Fiche technique
Réalisateur : Michael Bay
Avec : Shia Labeouf, Rosie Huntington-whiteley, Tyrese Gibson, John Malkovich
Transformers: Dark Of The Moon
Science Fiction, U.s.a (2011), 153 minutes
Sortie le 29/06/2011

Synopsis Un événement mystérieux lié à notre passé éclate au grand jour. C'est la guerre qui menace aujourd'hui notre Terre; une guerre d'une telle ampleur que l'aide des Transformers pourrait, cette fois, ne pas suffire à nous sauver.

Introduction :
Qu'il est difficile de placer Michael Bay au sein d'une conversation entre cinéphiles. Après avoir entendu des noms comme Spielberg, Jackson ou Fincher, dire qu'on apprécie le cinéma de Michael Bay viendrait presque à tenter d'expliquer tant bien que mal nos différentes positions politiques. Pour certains, il représente la maitrise quasi parfaite du cinéma de divertissement éstivale et pour d'autre, le mal absolu, gamin immature à qui les producteurs s'amusent à confier des sommes de pognons considérables (sachant pertinemment, malgré la qualité des scénarios, l'excellent retour sur investissement), celui qui n'est bon qu'à être ranger sur une étagère aux côtés des Stephen Sommers, Roland Emmerich, j'en passe et des meilleurs. Pourtant, Michael Bay est quoi qu'on en dise bien plus que cela, pour le pire, mais au final, toujours pour le meilleur.

Bay Touch :
Il est d'abord l'un des rares réalisateurs à n'avoir essuyé aucun échec artistique ni même financier depuis maintenant 16 ans (même The island - qui reste sa moins bonne rentabilité - passe aisément la barre du million de spectateurs en France), arrivant toujours à mettre en place le bon projet, au bon moment. L'un des rares réalisateurs à immortaliser ses acteurs ainsi que chaque plan, les rendant iconiques comme personne ; Nicolas Cage à genoux sur les toits d'Alcatraz, Bruce Willis se sacrifiant pour sauver le monde, les couchés de soleils, les explosions, les longs travelings au ralenti après les efforts titanesques et sur-humain de ses héros... Ces éléments parmi tant d'autres seraient pour ainsi dire LE cinéma à travers le regard unique d'un petit mioche surdoué dans son domaine qui s'amuse comme quand il avait 10 ans. Toujours à inaugurer les derniers SFX et effets pyrotechniques, c'est en véritable faiseur unique et artificier que Michael Bay se distingue par rapport aux autres réalisateurs de films de divertissements. A chaque nouvelle oeuvre, le metteur en scène de 47 ans pousse encore plus loin les limites de tout ce qui a été fait, vu et vécu dans le domaine des séquences d'actions à grand spectacle, contraignant ainsi les autres réalisateurs à se sortir les doigts du cul pour qui voudra / osera allez encore plus loin que lui. Tisser un portrait du petit Benjamin Bay n'est pas chose aisée. On le présente chaque fois comme un soldat investi d'une mission qui sur un tournage ne fait aucun cadeau à son équipe, ni à ses comédiens : toujours vif, toujours dans l'excès à l'image de sa filmographie placée sous le signe d'un véritable boucan sorti tout droit des enfers. En film méprisant, ne respectant pratiquement rien, Bad Boys 2 pourrait être le film qui résume parfaitement bien l'image que véhicule le réalisateur dans le monde. Parfois tendancieux envers la gente féminine, ultra patriotique (mais honnêtement, ça, on s'y est fait et c'est plutôt drôle, au final), l'homme pour qui il est tout à fait normale et crédible que Shia Leboeuf ce tape Megan Fox ou Rosie Huntington-Whiteley, l'homme pour qui le dollar et la rentabilité sont des choses plus importantes que la réflexion signe avec Transformers 3 l'apothéose de SON cinéma qui rassemble toujours autant d'admirateurs, que de profonds détracteurs.

