Fiche technique
Réalisateur : Christopher Nolan
Avec : Michael Caine, Cillian Murphy, Ellen Page, Leonardo Dicaprio, Marion Cotillard, Ken Watanabe, Joseph Gordon-levitt, Tom Hardy
Inception
Thriller, U.s.a (2010), 144 minutes
Sortie le 21/07/2010

Synopsis

Dom Cobb est un voleur expérimenté - le meilleur
qui soit dans l'art périlleux de l'extraction : sa spécialité consiste à s'approprier les secrets les plus précieux d'un individu, enfouis au
plus profond de son subconscient, pendant qu'il rêve et que son esprit
est particulièrement vulnérable. Très recherché pour ses talents dans
l'univers trouble de l'espionnage industriel, Cobb est aussi devenu un
fugitif traqué dans le monde entier qui a perdu tout ce qui lui est
cher. Mais une ultime mission pourrait lui permettre de retrouver sa vie d'avant - à condition qu'il puisse accomplir l'impossible :
l'inception. Au lieu de subtiliser un rêve, Cobb et son équipe doivent
faire l'inverse : implanter une idée dans l'esprit d'un individu. S'ils y parviennent, il pourrait s'agir du crime parfait. Et pourtant, aussi
méthodiques et doués soient-ils, rien n'aurait pu préparer Cobb et ses
partenaires à un ennemi redoutable qui semble avoir systématiquement un
coup d'avance sur eux. Un ennemi dont seul Cobb aurait pu soupçonner
l'existence.

Notre avis ne contient aucun spoiler sur le scénario d'Inception.

Introduction :

"J'étais alors fasciné par les rêves et par la
relation entre notre vie diurne et notre vie nocturne. Le fait que les
éléments d'un rêve - qu'ils soient angoissants, réjouissants ou
surnaturels - soient produits par notre propre esprit m'a toujours
semblé être un paradoxe intéressant : ce que cela révèle sur le
potentiel de l'imaginaire est tout à fait extraordinaire. Je me suis mis à réfléchir à la manière dont on pourrait utiliser cela dans un film
d'action spectaculaire dont la dimension humaine serait très présente".

Il a quand même fallu dix ans pour que Christopher Nolan réussisse à réaliser son rêve (sic). Après avoir revisité le mythe du super héros
avec « The Dark knight » qui a tout de même rapporté plus d'un milliard
de dollars, Christopher Nolan reçoit carte blanche de la part de la
Warner pour réaliser SON oeuvre et peut-être l'oeuvre majeur de sa
filmographie. « Inception » marquera sans doute longtemps l'histoire du
cinéma du 21ème siècle au même titre que « Matrix » rien que ça.

Living the dream :
C'est donc l'histoire de Dom Cobb (DiCaprio toujours excellent), un
homme activement recherché par son propre gouvernement suite à un crime
qu'il n'a pas commis et dont la spécialisation est l'extraction d'idées
dans le subconscient d'une personne en train de rêver. Grâce à Saito
(Ken Watanabe) un homme d'affaire industriel très influent, Cobb va
pouvoir avoir une chance de revenir chez lui seulement si il accepte de
mener à bien une mission.

Voilà pour le postula de départ. Au début du métrage on se dit que
«Inception » part sur des bases qu'on aurait cru plus complexes et plus
recherchées quand on pense à tout le "patacaisse" qu'il a suscité auprès de certaines presses mais il n'en est rien ou presque. En effet, Nolan
préfère nous placer en terrain connu reprenant les principes du film de
braquage traditionnel ou du film d'espionnage. Il va même récupérer par
ci par là quelques idées que les Wachowski ont quasi-inventés ou remis
au goût du jour avec « Matrix » comme par exemple les allées et venues
dans les différents mondes (en même temps et encore aujourd'hui quel
réal ne le fait pas ?).

Dom Cobb part donc réunir sa « dream team » pour cette fameuse
mission toute particulière, car pour lui il ne s'agira pas ici de voler
une information mais d'y créer une Inception. En d'autres termes
l'équipe de Cobb doit implémenter une idée au coeur même de sa cible en
faisant croire que cette idée vient délibérément d'elle-même et non des « braqueurs de l'esprit ». Dès la première demi-heure on pourrait
reprocher à Nolan d'avoir recours à des raccourcis un peu trop facile
car le réalisateur de « The Dark knight » plonge complètement le
spectateur dans le vif du sujet dès les premières secondes. Aucune
réelle explication sur la véritable origine de ce procédé ni même des
personnages secondaires accompagnant DiCaprio. Même si il est difficile
de faire des reproches à « Inception », le faite de ne pas savoir
grand-chose sur les personnages qui entourent Cobb est un peu frustrant
d'autant plus qu'ils jouissent tous d'une interprétation remarquable
notamment Joseph Gordon-Levitt. Tout en mêlant charisme pur, classe et
sobriété, l'acteur de « Mysterious Skin » reste vraiment pour nous l'un
des coups de coeur du film. En réalité c'est aussi parce que c'est un
parti-prit que justifie le scénario d'« Inception », celui de ne «
connaitre » les choses que par le biais de Dom Cobb mais afin de ne pas
vous spoiler le scénario du film, nous ne dévoilerons rien de plus !
Nolan choisi donc la solution la plus radicale, celle de placer le
spectateur dans un contexte déjà existant, de ce faite, la mise en place de l'univers d'« Inception » risque de ne pas être évident pour la
plupart des spectateurs au moins pour sa première demi-heure.

