Il n'aura échappé à personne (sauf, peut-être, à celles et à ceux qui ne courent pas vite dans leur tête) que la sulfureuse Lady Gaga, à l'instar de Matrix (et avec une subtilité équivalente), aime à s'approprier les codes d'une contre-culture populaire dont nous sommes tous ici de frénétiques consommateurs. Ceci, avec force emprunts, clins d'oeil et hommages appuyés qu'en langage juridique on appelle (un peu tristement, il est vrai) "plagiats". 

Ce n'est donc assurément pas un hasard si sur la pochette d'Artpop, son nouvel album (au titre si délicieusement ironique), la diva d'un autre monde où les oreilles n'existent pas apparaît cosplayée en Melona,  l'une des protagonistes récurrentes de l'animé Queen's Blade.

 

 

Un animé qui, depuis longtemps, occupe une place à part dans le coeur de la jeune chanteuse, comme elle le confiait à un journaliste de Vogue en mai dernier, vêtue d'une magnifique robe en Michel Sardines de chez Jean-Paul Gauthier :

 

Pour moi, Queen's Blade est le plus féministe des dessins animés japonais. Loin du stéréotype phallocrate de la femme-objet ou du cliché de la princesse à délivrer, il en appelle à la guerrière qui sommeille en chacune de nous. Une guerrière qui se bat avec la force d'un homme, mais sans nier sa féminité pour autant - jusqu'à l'exhiber sans rougir, même, quand l'occasion s'y prête. Conquérantes et décomplexées, les héroïnes de Queen's Blade ne se laissent pas dicter leur rôle par une société judéo-chrétienne moralisatrice et culpabilisante. En ce sens, elles sont un modèle qui, j'espère, inspirera bien des petites filles, comme il m'a inspiré moi-même dans l'écriture de ce nouvel album. Je me suis d'ailleurs toujours sentie proche du personnage de Melona, qui partage tant mes inclinations vestimentaires que ma philosophie de vie : c'est une marginale, une antagoniste critiquée de par son statut de démone, mais qui n'en perd pas ses manières et son sens de l'humour.

 

 

Des mots simples, mais sincères, qui ont profondément touché l'auteur, Eiji Hokita. C'est donc sans surprise, mais avec une authentique émotion artistique, que le Japon a découvert hier les premiers exemplaires d'une figurine de Melona inspirée par la pochette de l'abum sus-mentionné et limitée à 500 exemplaires (499, si on soustrait l'exemplaire précommandé d'office par Joniwan).

 

 

Comme quoi, quand le talent et la grâce se rencontrent, l'Art n'est jamais très loin.

 

 

En train de se fendre la gueule.