Le monde
est fait de cycles. De boucles immuables. Tandis qu'il nous plaît tous les ans de
revoir les arbres se parer de feuilles au printemps, de maudire un Soleil
implacable et accablant de chaleur l'été ou encore souhaiter le retour de cet
astre si repoussant des mois auparavant en une journée où le thermomètre ne
rivalise avec le QI moyen d'un soldat gobelin du Mordor, il est de même pour
Electronic Arts, qui, à l'ère de la rentrée des classes, rend chaque année la
dernière copie d'une de ses vieilles franchises lui assurant des bénéfices
stables et maîtrisés : NHL. Qu'en est-il de la mouture 2011, parue le 16
Septembre dernier ? Est-ce la bulle ronde comme un puck ou une leçon de hockey
façon de Sidney Crosby ?

Les versions Xbox 360 et PS3 étant sensiblement
similaires, les tests le sont aussi.

Petite
franchise qui veut grandir...

On ne
va pas se mentir. La série NHL n'est pas projet d'envergure pour la firme EA.
C'est au contraire une série développée en comité restreint, recyclant ce que
les troupes au service de FIFA ou MADDEN NFL ont inventé ou amélioré. Il
demeure qu'au fil des années, l'équipe d'EA Vancouver affiche de réelles
ambitions, une ferme volonté de faire de leur titre une valeur sûre, apportant
chaque année son lot d'innovations. Et c'est ce qui transparait sitôt la
galette mise dans la console.

Le jeu
s'ouvre par l'éternel « EA Sports : it's in the game », petit
plaisir retrouvé, après un oubli l'année passée ayant, je suis certain, frustré
plus d'une personne. Une ouverture qui se dote pour la première fois depuis la
mouture 05 d'une introduction dynamique, en images pré-calculées cette fois,
mettant en scène une échappée de Jonathan Toews, s'en allant affronter le
portier des Anaheim Ducks, Jonas Hiller. C'est résolument beau, bien qu'un peu
court. Elle a le mérite cependant de conférer immédiatement au jeu un caractère
plus abouti, digne d'une franchise à succès, en plus  de jouer en faveur de l'immersion (ce qui
n'est une mauvaise chose, non ?).

Les
menus cette année ont - encore - été revus, dans une structure similaire à celle
de la précédente version mais plus soignés, plus dynamiques, offrant - à
nouveau -  de magnifiques photographies
de joueurs étoiles de la ligue Elite nord-américaine, sur fond de musiques
souvent velues à souhait. Cela dit en passant, la bande-son est, et c'est une
habitude chez EA pour ne pas dire une tradition ancestrale, toujours aussi
variée bien qu'essentiellement orientée rock, incluant des classiques très bien
connus des patinoires de ce bas-monde (Final Countdown d'Europe, Shipping Up To Boston des Dropkick Murphys pour ne citer
qu'eux).

 

Du côté des modes de jeu, pas de gros
chamboulements, on reprend les mêmes plus un rookie, et on recommence. Il est
donc toujours possible de s'affronter localement dans une opposition standard,
de mener un jeune poulain à la postérité, d'incarner un Président - et non plus
un DG - au flair aiguisé et intraitable en affaires comme l'était - mais en
mieux que vous, ne rêvez pas - feu Sam Pollock. S'ajoute le sempiternel mode
Live, similaire à l'once près à la version 2010 et le tout-nouveau
« Equipe de Rêve de Hockey », mode qui, vous pouvez l'avouer, titille
le plus votre curiosité.

 

Parce
que Passion rime avec collection.

 

Outre-Atlantique, la recette est vieille
comme le monde. Prenez un morceau de carton, collez une photo d'une star du
monde sportif dessus assortie de quelques stats particulièrement bluffantes, et
la moitié des States déclenche une guerre civile, surtout sa couche sociale la
plus dure (non pas les Texans ni le Tea Party), les 8/14 ans.

C'est donc sur une idée toute faite que
nos amis de Colombie-Britannique ont crée le mode « Equipe de rêve de
Hockey ». Le principe est simple. On vous fournit un roster de départ sous
forme de cartes à collectionner, qui ne casse pas trois pattes à un canard, à
vous de transformer votre conglomérat de bras cassés en votre dream-team, qui
elle, va fracasser cinq jambes à un chameau. Mais comment arriver à une
formation légendaire ? En collectionnant des cartes naturellement,
lesquelles s'acquièrent soit par l'achat de packs, pee-wee, standard ou
jumbo  - qui se différencient par le
nombre de cartes incluses et la probabilité/contenance d'éléments rares -, soit
par l'achat ou l'échange avec d'autres joueurs. Toute transaction n'est
possible cependant que si votre porte-monnaie est rempli de pièces (certains
appellent ça des Gils, d'autres des Simflouz, ici on va à l'essentiel, des
pièces), durement acquises en jouant avec l'équipe que vous avez composé. Pour
se faire, libre à vous de jouer en solo une partie simple ou un tournoi contre
les équipes du jeu, allant de la National League à la LHJMQ, en passant par la
NHL bien sûr, ou contre un autre joueur s'évertuant lui aussi à améliorer sa
formation perso, toujours en opposition ou tournoi. Si fondamentalement il
n'est pas trop dur de gagner quelques ronds, il est cependant nettement moins évident
d'apporter les bons changements à votre équipe. En effet, il ne suffit pas de
former 4 lignes d'attaque, 3 de défense, de placer un gardien un tantinet
réactif et de vociférer « Mort à l'ennemi » pour faire de votre
équipe un Caterpillar 24 tonnes. Il vous faut, si vous souhaitez vous
simplifier la tâche en match, placer les joueurs à leurs postes fétiches (AG,
AD, C etc.), tout en veillant à leurs affinités avec les autres partenaires de
leur ligne, de par leur style de jeu (Homme fort, Sniper, Playmaker, etc.) mais
aussi en fonction de leur provenance. En effet, un trio
Polyvalent-Playmaker-Sniper provenant respectivement de Genève, Mannheim et
Hamilton sera moins complice et efficient qu'un trio Ovechkin-Crosby-Kovalchuk(je sais, ça fait rêver), tout trois issus de la NHL. Si vous avez quelques
blancs ou zone d'ombres en matière de clubs et/ou ligues, le mode « Equipe
de Rêve de Hockey» est le bon moyen pour vous remettre à niveau. C'est la
rentrée après tout.

