Lorsque l'on parle de jeu fichant la frousse et descendant le trouillomètre proche du zéro, on pense forcément à Resident Evil et ses zombies putréfiés, à Silent Hill et son scénario totalement incompréhensible, voire à Alone In The Dark et ses références purement Lovecraftiennes... Mais, il est une série vraiment horrible qui vous donnera une réelle chaire de poule, malgré qu'il n'y est ni monstres génétiquement modifié, ni monde parallèle démoniaque. Juste une maison hantée et...

 

HISTOIRE DE FANTOMES CHINOIS

...Miku, une jeune adolescente craintive, partie à la recherche de son frère Mafuyu, disparu depuis plusieurs jours maintenant. Il est sa seule famille, et n'est qu'un petit étudiant en folklore japonais. Tombé sur un manuscrit fort intéressant pour ses études, il entreprit de visiter une maison abandonnée où des rites se seraient déroulés il y a quelques siècles de cela. Passionné par une autre disparition, celle d'un écrivain venu retranscrire ces coutumes d'un autre âge, Mafuyu n'eut pas à réfléchir plus avant, et parti vers la demeure craquante et grinçante.

Les expressions de Miku sont plus vraies que nature. La peur se lit sans-cesse sur son visage.

Voici que Miku se trouve, à son tour, devant le manoir en ruine. Elle tarde un peu à y entrer, l'imposante masure lui donnant des frissons dans le dos. armée d'une simple lampe de poche, elle pénètre néanmoins dans le vestibule, traversé par des vents et des courants d'air bruyants et chantant. En traversant le premier couloir, elle sent le regard de quelqu'un sur elle, et des images commencent à l'assaillir brusquement, tels des cauchemars éveillés. Elle y voit son frère en proie à des centaines de mains et de bras tendus vers lui, cherchant tous à l'aggripper. De nature impressionnable, la pauvre adolescente comprend qu'elle devra surmonter ses peurs et ses craintes si elle veut retrouver son frère vivant.

Rapidement, elle comprendra qu'elle n'est pas si seule que cela. En effet, des fantômes vont apparaitre et lui mener la vie dure, car ils ont l'air très en colère (je dirais même pas content). Tous mort avec une certaine violence, ils viendront hanter ce petit bout de femme tramblotant. Car chaque apparition se fera dans des endroits plus ou moins aléatoires, et sera agrémentée d'une bande sonore en adéquation avec le type de mort. Par exemple, le premier fantôme fut pendue, et aura donc la tête renversée, car le cou brisé. Lors de ces attaques funestes, les ennemis gémiront de manière à vous glacer le sang, et crieront aussi des paroles qui rappelleront leur fin brutale, comme cette femme aveuglée par un masque aux pointes tranchantes qui hurlera "my eyes" tout en vous sautant dessus. Effrayant... Surtout que, les spectres bougeront en ligne droite (enfin plus ou moins) au début, mais sauront se dissimuler dans les murs, disparaître brusquement pour revenir derrière vous, ou se mettre à vous "courir après", ne vous laissant pas le temps de vous enfuir.

 

DITES CHEESE

Contrairement aux ténors du genre (du moins pour l'époque), Miku n'a aucune arme, pas même un petit baton. Et, très rapidement, les ennemis vont lui conter fleurette. Comment se défendre dans un univers hostile ? Avec un appareil photo, bien sur. Et pas le modèle numérique, plutôt un vieux coucou avec soufflet et chambre noir intégrée. Pour vous débarasser des ectoplasmes du manoir, vous devrez les prendre en photo (pourquoi pas). En fait, cet appareil est une caméra obscura, est permet de piéger l'âme des fantômes. En l'utilisant, vous passerez en vue subjective (comme un fps) et vous devrez cadrer l'apparition tout en attendant que la pellicule se charge. Ensuite, appuyez sur le déclencheur pour immortaliser la scène, et la bouille sympathique et souriante de votre assaillant.

Grâce à la caméra obscura, prenez les fantôme sur le vif. Mais pour les faire sourrire, pas besoin de faire le canard.

En prenant des photos proches (donc, il vous faut attendre le moment propisce, vous mettant ainsi en danger), vous engrengerez plus de points mystiques. Car, en shootant vos adversaires, vous gagnez des points qui, une fois cumulés, peuvent accroître les pouvoirs de votre appareil photo. Chargement de la pellicule plus rapide, viseur plus large, dégâts plus grands,...la customisation sera de mise et vous facilitera un peu plus la tâche. Mais, pour en augmenter les pouvoirs, il faut également une petite pierre rouge, dite de l'esprit, que vous insérerez dans une encoche de votre "arme".

