Fan de la saga Grandia, autant vous le dire de suite, je préfère me débarasser du test de ce second épisode le plus rapidement possible. Non pas qu'il s'agit d'une bouse infâme malodorante, mais tant que le fer est chaud, il faut l'écrire noir sur blanc. Voici donc, le petit frère du grand Grandia, qui en reprend l'essentiel, et en gomme certains défauts. Mais de là à dire qu'il sera meilleur...

 

UN VRAI RONIN

Ryudo est un mercennaire ambulant, sans réelle profession et sans aucune attache. Il erre sans but sur les routes, offrant ses services de guerrier aux nécessiteux pour quelques piècettes, en oubliant ainsi toute idée de scrupule et d'honneur. Son fidèle compagnon, Skye, est un aigle doué de parole qui le réprimande souvent, mais lui est d'une très grande utilité.

Un jour, en approchant d'un village, il rencontre un vieux prêtre dans le besoin. Il doit, en effet, conduire une jeune chanteuse nonnifiée vers une tour religieuse où doit se dérouler une cérémonie purificatrice afin de répousser l'évolution d'un Dieu maléfique : Valmar. Elena, la jeune prétresse, est une sorte de gamine capricieuse et timide, mais elle s'emporte facilement, bien que Ryudo remarque rapidement qu'elle semble se contenir (c'est important pour la suite). Arrivés à la fameuse tour, le garde du corps est gentillement prié de rester à l'extérieur et d'attendre la fin de la cérémonie, d'ici quelques heures, pour ramener Elena au village.

Les combats sont similaires à ceux du premier volet.

Soudainement, alors qu'ils prennent un repos amplement mérité et qu'ils divergent sur la présence de la religion en ce lieu perdu, un bruit énorme et des cris se font entendre dans l'édifice. Bravant tous les interdits (ce qui lui plait assez, reconnaissons le), Ryudo se précipite à l'intérieur, craignant pour la vie de sa protégée (et surtout pour la disparition de la jolie bourse qui le récompensera). L'étage inférieur est une succession de ruines agencées comme une sorte de petit labyrinthe, peuplé d'arraignées géantes et de quelques trésors. Se battant avec rage et passion, le mercenaire arrive facilement au premier étage où il découvrira toutes les prétresses à terre, visiblement mortes. Toutes ? Elena semble possédée, voletant dans les airs comme sur un petit nuage invisible, les yeux grands ouverts, une forme sombre lui enfonçant une partie de son corps dans le ventre. Dérangée dans cette activité macabre, la forme s'évanouit, laissant Elena suffoquante, mais en vie.

Revenu au village, le prêtre explique à Ryudo qu'il s'agissait de Valmar, et qu'il a infecté Elena. Malheureusement, il ne sait pas ce qu'il adviendra véritablement, mais craint pour la vie de la jeune femme. N'écoutant que son courage et le tintement d'une autre bourse de pièces d'or (et peut-être aussi un début d'amitié), Ryudo partira le lendemain pour rejoindre la capitale où se trouve le grand prêtre Grana, qui saura sans doute guérir Elena. Le voyage peut enfin commencer...ou pas...

 

UNE BELLE PEPE

Dans la nuit, un bruit et des éclats de voix réveille Ryudo. En se précipitant dehors, il remarque une jeune femme rousse, debout sur un toit, l'air relativement menaçant. En apercevant le jeune mercenaire, elle saute à ses côté et commence à lui faire du gringue. Il s'agit de Millenia, une magicienne assez puissante, avenante et vraiment sexy. Tout le contraire d'Elena, en fait... Et, bizarrement, cette dernière restera toujours introuvable lorsque Millenia sera là...troublant non ?

Les magies et coups spéciaux de Millenia donnent droit à une petite animation (non passable, malheureusement).

Une fois cette scène passée, le périple commence réellement (enfin). Elena sera, elle aussi, une magicienne, mais sera plutôt en apprentissage, car ses sorts ne sont pas terribles...pour le moment tout du moins. En l'estiquotant un peu, Ryudo comprendra rapidement que cette jeune magot sera une femme franche et assez impulsive quelquefois, mais que son caractère de petite fille cache une grande beauté intérieure (et extérieure aussi).

Sachez que lors des combats, vous jouerez Ryudo et Elena, mais que, pour les affontements avec des boss, ce sera Millenia qu prendra le relais. Très vite, vous comprendrez que Elena et Millenia ne font qu'une, car cette dernière ne sera que la forme obscure de la première, touchée par les ailes de Valmar. Ce qui endigue largement la transformation ultime et définitive en Millenia, n'est d'autre que la bénédiction de Grana, que le jeune femme porte en elle depuis sa naissance.

 

TAÏAUT !!!

Les combats sont les mêmes que dans le premier épisode. Une jauge en bas de l'écran vous indique l'ordre d'action des personnages, amis ou ennemis. Durant la phase de commande, le temps s'arrête et vous ordonnerez ce que les protagonistes feront. Attaquer, défendre, faire de la magie, utiliser un objet, rien de bien transcendant. Tout comme dans Grandia, vous aurez la possibilité d'effectuer une attaque plus forte qui, utilisée au bon moment, annulera les coups de l'adversaire. Une dimension stratégique plus qu'originale, et donnant lieu, quelquefois, à de véritables boucheries de monstres.

