Suite de l'excellent Blood Omen, Soul Reaver change complètement de jouabilité et de héros. Un pari risqué, mais une certaine révolution pour le monde du jeu vidéo, car les améliorations ressemblent plus à des innovations par ici, ce qui participera grandement à son succès. Alors, rangez vos crucifix et vos gousses d'ail dans un tiroir, car Raziel aimerait bien s'inviter chez vous...mais laisserez vous la porte entrouverte ?

 

TROP D'EVOLUTION TUE L'EVOLUTION

Kain a sauver le royaume de Nosgoth et y a implanté son pouvoir grandissant. Des hordes de vampires, assoiffés de sang, vont inverstir les édifices, les campagnes, les villages et les villes afin d'y faire régner la terreur des créatures de la nuit. Une milice humaine résiste encore à cet envahisseur surnaturel, se cachant dans des ruines séraphéennes et organisant des raids contre le seigneur aux canines proéminentes. Ce dernier a chercher des âmes perdues dans le royaume du dessous  que les humains nomment le purgatoire, et y a extirpé six entités qu'il transformera en ses lieutenants. C'est ainsi que naquit Raziel, son plus fidèle bras droit, et le vampire en qui il fondera ses plus grands projets.

Comme dans toute communauté, il y a une hiérarchie propre que chacun doit respécter scrupuleusement. Les vampires sont en constante évolution, même après ces mille années passées sous le joug de Kain. Donc, le seigneur mute d'une certaine façon, et ses sujets en font de même plus tard, c'est la règle qu'il a lui même instauré. Malheureusement pour Raziel, et bien malgré lui, il eut l'outrecuidance d'évoluer avant son maître en arborant majestueusement une paire d'ailes chauve-souriesques magnifiques. Fou de rage, Kain les arracha d'un geste de colère et, afin de punir durablement le renégat, le jeta dans le puits des âmes tourmentées. Il s'agit d'un gouffre dans lequel coulent plusieurs cascades, et donc naturellement rempli d'eau (souvenez-vous, les vampires ne surpportent pas la flotte). Arraché, déchiqueté, tourmenté par des douleurs incommensurables, Raziel sait que son destin n'est plus et qu'il passera des milliers d'années à souffrir de la sorte.

On peut dire que le pauvre Raziel a bien morflé sur ce coup. Mais cet aspect pitoyable cache des trésors insoupçonnés.

Après un temps illimité de souffrance, Raziel se réveille, bien vivant. Sauvé par une entitié s'appelant l'Ancien (une sorte de Dieu, petite évocation à l'oeuvre de H. P. Lovecraft), il aura une nouvelle chance de revenir dans le monde des humains. Largement diminiué, Raziel a perdu son abdomen et ses formes athlétiques, ainsi que sa machoire. Il ne pourra plus s'abreuver de sang, mais un nouveau pouvoir lui sera octroyer : avaler l'âme de ses victimes.

 

UN PLAT QUI SE MANGE TRES FROID

Le maître mot du scénario est, bien entendu, la vengeance. Voulant reprendre ses ancien atours et renverser son tortionnaire, Raziel parcourera le monde de Nosgoth et devra défier ses anciens compagnons. Mais d'abord, il devra quitter le monde des morts, car en ce moment, il erre dans un royaume immateriel, sous l'eau. Il est impossible de manier un objet et d'aggripper quoi que ce soit ici, car toute âme n'est que fantomatique et tout item n'est qu'une rémanence.

Cet épée lovée sur votre bras est la soul reaver.

La première étape sera de remplir la jauge d'énergie vitale de Raziel, sous forme d'une spirale anguleuse. Pour ce faire, frappez les monstres errants et avalez leur âme persistante. Puis, trouvez un puit de matérialisation (une sorte de petite source bleue), ce qui vous transportera illico dans le monde matériel. Là, les items deviennent transportables, les portes peuvent être ouvertes, et les ennemis sont bien réels. Ce sont, principalement, des vampires, comme vous (ou presque), sauf qu'ils peuvent toujours vous sucer le sang (mais vous n'en avez plus, bien sûr).

Pour les anihiler totalement, vous devez trouver une arme, histoire de les empaler douloureusement, ou les jeter sur des piques qui trônerait contre un mur. Sinon, des rayons de lumière naturelle, un feu de camp ou une mare d'eau feront l'affaire. De quoi faire souffrir vos semblables comme vous avez souffert autrefois.

Même une simple torche peut servir d'arme et infliger de puissantes défaites à vos ennemis.