Outre les pouvoirs de bases, votre appareil peut aussi gagner des caractéristiques spéciales, comme la possibilité de ralentir les fantômes, ou de les rendre à nouveau visible (lorsqu'il se cache dans les murs, par exemple). Ces pouvoirs demandent plus de points mystiques, et donc vous demandent de prendre plus de risques. Car, si vous n'affinez pas vos réflexes, les spectres peuvent vous traverser, et vous infligent ainsi des dégâts. Trouvez des herbes curatives et des fioles d'eau bénite pour vous restaurer, ou des miroirs de pierre pour vous donner une seconde chance lorsque votre énergie tombera à zéro (tout comme votre trouillomètre, d'ailleurs).

Les angles de caméra sont judicieux, sauf en cas d'attaque de fantôme.


A LA REHCERCHE D'UNE ISSUE

Les recherches concernant votre frère vont vite dérapées, vous l'avez bien compris. Vous dénicherez des manuscrits, écrits par des habitants de la masure, mais aussi par l'écrivain disparu, et surtout par votre frère qui investit plutôt bien la demeure. Ils feront tous référence à des croyances ancestrales et à des rites oubliés qui, selon les écrits, sont tous plus barbares les uns que les autres. Empalements, aveuglements, étirements, pendaisons,...les scènes décrites seront toutes horribles et réveilleront chez vous un sentiment de malaise bien présent. Et les petites cut-scènes qui égayeront certaines de ses cérémonies vous donneront la chaire de poule, et vous obligeront même, quelquefois, à détourner les yeux.

En plus des livres et autres notes dipersées dans les pièces de cette barraque craquante, vous trouverez aussi des cassettes audio que vous jouerez sur votre magnétophone. Elles contiennent différents enregistrements qui vous donneront des exemples sonores de rites, ou des impressions à chaud de certains invités. Cela vous plongera dans une ambiance encore plus glauque, et vous sentirez vos cheveux se dresser sur votre tête, tellement le background en est mystérieux. Et ces enregistrements ne seront pas avares en cris et autres bruits cinglants. De quoi vous perturber pour de longues heures.

Quelquefois, il faudra prendre un fantôme en photo avant qu'il ne disparaisse, histoire de gagner des points en plus.

Bien entendu, comme dans tout survival-horror, vous aurez des énigmes à résoudre. Elles ne seront pas bien difficiles, et se borneront, le plus souvent, à trouver la clé qui ouvre une porte, ou à mettre des items dans un renfoncement suivant un ordre précis. De temps en temps, vous trouverez des petites pierres runiques qui devront être placées sur une porte. Puis, via un petit puzzle, vous devrez les faire coulisser dans un nombre limité de déplacement afin de faire coïncider chaque pierre avec son symbole gravé sur la porte. Une sorte de petit taquin, en fin de compte qui vous demandera de la réflexion et de la stratégie, car ces énigmes ne sont pas si simples. Vous aurez également des portes vérouillées que vous devrez ouvrir en y entrant des chiffres via une petite roulette mécanique. Des petites phrases mystérieuses seront écrites sur ces passages, et vous renverront aux notes que vous avez prises ou trouvées dans la manoir. Elles seront un peu tortueuses quelquefois, mais jamais au point de vous immobiliser complètement.

 

TREMBLEZ PETITES GENS

Les premières minutes du jeu sont impressionantes graphiquement, et les pièces du manoir sont superbement modélisées. Mais rapidement, on retrouve les mêmes schémas structuraux, et les mêmes environnements, car le jeu nous oblige à faire d'innombrables allers-retours. Et ce, par la faute du découpage du jeu en chapitre. Ils se finissent tous par le coma de Miku, et reprennent dans une autre pièce. Seul l'apparition des fantômes rompt la monotonie générale, car elle sera aléatoire, surtout du fait que ces spectres n'arrivent pas toujours dans les lieux de leurs tourments. N'empêche que les couleurs sont froidement jolies et réalistes, les animations de Miku sont très fluides, ainsi que celles des fantômes. Quelques animations de background sont également de la partie, et rendent l'aspect du manoir un peu plus vivant. D'ailleurs la corrélation entre la vie des décors et la mort des adversaires proposent un contraste intelligent. Surtout que quelques scènettes vous feront sursauter, comme ce ballon qui tombe dans les escaliers pour rouler devant vos pieds et disparaître aussitôt. Malgré la pénombre ambiante, vous distinguerez les éléments du décor facilement, et certains endroits sont assez originaux.

