Joe, l'aventure intérieure, ou Joe The Barbarian en VO, est un comics de Grant Morrisson (JLA, Batman, Superman, ...) et Sean Murphy (American Vampire)  édité par Vertigo en 8 volumes sorti en France sous la forme d'un volume relié chez Urban Comics.

Elle raconte l'histoire d'un jeune garçon diabétique, Joe, qui va se vivre, au cours d'une crise d'hypoglycémie, une aventure fantastique.

On se retrouve ici devant une magnifique parabole de l'enfance, lorsque tout est encore vécu à travers le prisme d'histoires que l'on se raconte, où l'imaginaire et le réel se confondent. On a tous rêvé de vivre dans un monde où l'on côtoyait les héros virtuels de notre enfance.  On a tous été Joe, et une part de nous regrette de ne plus l'être. "L'enfant-qui-meurt", c'est l'adolescent, celui qui ne sera plus jamais enfant, pourtant pas encore adulte.

L'autre trame qui se tisse en filigrane, c'est celle d'un deuil, celui de son père, mort trop tôt, trop loin.

 

L'aventure est une véritable odyssée visuelle, que ce soit le dessin, le découpage des cases, l'encrage, le positionnement du regard du lecteur par rapport à l'action. Tout est extrêmement fouillé et millimétré en même temps. Les bonus nous apportent une preuve que tout est pensé en amont, que chaque détail est réfléchi. Les couvertures sont présentes au début de chaque numéro, toutes plus splendides les unes que les autres, avec un coup de cœur pour le numéro 7.

 

Grant Morrisson n'a pour une fois pas besoin de se soucier de continuité, et crée des personnages certes archétypaux (en dehors de Joe), mais ceci paraît logique vu la brièveté du récit et le fait que leur "créateur" soit extrêmement manichéen, car encore jeune. C'est l'enfance captée à la perfection.

Je pense que ce récit restera comme un des titres majeurs de Morrisson, malgré sa bibliographie longue comme trois bras.

224 pages d'une telle qualité pour 19 euros, c'est une affaire en or pour un voyage onirique qui nous fait tous devenir trop vieux.