Réalisation :
Avec cette Face cachée de la lune, il nous tardait de savoir si Bay allait enfin (re)trouver un juste équilibre. Après nous avoir empiffré avec Transformers 2 à cause d'une mauvaise gestion de rythme (nous y reviendrons plus tard), c'est justement l'occasion pour le metteur en scène fou de corriger quelques éléments au risque de faire passer ce 3ème volet pour l'épisode de trop.
Un deuxième volet que Michael Bay ainsi qu'une grande partie de son équipe admet avoir raté à cause de la grève des scénaristes poussant le metteur en scène à fignoler lui-même une partie du scénario. Ce troisième volet tient ses promesses, car bien plus sombre et plus incisif d'abord, à l'image de l'aspect physique des robots. Les rayures ainsi que certaines pièces manquantes sur leurs carlingues une fois transformées représentent les blessures visibles d'une guerre qui dure depuis trop longtemps. Le « sang » qu'ils crachent lors de leurs affrontements les rendent encore plus organiques et expressifs que jamais. Leurs attitudes sont aussi plus violentes, comme cette scène où Optimus balance un violent « crève ! » en pleine face avant de déchiqueter un des Decepticons. On sent bien à travers ces détails une évolution plus mature de l'univers de la franchise, si bien que l'on se demande encore pourquoi Bay s'entête encore avec certaines scènes de comédies inutiles qui ne fait qu'alourdir le récit. Heureusement, Transformers 3 s'avère mieux équilibré que le deuxième volet. Hormis l'énorme raccourci scénaristique déjà bien connu de Transformers 2, son autre principal souci était d'avoir adopté un espèce de rythme bâtard. En effet, au lieu de gérer ses séquences d'actions comme il l'avait fait dans le premier volet, Bay choisit de plaquer couche par couche. Un paté d'exposition, un paté d'action. Alors que dans ce troisième opus, il a l'intéligence de parsemer ici et là durant la première heure et quart ces séquences d'action pour ainsi finir en apothéose avec pas loin de 80min d'action non-stop, MAIS entre coupé de minisegments bien distinct. Ce qui confère à ce volet un rythme beaucoup plus soutenu, mais moins étouffant, car le tempo est mieux géré et espacé.

Grandement aidé par l'architecture de son Chicago en ruine, la mise en scène de Michael Bay se révèle être des plus vertigineuses, car exploitant au maximum les espaces qui lui est possible d'occuper, préférant les plans larges afin de magnifier les magnifiques SFX d'ILM. Comme pour la séquence finale du premier volet, ce Transformers 3 marche bien sur les pas d'un certain Black Hawk Down. Michael Bay n'épargne rien n'y personne. La séquence de l'immeuble qui reste probablement la plus impressionnante techniquement mais aussi logistiquement parlant, transforme le métrage en l'espace de 10min en un vrai film catastrophe complètement dingue. Les humains se font jeter, désintégrer, les autobots en chient comme jamais et le tout est magnifié par des mouvements de caméra en 3D souple, lisible et parfaitement fluide.

Parlons-en de la 3D, car comme vous le savez, pour ceux qui suivent régulièrement nos critiques, le rédacteur de ses lignes milite encore pour que les cinémas n'imposent pas aux spectateurs les films en 3D afin de pouvoir au moins avoir le choix. Or il se trouve que Transformers 3 doit en grande partie sa réussite à la 3D, une 3D qui se révèle complètement ahurissante, astucieuse et impeccablement bien utilisée. Certaines séquences comme l'introduction sur Cybertron, le vol plané des soldats à travers les immeubles, toutes les particules d'explosions, de cendres, d'éclats de verre ou de gravas nous arrivent bien en pleine poire. Michael Bay nous fait vivre bien plus qu'une simple expérience de son cinéma, il nous la fait considérablement partager avec ses héros. Jamais le procédé ne vient trahir sa mise en scène, au contraire : Bay se voit être contraint de considérablement l'adapter pour que les effets puissent être correctement appréciés. Convertir la franchise à la 3D était en fin de compte assez logique puisque l'univers s'y prête complètement. Les robots n'ont jamais paru aussi grands, les séquences d'actions sont encore mieux découpées avec des plans beaucoup plus longs laissant place à des délires visuels inédits et assez jouissifs, comme ce bureau et ses tonnes de papiers qui tombent sur la tête de Shockwave. A partir de là, Bay enterre une fois de plus la concurrence, mettant à genoux le bébé de Cameron qui, par ailleurs, lui a rendu une visite de courtoisie lors de la première du film afin de le féliciter (comprenez derrière, de s'avouer vaincu).