Bien vite, vous comprendrez que pour avancer dans ce monde qui a bien changé depuis votre "meurtre", vous devrez alterner et jouer avec les deux mondes (matériel et immatériel). En effet, en passant dans le monde des morts, vous vous apercevrez que l'architecture générale changera, se tordra comme de douleur, et vous proposera des chemins détournés pour arriver à votre but. C'est le premier jeu où le système technique de morphing est employé. Comprenez que les changements du décor se feront en temps réel, donnt un effet très animé au jeu. C'est réellement bluffant...

 

RAZIEL CROFT ??

Le système d'evolution du scénario se passe un peu comme dans un Tomb Raider. Vous devez atteindre un but en trouvant le seul chemin praticable. Si les zones à arpenter sont facilement visibles, l'obligation de passer d'un monde à l'autre vous demandera une petite gymnastique cérébrale, car les stratégies de déplacements ne seront pas toujours aisées à déceler. Quelques énigmes viendront vous chatouiller les méninges également, mais elles seront surtout basées sur celle d'un certain...Tomb Radier (encore lui). Trouver un levier, pousser un objet, remettre des reliques dans leurs emplacements,...rien de bien compliqué, mais quelquefois il faudra quand même réfléchir un peu.

C'est ici que vos tourments ont commençés. Mais c'est aussi là que votre nouvelle vie commencera...

Malgré que Kain est arraché ses ailes, Raziel peut voler, tout du moins planer. Et fort heureusement, car il devra souvent grimper vers des hauteurs vertigineuses. Au cours de l'aventure, il pourra glaner quelques pouvoirs suppémentaires, comme résister à l'eau (et la possibilité de nager, quel soulagement), mais surtout l'acquisition d'une épée mystique et déjà nommée dans le premier opus : la soul reaver (l'éclateur d'âme dans Blood Omen). 

Cette arme est une sorte de lame qui s'enroulera sur le bras de Raziel, formant ainsi comme une excroissance naturelle de son bras (pour ma part, cela ressemble à un serpent lové sur son avant-bras droit). Outre la possibilité de détruire ses ennemis d'un coup de lame spectrale, il pourra, ultérieurement, l'imprégner de différents pouvoirs élémentaires (feu, eau,...). Grâce à ceci, il peut ouvrir des portes condamnées, demandant l'introduction de la soul reaver imprégnée d'un certain élément. Outre la possibilité de voyager dans les deux mondes, vous pourrez rapidement (en battant votre premier boss) traverser des grilles, mais seulement dans le monde spectral. Encore un peu de stratégie pour vous triturer les neurones...

Vous rencontrerez souvent Kain, votre pire ennemi, mais aussi un allié traître qui vous expliquera bien des choses. 

S'il perd son énergie vitale ou s'il tombe dans l'eau (avant son pouvoir de natation), Raziel se retrouvera sans attendre dans le monde spectral (astral ou des morts, comme vous voulez), et il devra trouver un puit de reconstruction matérielle, ce qui risque fortement de vous faire reculer un peu dans le scénario. Mais pas de panique, ces puits sont légions et toujours à proximité. Cela vous demandera surtout de recommencer un passage un peu délicat, mais jamais insurmontable.

 

ON EN PLEURERAIT

Blood Omen était réussi graphiquement, c'est une certitude. Mais là, l'évolution graphique est inimaginable. Les décors sont colorés et les textures utilisées sont d'une nétetée encore inégalée. On reconnait faiclement les symboles aux murs, et les personnages sont également très réussis. D'ailleurs, Raziel, tout comme les autres vampires importants, est vraiment classe, presque plus que Kain lui-même. Un soin tout particulier a été apporté à son effigie, et ses atours vestimentaires, malgré sa diminution physiques, sont très jolis visuellement. Le fait d'écarter son écharpe pour avaler les âmes errantes, lui donnent un cachet encore plus ténébreux et effrayant que celui des simples vampires. Par contre, les ennemis communs (vampires et âmes errantes) sont plus similaires entre eux, et les adversaires deviennent,  somme toute, assez insipides. Franchement, même les exécutions sont trop limitées, et vous ne les ferez que pour regagner un peu de vie et éviter ainsi la dématérialisation de votre corps. Le morphing est, je le redis, bluffant. Le passage en temps réel d'un monde à l'autre se fait tout naturellement, et la Playstation fait des prouesses techniques. Surtout que les temps de chargement sont cachés, et seuls quelques ralentissements trahiront ces loadings. De plus, la présence de téléporteur vous aidera aussi à voyager dans le tout Nosgoth. Pour vous diriger plus facilement, des symboles seront gravés près de chacun d'eux, correspondant aux différents endroits à visiter.

L'architecture des lieux est tout bonnement superbe. Notez votre énergie vitale sous forme de spirale (piquée par Sega pour la Dreamcast ?)