Thèmes récurrents et références :
Il est intéressant de voir l'évolution de Christopher Nolan et sa
façon de mettre en scène ses histoires. Dans « The Prestige » Nolan
racontait un duel entre deux magiciens, il choisit donc naturellement de nous placer nous, spectateurs, dans le monde de la magie. Seulement là
ou Nolan arrive à se différencier de n'importe quel autre réalisateur
c'est justement parce qu'il arrive parfaitement à mêler et à faire
participer de manière active le spectateur à sa mise en scène et à son
scénario ! Par exemple, la narration de « The prestige » était de la
première à la dernière seconde un somptueux tour de magie. Le twist
final étant le fameux Prestige introduit et expliqué dès le début aux
spectateurs par la voix-off de Michael Caine. Dans « Memento » Guy
Pearce perd sa mémoire immédiate, de part ce faite Nolan met en scène
son histoire à l'envers ce qui met les spectateurs exactement dans la
même position que Leonnard ne sachant jamais ce qu'il a fait quelques
heures avant.

Le plaisir et le sentiment d'avoir vu un film unique et inégalable
que nous procure « Inception » relève également de la profondeur des
thématiques du film (thématiques récurrentes chez Nolan) ici
auteur-réalisateur. Inconscient, rédemption, culpabilité, quête de soi,
deuil, autant de termes empruntés on vous l'accorde à la psychothérapie. La rédemption puis l'acceptation est l'ultime quête de Cobb dans
l'espoir de (re)trouver l'apaisement dans ce qui le ronge au plus
profond de lui tout comme le personnage de Leonnard dans Memento, d'Al
Pacino dans Insomnia...
On pourra peut-être aussi reprocher à Nolan d'avoir cette espèce de
froideur métallique à travers ses personnages de même que pour son
premier « ultra-degrés » qu'il donne toujours à ses oeuvres mais
qu'importe ! Une fois rentré dans l'univers il est particulièrement
difficile d'en ressortir, d'en échapper. Après peut-être que pour les
autres le terme « feu de paille » peut aussi être un argument recevable
pour peu que l'on ne se prenne pas aux univers que nous impose Nolan ce
qui a notamment été le problème de « The Dark knight » pour une certaine partie du public.

Réalisation :
Le réalisateur sait s'accaparer des codes du genre fantastique comme celles du thriller ici, situé dans le milieu de l'espionnage
industriel. Plus le métrage avance et plus on comprend assez bien «
l'idée » que Nolan essaie lui-même d'implanter au coeur de notre esprit
comme le magicien qu'il était dans « The Prestige » et c'est en cela
qu'il reste un réalisateur hors-pair. Tout simplement parce qu'il est
aussi capable d'innover avec un concept originale tout en réussissant à
garder une narration cohérente et ultra-précise. Si durant les 45
premières minutes d'« Inception » on peut effectivement se dire «
d'accord, tout ça pour ça ? » il suffit de voir la deuxième partie du
film pour apercevoir la véritable puissance qui ce dégage de la mise en
scène car à partir du moment où le « braquage » commence, Nolan rend
encore plus complexe « son idée » et nous plonge pendant près d'une
heure au coeur d'une séquence qui au finale en compte quatre DANS le
même temps. Les secondes, Les minutes, les heures, la pluie,
l'apesanteur, les enjeux scénaristiques...toutes ces choses se
superposent les unes sur les autres pour ne former qu'un seul et même
instant. Après avoir vécu cette expérience hallucinante qui n'est pas
loin de durer une bonne heure, nous pouvons vous assurer que Christopher Nolan a réussi à pousser et penser encore plus loin une nouvelle façon
de construire une mise en scène, tout comme les personnages du film
s'amusant à créer des mondes oniriques gigantesques pour leurs victimes.

Conclusion :
En empruntant une trame scénaristique déjà archi éculé, Nolan
réinvente pourtant une manière de raconter une histoire, une manière de
(re)créer une mise en scène d'une fluidité exemplaire et novatrice.
Comme les personnages, on peine nous spectateurs à revenir à la réalité
une fois la dernière bobine du film entamé et le générique de fin lancé. Au même titre que les frère Wachowski avec "Matrix", Christopher Nolan
nous offre « le Matrix » de 2010. A savoir un diamant brut de cinoche
tout simplement révolutionnaire dans sa mise en scène, original pour son concept qui reste en même temps simple (au final) dans sa
compréhension.
C'est vrai que l'on ne cesse d'imaginer ce que serait devenu «
Inception » et même le cinéma grand spectacle en général si les frères
Wachowski n'avaient pas mis leurs grain de sel juste 11 ans avant car
beaucoup de choses chez « Matrix » premier du nom ont inspiré la
conception et la réalisation du film. Nous ne retirons absolument pas le mérite du réalisateur comprenons-nous bien, Nolan lui-même se dit
s'être inspiré de certaines références tout comme les frères Wachowski à l'époque. Mais c'est justement avec ces deux oeuvres cruciales pour le
cinéma moderne que l'on comprend vraiment qu'une narration peut encore
évoluer, aller plus loin dans sa forme et dans son « idée ». Il est
quasi-certain que le dernier film de Nolan restera longtemps gravé dans
les mémoires comme l'a été Matrix en 1999, chapeau l'artiste !

N.Van / Nouchi

Par l'équipe Madealone