L'idée
principale est la suivante : on ne crée qu'en fonction de qui on
est, de notre histoire. Cela implique donc la partie inconsciente de
notre psyché
. Nous allons donc utiliser les représentations
conscientes et inconscientes que nous possédons, et ces dernières
vont s'exprimer de façon déformée et cachée dans les premières.
Et là ça devient intéressant car, comme vous le savez maintenant,
le passage de l'inconscient à la conscience fait toujours intervenir
la censure sur les représentations refoulées qui tentent d'émerger.
C'est le même mécanisme que lorsqu'on se réveille et qu'on se
souvient de son rêve.

Lorsque l'on crée
quelque chose, on se rend rarement compte de ce qui nous pousse
inconsciemment à le faire. Ça peut venir au mieux dans
l'après-coup, une fois qu'on s'est bien servi de la création, et
qu'on peut enfin avoir un nouveau regard dessus. C'est le genre de
moment où on se dit parfois des années plus tard « J'ai dû
faire ça parce que j'étais en colère ou parce que j'avais très
envi de te voir. Je ne m'en étais pas rendu compte.
 »

Pour continuer à
illustrer cette histoire, je pourrais citer ici l'exemple de David
Lynch (auteur entre autre de Twin Peaks et Mullholland
Drive
) dont les œuvres sont toujours assez « torturées »
pourrait-on dire. Il a raconté être allé voir un psychanalyste
pour lui demander si l'analyse risquait de tarir son imagination, ce
à quoi le clinicien (le psychanalyste dans le cas présent) lui a
répondu que c'était envisageable. Grâce à quoi, David Lynch n'a
finalement jamais fait de thérapie, mais à continué à faire des
films ou des pubs (les premières pour la PS2 il me semble) toujours
aussi étranges.

Pourquoi donc le
psychanalyste lui a répondu ça ? Vous allez voir, c'est très important. Déjà on peut penser que c'était
quelqu'un de sérieux qui ne courait pas après l'argent ou la
gloire. Ensuite, on peut supposer qu'il s'est appuyé sur le fait que
plus vous serez au clair avec vous-même le moins vous serez torturés
puisque les représentations refoulées dans l'inconscient, qui
faisaient s'exprimaient sous la forme de symptôme (la création d'un
univers de fiction dans le cas qui nous intéresse), auront pu
revenir à la conscience de façon sécure par le travail de la
cure. Or, sans ces représentations inconscientes qui vous
tourmentaient, il y a un sérieux risque (si on peut parler en terme
de risque) que vous ne soyez plus à même de créer, de sublimer de
la même façon. Vous continuerez mais autrement, on ne peut
s'empêcher de sublimer, la psyché fonctionne comme ça.

Vous allez me dire « Mais
pourquoi certaines représentations sont plus à même de revenir à
la conscience que d'autres ? » Je vais essayer de faire simple,
mais c'est assez compliqué. Lorsqu'on expérimente quelque chose,
cela crée une représentation avec son affect, son émotion,
associé. Plus l'expérience est vécue comme forte, plus l'affect va
être fort. Quand ces expériences sont insupportables pour la
conscience, la psyché va séparer l'affect de sa représentation,
puis déplacer le premier vers une représentation anodine, et
refoulé le second. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des
mondes si ça en restait là. Or ce n'est pas le cas puisqu'il
semblerait que le lien entre la représentation et son affect ne soit
jamais totalement coupé. Ainsi plus le couple est fort plus la
représentation va vouloir faire retour.

Ouf ! J'espère que j'ai
rendu ça compréhensible :).

 

On se retrouve la semaine prochaine pour parler de l'enfance, l'adolescence et l'âge adulte au sens psychanalytiques du terme.