Si les musiques semblent très discrètes, elles n'en desservent pas moins l'ambiance sombre et torturée du jeu. Les bruitages sont communs, quoiqu'assez bien appuyés dans les phases d'action et de combat. Mais, encore une fois, ce qui fait l'âme réelle de ce soft, c'est sa narration. Tout comme Blood Omen (et Kain), Raziel utilise avec un certain brio son langage imagé et très construit. D'explications sur son monde évolutif en solliloques aux échanges avec ses anciens frères, chaque mot prononçé sera un bonheur pour nos oreilles et aussi pour notre culture imaginaire. Mais, là où son ainé pêchait sur les cinématiques et certains noms d'items ou de personnages (l'éclateur d'âme pour la soul reaver, par exemple), cet opus corrige largement ces erreurs et utilise les véritables noms, sans oublier que les cinématiques (souvent faites avec le moteur graphique du jeu) sont idéalement doublées, et ne contrastent pas avec les nombreux discours de Raziel et de Kain (ainsi que des autres grands vampires). Et le tout dans un français parfaitement maîtrisé.

Si la caméra est un peu frivole et ne se place pas toujours aux bons endroits, le jeu reste largement jouable. Des commandes assez simples, des possibilités de gameplay sans limite, plusieurs façons d'atteindre un but, des combat pêchus, tout est fait pour le plaisir du joueur. Seul ces derniers sont un peu trop linéaires, car la stratégie restera la même pour tous : se protéger et contre-attaquer. Heureusement, les boss demandent des techniques un peu plus pointues, et vos réflexes seront mis à rude épreuve. Pour en revenir à la caméra, elle peut se diriger manuellement par le stick droit (alors que dans beaucoup de jeux du même genre, il faut jouer avec les gachettes). Mais ce qui bluffe le plus, c'est la fluidité des mouvements de Raziel et du défilement des décors. C'est époustouflant...

Si le monde matériel est coloré, le monde spectral, quant à lui, est sombre et bleuté.

Le scénario est bien travaillé, quoique très similaire à Blood Omen. Mais les coups de théâtre sont tellement bien organisés que vous resterez en haleine devant une histoire réellement bien allambiquée. La (re)découverte de personnages comme Ariel et le changement total d'un royaume plus en perdition qu'en reconstruction vous demanderont quelques heures de votre temps, mais pas trop non plus...juste ce qu'il faut...

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Voici la preuve formelle que marier des prouesses techniques et un scénario riche est possible, et que les joueurs ne sont pas obligés de faire ce choix cornélien. Des graphismes somptueux, du morphing de folie, une ambiance unique,...que pouvons-nous reprocher à Soul Reaver ? Peut-être une caméra un peu trop folle, mais ce n'est vraiment rien comparé aux qualités réelles de ce jeu. Si vous aimez les jeux d'aventure-action avec une histoire très sombre, un anti-héros charismatique et son ennemi non-moins charmant, et que vous vouliez un penchant masculin à une certaine Lara, Raziel saura vous combler de bonheur, de par son langage sans aucune faille et sa classe vestimentaire. Jetez vous dessus avant qu'il ne le fasse sur vous...

 

AMES PURES : graphismes et techniques superbes, narration sans faille et intéressante, traduction exceptionnelle, scénario riche et sombre, de nombreuses possibilités et un gameplay renouvelé, la classe de Raziel, durée de vie idéale.

AMES CORROMPUES : combats un peu répétitifs, caméra trop frivole, un changement de gameplay trop radical.

 

Graphismes : 19/20.

Sons : 18/20.

Jouabilité : 16/20.

Scénario : 18/20.

Durée de vie : 19/20.

 

Sentence

18/20

 

Machines : Playstation, Dreamcast, PC.

Genre : action/aventure.

Développeurs : Crystal Dynamics.

Editeurs : Eidos Interactive.

PEGI : 16 +.

Difficulté : moyenne.

Qui se ressemble : Tomb Raider, Kinsgley, Deathtrap Dungeon.

 

A savoir : la version Dreamcast est un simple portage de la version Playstation, sans aucune amélioration graphique. Seulement des ralentissements en moins lors des temps de chargement cachés. Mais, le potentiel technique est si phénoménal, qu'aucune refonte graphique n'eut été nécessaire, car ce jeu impressionne autant sur 32 bits que sur 128 bits.

De plus, la jaquette sur Playstation était une image magique. En bougeant le boitier, le décor en arrière plan faisait une sorte de morphing, en imprégnant l'image d'une sorte de 3D du plus bel effet.


Introduction du jeu, que je trouve l'une des meilleures, avec Soulblade. Seule la voix de Kain est un peu bizarre...