On parle aussi beaucoup des deux plans repris de la séquence de l'autoroute de The Island, or il s'avère que sur le tournage, il eut un accident particulièrement grave d'une automobiliste situé près de la cascade en question. Par respect pour la victime, la Paramount et Bay ont choisi de ne pas utiliser ces fameux plans.

Même s'il reprend quelques intrus déjà présentent dans les deux premiers volets, la bande originale de Steve Jablonsky s'avère être une fois de plus une vraie réussite. « It's Our fight » dégage une véritable puissance épique, dramatique, accompagnant les autobots dans ce qui sera pour certains leur dernière et ultime bataille. « There Is No Plan » joue sur la fibre nostalgique des fans qui reprend l'un des thèmes principal de la franchise, sur un rythme beaucoup plus lent, rappelant bien évidemment la séquence de l'arrivé des autobots sur terre dans le premier volet. Encore une fois, il faudra remercier Newton et Zimmer pour avoir composé ensemble la bande originale de The Dark Knight qui reste une vraie référence en matière de partition musicale. Il est vrai que Jablonsky s'amuse un peu à pomper les longues notes lourdes et pesantes du Chevalier noir, mais qu'importe, il le fait très bien.

Conclusion :
Ce 3ème opus est bien le volet le plus équilibré de cette trilogie. La narration trouve une stabilité presque parfaite entre séquences d'actions et d'expositions, même si encore une fois, pas mal de scènes de comédies auraient pu être purement et simplement supprimées. Avec le recul, c'est un peu tout le problème de cette franchise : si seulement Michael Bay en avait fini avec ses tics d'enfants mal élevés, le bilan n'en serait que meilleur pour Transformers. Hélas, les films sont tels qu'ils sont, mais on ne peut s'empêcher de penser quel autre visage cette franchise aurait pu avoir. De même que l'absence de Megan Fox. Non pas que Rosie Huntington joue mal (elle rempli parfaitement bien son rôle de personnage féminin « Bayien »), mais les ressorts dramatiques liés au couple Sam/Carly paraissent du coup assez factices.
Si Michael Bay dit en avoir fini avec Transformers, il nous tarde vraiment de savoir ce qu'il prépare par la suite, mais aussi et surtout de savoir jusqu'où ce type peut encore aller. Transformers était pour ainsi dire la quintessence de toute sa maîtrise en matière de création et d'action pure, prouvant une fois de plus qu'il n'existe tout bonnement aucune limite, aucune frontière ni aucun obstacle pour ce réalisateur décidément à part. On l'aime parce que malgré ses mimiques d'enfant gâté toujours aussi grasses, sans aucune pointe de finesse et son ultra patriotisme, il est bien le seul à réussir à repousser toujours plus loin le divertissement estival. Le seul à nous procurer des sensations fortes nouvelles, toujours plus folles. A une fois de plus magnifier ses personnages aux travers de séquences extraordinaires, de morceaux de bravoures unique, voir orgasmique ! En tirant vers le haut tous les autres réalisateurs qui essaient tant bien que mal de lui arriver à la cheville sur son terrain, Bay influence toujours plus considérablement l'industrie du 7ème art (Nolan & Cameron le reconnaissent eux-mêmes), jusqu'à être encore à l'heure d'aujourd'hui, LE véritable maitre artificier d'un cinéma d'action bourrin totalement assumé et décomplexé.

Par Vincent N.Van.