, montrant une forte tendance gothique teintée d'un peu de myusticisme et de religion. Il sera plus facile de se repérer, et ce n'est pas un mauvais point.

Les références historiques sont grandes aussi. Bien sûr, le monde est totalement fictif, mais il sera facile de reconnaitre l'influence de véritables édifices moyenageux, surtout dans les cathédrales. D'ailleurs, les endroits visités seront très diversifiés. Entre les églises, les villages, les contrées en plaine, les sous-terrains glauques et suintant, vous aurez pas mal de paysages à voir et à arpenter dans votre quête de vengeance.

 

SI NOSGOTH M'ETAIT CONTEE

Les décors sont très similaires à ceux de Soul Reaver permier du nom, sachant que vous visiterez un peu les mêmes endroits. Par contre, la refonte graphique est bien présente, et les décors sont bien plus travaillés. Pourtant, la palette de couleurs reste assez terne malgré tout, et les mêmes thèmes colorés reviennent un peu trop souvent. Néanmoins, Raziel garde toujours la classe, ainsi que les autres vampires d'ailleurs. L'architecture et la disposition des niveaux dans les donjons sont souvent judicieuses, vous obligeant à regarder et scruter le moindre pixel où vous pourriez vous engouffrer. Quelques effets de lumières sont assez renversant, comme le miroitement de l'eau et ses effets de déformation. Le seul soucis réel est que les collisions sont un peu mal programmées. En effet, il ne sera pas rare de voir une partie de votre corps ou d'items que vous transportez traverser un élément du décor (notamment les escaliers). Sinon, les graphismes sont de toute beauté, et l'affichage porte assez loin, surtout en hauteur. Cela risque de vous donner le vertige, pour peu que vous souffriez d'acrophobie (tout comme moi).

Une architecture de niveau grandiose, avec quelquefois, des angles de caméra vertigineux.

Comme dans les deux premiers opus de la série, l'accent sur la narration est mis en avant. Raziel, tout comme Kain et Moebius, a le sens du soliloque, et délivre souvent des explications sur le monde qui vous entoure (bien qu'il soit lui même assez perdu). C'est d'ailleurs un bonne chose que notre héros vampirique n'est plus de machoire, car la synchronisation labiale française est une catastrophe. En fait, c'est surtout la rapidité des dialogues qui pose problème, et il faudra attendre que les animations labiales cessent pour continuer les scènes. Cela laisse de sacrés temps morts dans ces discours. Nous nous les voyons imposés plus que nous les apprécierons, et c'est réllement dommage, car le jeu d'acteur est à son paroxysme. A croire que les doubleurs étaient payés au temps passé sur ces dialogues, et que l'éditeur a voulu faire quelques économies... Heureusement, l'ambiance musicale est bien retranscrite, avec toujours des musiques discrètes mais réellement oppressantes. Les voix sont magnifiques, comme d'habitude, et les quelques cris de terreur, de rage ou d'agonie sont vraiment effrayants.

Raziel se manie facilement, avec le même système de jouabilité que dans le précédent opus. Toutefois, la caméra est un peu moins folle, sauf dans les endroits trop étriqués. Sinon, les commandes répondent bien et rapidement surtout. Le système de lock des ennemis est très pratique, et le fait de pouvoir changer de cible en cours de combat vous facilitera grandement les combats.

Les énigmes sont généralement plus corsées, et originales, mais jamais insurmontables.

Avec son scénario étoffé et encore plus allambiqué qu'avant, vous ne rechignerez pas à avancer dans l'aventure. Mais ce dernier ne se dévoile pas bien vite, et la lassitude peut vous gagner au bout de quelques heures. Fort heureusement, et comme pour son aîné, la durée de vie est acceptable sans se trainer en longueur. Elle est quasi-parfaite donc...

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Avec son scénario bien travaillé, suivant fidèlement une logique déjà bien entamée dans les deux précédents volets, Soul Reaver 2 suit l'histoire déjà commencée. Toujours agrémenté d'une narration d'exception et de graphismes corrects, cette nouvelle aventure de Raziel vous scotchera à votre écran, malgré les décros un peu trop redondants. Il est juste regrettable de voir que le travail des acteurs français, ainsi que des programmeurs originels peut être gaché par une programmation des dialogues dans notre langue "molièrienne" de fénénant. On subit donc des temps morts inutiles, et voir les personnages parler sans aucun son les rendent assez ridicules. A ce stade, il aurait mieux valu faire de simples sous-titrages, pour limiter les dégâts. Toujours est-il que Soul Reaver 2 est incontournable, pour tous ceux qui accrochent aux aventures de Raziel et de Kain. Notez simplement qu'il vaut mieux jouer aux deux autres jeux avant de se lancer dans celle-ci, ne serait-ce que pour mieux en comprendre les mécanismes.

 

AVALEUR D'AMES : graphismes corrects, scénario toujours aussi prenant, narration de qualité, très bon jeu d'acteur, durée de vie quasiment idéale, jouabilité améliorée, les nouveaux pouvoirs de la Reaver.

LIMBE SPECTRALE : synchronisation labilale complètement ratée, temps morts lors des scènes cinématiques, quelques bugs de collision, décors redondants, il faut connaître les autres volets pour l'apprécier pleinement.

 

Graphismes : 16/20.

Sons : 17/20.

Jouabilité : 17/20.

Scénario : 19/20.

Durée de vie : 16/20.

 

Sentence

17/20

 

Machines : Playstation 2/PC.

Développeur : Crystal Dynamics.

Editeur : Eidos Interactive.

PEGI : 16 +.

Genre : action/aventure.

Difficulté : pas vraiment.

Qui se ressemble : Blood Omen 2, Primal, Tomb Raider, Soul Reaver.

 

Voici quelques séquences cinématiques in-game. S'il vous plait, ne riez pas...