NB : une version mise à jour de cet article peut être trouver sous le titre Inception - Convergence et Divergence avec la Psychanalyse - Partie 1 & 2

Comme nous l'avions évoqué à la fin
de l'article précédent, certains éléments de la mythologie
d'Inception peuvent être reliés aux écrits de Freud sur le
rêve. Nous allons donc essayer de faire le tri.

 

Tout d'abord, voyons ce qui est
cohérent par rapport à la théorie freudienne :

Psychanalyse : Les rêves ont accès à
des souvenirs auxquels la conscience n'a pas accès, dont on ne peut
pas se souvenir quand on est réveillé.

Film : Le personnage principal a besoin
de rêver pour « retrouver » les souvenirs de sa femme.
On peut donc en déduire qu'il lui est impossible de le faire
consciemment où il n'a pas accès à ce matériel.

 

P : Le contenu des rêves est influencé
par les stimuli extérieurs.

F : On le voit bien dans le film avec
l'idée d'être systématiquement réveillé par une chute, ou encore
la présence de l'eau à certains moments.

 

P : Les personnages qui peuplent les
rêves sont des représentations d'idées et de souvenirs propres au
rêveur, que ce dernier considère comme extérieur à lui-même
pendant le rêve.

F : C'est ce qu'explique le personnage
principal quand la future architecte lui demande d'où viennent les
personnes dans son rêve : « Ils sont tous une partie de
moi
 » (si je me souviens bien de la réplique). Cela
s'exprime aussi dans l'idée que la femme du personnage principal est
entre autre une représentation de sa propre culpabilité. Ce qui
suppose donc que lorsqu'il dialogue avec elle, il dialogue en fait
avec une autre partie de lui-même.

C'est d'ailleurs l'idée à
retenir, tout est symbole dans le rêve, sauf l'angoisse.

 

P : Enfin, le rêveur n'a pas
l'impression de rêver, tout lui paraît normal. En fait, on pourrait
même dire que l'esprit critique est exclu du rêve.

F : On retrouve partiellement cette
idée, même si elle s'avère tronquée lorsque le personnage
principal prétend que tout paraît normal jusqu'à ce que quelque
chose d'étrange arrive. En effet, le rêveur ne se dit pas « C'est
bizarre qu'il y ait un train en pleine ville. 
» mais plutôt
« Quelqu'un aurait pu me prévenir que ce train allait
passer ! 
»

 

Désormais, regardons ce qui n'est pas
cohérent par rapport à la théorie freudienne :

 

P : Le contenu des rêves est dérivé
de la vie éveillée.

F : Or dans le film les « architectes »
produisent une structure qui doit ne pas être connu du rêveur.
Selon la psychanalyse, c'est impossible car on ne rêve que de ce
qu'on a vu (parfois il y a des années et sans faire attention).

Pour bien comprendre cela, il faut
admettre l'idée que le cerveau enregistre une quantité
d'information phénoménale en permanence et que la partie qui est
utilisée par la conscience est extrêmement faible. C'est ce qu'on
appelle le refoulement. D'ailleurs, sans ça on devient fou car c'est
le refoulement qui permet l'oubli et ainsi l'impression que le temps
passe.

 

P : Les rêves sont l'accomplissement
d'un désir ou d'un souhait inacceptable par la conscience du sujet
(même si cela est fait de façon masquée par les mécanismes de
déplacement, de condensation et de censure).

F : Or rien de tel dans le film, sauf
peut être cette idée que dans les rêves on est vraiment libre de
tout faire.

 

P : Les rêves sont dénués
d'émotions. La seule émotion est l'angoisse, mais celle-ci apparaît dans les cauchemars qui sont des rêves n'ayant pas accompli leur fonction d'accomplissement de désir. Si vous faites attention, vous noterez vous-même que l'émotion vient en fait au réveil.

 

F : Or, force est de constater que les
rêveurs ressentent des émotions tout le long du film. 

 

P : Enfin, le souvenir que nous avons
des rêves n'est pas le rêve lui-même.

F : En effet, sous l'action de la
censure toute une partie du rêve est réprimée. Pour vous donner
une image, on pourrait comparer la censure entre l'inconscient et la
conscience avec des douanes très sévères qui, d'une part, ne
laisseraient passer que quelques dessins animés japonais, et qui,
d'autre part, les transformeraient tellement qu'on ne les
reconnaitraient plus une fois arrivés dans nos écrans.

Cet exemple est évidemment purement
fictif.

 

A priori, je pense en avoir fini avecInception qui reste assez
cohérent avec lui-même puisque si on considère que les rêves ont
bien lieu dans le subconscient, c'est-à-dire dans un niveau
inférieur de conscience, tout se tient à peut près
.

Si certains d'entre vous on des
questions par rapport à ces 2 articles, n'hésitez pas à poster un
commentaire, je tenterais d'y répondre.

Rendez-vous d'ici quelque temps avec un
article sur les « méchants qui deviennent gentils », en
particulier dans les shōnens.
(Sauf si je change d'avis encore une fois bien sûr ^__^)