Les magies se déroulent également comme dans le précédent volet. En combinant certaines d'entre elles, vous pourrez lancer des sorts plus puissants, touchant plus d'ennemis. Cette fois-ci, en trouvant des oeufs de mana, vous aurez la possibilité de les équiper sur n'importe qui, car chacun d'entre eux possède une magie élémentaire, développant des actions spécifiques et des sorts pariculiers. En gagnant les affrontements, et outre les sempiternels points d'expérience et pièces d'or, vous engrengerez des pièces magiques de plusieurs couleurs. Vous pourrez les dépenser ultérieurement dans les magies de chaque personnage, afin de les faire évoluer et d'en débloquer d'autres.

Ce dialogue montre bien la vénalité de Ryudo, en anglais tout du long.

En plus des oeufs de mana, vous trouverez de temps à autres des livres de compétences qui, en les équipant, vous octroieront des coups spéciaux ou des caractéristiques boostées. Afin de débloquer ces caractétistiques et de les faire évoluer, vous devrez dépenser des pièces magiques, tout comme le système pour les magies.

En explorant les divers environnements, vous croiserez aussi des halos de lumière, qui vous redonneront tous vos points de vie et de magie. En outre, ils vous autoriseront à sauvegarder, tout comme dans les auberges. Néanmoins, ces halos resteront toujours gratuit...

 

QUE VIVA LA EVOLUTION

S'il est bien plus joli graphiquement, la version Playstation 2 reste quand même en deçà des standards du genre. Les personnages sont mignons, tout en superdeformed (petits corps et têtes plus grosses), mais sont également assez sommairement modélisés. Par exemple, les mains ne sont que des poygones immobiles, ou ils n'ont pas de bouche et les yeux prennnent la quasi totalité du visage. Pourtant, la sauce prend finalement, car les personnages principaux sont très attachants (surtout Millenia, écartelées entre plusieurs désirs contradictoires). Ils possèdent tous une histoire plus ou moins tragiques, qui sera au centre d'un chapitre et nous aidera à comprendre le scénario pas si simple que cela. Les décors sont, eux aussi, assez sommaires. Colorés et ayant de belles textures quelquefois, les tons n'en sont pas moins ternis, et l'aliasing reste omniprésent. Quelques uns s'en sortent tout de même bien, comme dans les villes souvent superbes pour l'époque. Les animations sont un peu raides, mais rappelons qu'ils s'agit d'un portage Dreamcast sur Playstation 2 (et PC).

Musicalement, le titre reste dans les tons symphoniques, mais avec plus d'accent électrique. Le tout est agréable aux oreilles, mais les thèmes sont souvent proches du premier volet. Les voix sont en anglais, et les sous-titres également. Aucune translation dans notre langue n'a été prévue, ce qui est innadmissible, car son succès sur la console adverse fut grand, et son portage ne fut pas immédiat. Toujours est-il que les voix sonnent justes, mais que le langage employé est quelque peu famiier. On entendra souvent des insultes et des gros mots, ce qui le classe pour les + de 12 ans. Les bruitages restent classiques mais collent bien aux actions et aux scènes.

L'évolution des relations entre Ryudo et Millenia ne laissera aucune équivoque.

Si l'aventure démarre lentement, le scénario va s'etoffer d'un seul coup, laissant quelques quarante heures de jeu au joueur. Malheureusement, les "labyrinthes" sont des plus dirigistes, et vous n'aurez pas trop l'occaison de vous perdre, tant les chemins différents ne le sont pas tellement. Heureusement que les rebondissements sont là pour nous maintenir en haleine, et que les différences entre Elena et Millenia sont assez présentes pour nous garder scotché devant l'écran. Petit bémol tout de même, lorsqu'un personnage quitte le groupe et est remplacé par un autre (même s'il est de même nature), il faudra le rééquiper complètement. Le soucis, est que souvent, les changements entre les deux magiciennes s'effectuent juste avant la confrontation avec un boss. Il sera donc impossible de donner des équipements spécifiques à Millenia, mise à part l'oeuf de mana qui s'équipe automatiquement. Donc, devoir entrer dans les inventaires pour redonner des objets aux nouveaux personnages deviendra rapidement rébarbatif. Bonne nouvelle, il n'y a presque aucun temps de chargement pour ces actions...

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Digne successeur de Grandia premier du nom, ce Grandia 2 en reprend les éléments qui en fait son succès. Système de combat, musiques envoûtantes, graphismes simples mais agréables, vous ne serez pas dépaysé le moins du monde. Pourtant, on aurait aimé des musiques un peu plus diversifiées et moins ressemblantes au premier épisode, et surtout une traduction française complète. Néanmoins, le jeu reste un élément fort et intéressant, et apportera sa pierre à l'édifice des rpg consoles, en proposant un scénario riche et prenant et des protagonistes justes et attachants. Un investissement sûr, que vous ferez et referez de temps en temps, ne serait ce que pour retrouver cette ambiance bonne enfant et comprendre un peu mieux l'histoire un peu trop compliquée.

Malgré un aspect sommaire des personnages, les villes s'en sortent mieux en termes d'architecture et de couleur.

Très grand : scénario prenant, personnages attachants, musiques envoûtantes, ambiance sympathique, simple d'accès.

Pas grand : une histoire qui peine à démarrer, trop facile pour les puristes, pas de traduction, graphiquement moyen.

 

Graphismes : 13/20.

Sons : 16/20.

Jouabilité : 16/20.

Scénario : 17/20.

Durée de vie : 17/20.

Note finale : 15/20.