Les cinématiques sont jolies, et souvent dérangeantes.

La bande son est horrifiante, malgré l'abssence quasi-totale de musique. Mais les bruits environnants de la demeure, les gémissements des ectoplasmes, les lattes de bois qui craquent sous vos pieds, et les petites musiques accompagnant l'arrivée d'un ennemi suffiront largement à vous mettre la frousse. Les voix sont en anglais, mais tellement bien jouées que l'on pardonnera ce petit écart, car des voix japonaises pour un jeu se passant au Japon auraient été plus judicieux. La traduction écrite est assez bonne, malgré quelques écarts de langage dus aux translations littérales pas toujours justes. Mais cela reste compréhensible, et les manuscrits sont parfaitement traduit. Seuls les dialogues sont légèrement hasardeux.

Miku se dirige instinctivement, contrairement aux sagas adverses (Resident Evil, Silent Hill,...). Ici, pas besoin de tourner en rond et d'appuyer sur haut pour avancer. Les caméras sont fixes, et ce système, pourtant simple à prendre en main, montrent ces limites, car en cas de changement de point de vue, Miku change également de direction. Elle est aussi lente dans ses mouvements, même en courant, mais cela renforce le côté oppressant du soft, et donne à la jeune adolescente un cachet réaliste. Et les mouvements de son visage sont aussi très réalistes. On devine son angoisse lorsqu'elle ouvre une porte, et sa peur lorsqu'elle s'aperçoit qu'un spectre la poursuit.

Lorsque vous êtes touchée par un spectre, l'écran se teinte en négatif.

Si le jeu est assez court dans son déroulement, la chasse aux fantômes qui n'aura de but que d'up-grader votre appareil photo pourra rallonger un peu le tout. De plus, en terminant le scénario principal, vous ouvrirez un mode bonus qui vous demandera de vaincre des spectres dans un salle donnée et en un temps limités. Une sorte de boss-rush, cher aux Castlevania. Néanmoins, c'est tellement bon que c'est bien trop court, et vous le referez peut-être, ne serait-ce que pour mieux comprendre une histoire assez compliquée et allambiquée quelquefois, ou tout simplement pour réveiller vos anciennes peurs. Toutefois, les énigmes sont assez intéressantes pour s'y risquer plusieurs fois de suite, ou pour tenter de les résoudre sans aucune aide.

==============================================================================================

Loin des peurs primaires et dégoutantes que nous offrent les Resident Evil ou les Silent Hill, Project Zero joue avec nos nerfs et réussi la pari de nous mettre minable avec peu de chose. Un environnement hanté, des fantômes effrayants, une héroïne chétive et sans défense, du folklore japonais en toile de fond, tout est fait dans ce jeu pour maintenir votre trouillomètre dans le négatif. Et la sauce prend tout de suite, malgré des graphismes assez simplistes et des angles de caméra pas toujours judicieux. Mais le scénario est prenant, et le côté historique saura vous maintenir en haleine. Dommage que les énigmes soient si peu variées, et que le scénario soit si court et prévisible.

Un petit réticule se teinte en bleu devant un évênement paranormal, ou en rouge devant un fantôme aggressif.

 

AUTOFOCUS : de la véritable peur, une ambiance oppressante réussie, une héroïne trop mignonne, du folklore japonais de haut vol, des énigmes sympathiques et intelligentes,...

REMANESCENCE : ...mais peu variées, la caméra pas toujours bien placée, graphismes trop similaires entre eux, des allers-retours trop féquents.


Graphismes : 15/20.

Sons : 19/20.

Jouabilité : 14/20.

Scénario : 17/20.

Durée de vie : 14/20.

Sentence

16/20


Genre : survival-horror.

Année : 2002.

Editeur : Wanadoo.

Développeur : Tecmo.

PEGI : 16 +.

Difficulté : moyenne.

Qui se ressemble : Resident Evil, Silent Hill.


Petit trailer pour découvrir le jeu, en cadeau.