 

Check with your booty, man...

 

Mais qu'il a-t-il de nouveau dans le
gameplay en lui-même ? Il est certes amusant de se prendre pour un DG
qu'on ne sera jamais, de jouer les Wayne Gretzky du XXI° siècle, mais que nous
est-il mis à disposition pour le faire ?

En clair, le même système que l'année
passée, mais avec quelques affinements non négligeables. Parmi les plus
importants, la mise au jeu. Est loin dans le passé l'archaïque mécanique
consistant à bourriner en arrière sur le stick droit ou à se la jouer à la
Clark Kent en dilatant le temps pour mieux saisir la femto-seconde où la
rondelle touche le sol. Même si la réactivité demeure le principal atout pour
remporter une mise au jeu - comme en réalité -, il est désormais possible de
faire autre chose que pester contre l'adversaire qui vous a (encore) chipé le
puck. Vous pouvez dorénavant le jouer en fore ou back-hand, en opposant ou non
le corps de votre joueur de centre, de choisir la ruse de soulever le bâton de
votre vis-à-vis ou encore de le checker d'entrée, comme ça, sans prévenir, ce
qui permet, dans un grand nombre de cas à vos ailiers de récupérer la rondelle.
Le système est simple, intuitif, efficace et ajoute immédiatement un aspect
tactique aux faceoffs, aspect jusqu'à aujourd'hui beaucoup trop négligé.

L'autre grande innovation de la version
2011, sur laquelle EA a axé sa campagne marketing, est le moteur graphique.
Sans être plus beau, NHL 11 est surtout plus réaliste dans les mises en échec.
Elles paraissent davantage authentiques, uniques, et ont un impact accentué
dans le gameplay, au contraire de ce qui se faisait dans le 2010, où il
arrivait particulièrement souvent qu'un check, bien que réussi, ne servait à
rien tant l'adversaire se relevait sans peine, rapidement, continuant ainsi à
être en possession du puck. Ce n'est plus tellement le cas dans cette version,
les checks sont plus rugueux, plus secs, et neutralisent vraiment les joueurs
victimes de votre amicale colée. S'ajoute de plus au système standard la
possibilité de mettre en échec par la hanche, technique qui, virtuellement
comme dans les faits, est périlleuse et nécessite un bon sens du timing, mais
s'avère diablement efficace et outrageusement spectaculaire.

Dans la collection ajouts notables
s'ajoute les bris de bâtons, assez courants dans le jeu, pouvant réellement
vous rompre une action rondement menée, d'autant plus que le jeu de passe au
pied ou le transfert de canne n'est pas évident tant à cause de la rapidité du
jeu que par la rigidité du gameplay sur ce point. Sans peine on peut dire, à
canne brisée, action offensive envolée.

De façon anecdotique, les buts peuvent
être refusés, pour « canne haute », « but avec le pied » ou
encore « joueur dans l'enclave du gardien ».  C'est un évènement assez rare, même si le jeu
en surcharge est votre activité dominicale préférée.

Mais ce qui marque le plus, cependant, outre
les grands changements, c'est l'évolution générale du gameplay. Dans l'ensemble,
il apparaît clairement que le studio de l'Est Canadien a raffiné un grand
nombre de petites choses, des détails, qui, mis bout à bout, mène l'ensemble
vert le haut. On retiendra une vitesse de jeu plus lente, plus fluide, des
détails hors phases de jeu qui accroissent la sensation d'être sur la
patinoire.

Enfin, une petite différence est frappante
entre la version PS3 et Xbox 360 - toutes deux testées par mes soins-, l'IA est
plus fine sur la plateforme de Sony, variant davantage les phases de jeux
offensives, tentant plus de choses que l'archi-revu jeu de passes entre
l'ailier fort et le défenseur à ligne bleu ou la passe latérale au devant du
gardien.

 

En
résumé, NHL 2011 s'appuie très largement et fondamentalement sur le travail
accompli sur la mouture 2010, en y ajoutant trois nouvelles fonctions de taille,
que sont les mises au jeu revues et corrigées, les mises en échec plus
puissantes et les bris de bâton. Mais plus que cela, le gameplay, pourtant
similaire à celui de l'itération précédente, a été finement affiné afin d'offrir
une expérience de jeu plus intéressante, plus vivante, et ce, à chaque partie. La
grande partie de l'intérêt réside encore et toujours dans le multijoueur en
ligne, bien que l'ajout du mode « Equipe de rêve de hockey » n'est
pas négligeable, offrant de nouveaux défis en solo ou en multi. Sans être une révolution,
NHL 2011 poursuit pourtant sa solide et efficace évolution, ce qui conduit le
titre, malgré le manque de concurrence sur les consoles next-gen, à s'inscrire
comme une franchise de qualité, s'approchant de ses illustres frères de couvées
automnales, FIFA et MADDEN NFL.