La nouvelle est tombée comme un coup de tonnerre.

L'offre Fnac.com qui proposait hier la 3DS XL Blanche à 60 € (au lieu des 180 constatés en magasin) s'est avérée n'être, selon l'enseigne de vente par correspondance concernée, qu'une regrettable erreur.

Du côté des consommateurs, c'est la consternation.

Même plusieurs heures après le choc, on a encore du mal à réaliser, bafouille Roger. Vraiment. Qui aurait pu se méfier d'une offre proposant une console neuve au tiers du prix du marché ?.

A aucun moment, on est allé s'imaginer que ça pouvait être une erreur » ajoute Jean-Pierre, désemparé. Comme beaucoup de français, il a hypothéqué sa maison pour pouvoir offrir cette console à sa fille de six ans, et vivra les six prochains mois dans un carton sur un quai de la Seine. « C'est un véritable cauchemar. A un moment, on fait des projets en famille, on rit, on dresse des listes de jeux à commander, c'est le bonheur, et la minute suivante, tout s'écroule, on n'a plus rien. C'est comme un tsunami. Qu'on capitalise sur les rêves des gens comme ça, ça vous fait perdre toute foi en l'humanité.

Guy, lui, en a commandé deux, pour son fils Hugo et son frère jumeau Dylan, six ans

Pour niquer les yeux du premier et faire jouer l'assurance pour payer mes putes et ma coke.

Et concernant Dylan ?

Bah j'aurais désactivé la 3D, ça lui aurait fait une DS pas chère. Pas con, le mec.

Chez Julien aussi, même refrain :

J'suis dèg', j'en avais commandé 56...  pour mes enfants !, s'empresse-t-il de préciser en toussant un peu. Et comment je vais leur annoncer ça ? Vous imaginez, la tristesse et la déception qui vont déchirer leurs âmes innocentes, et les torrents de larmes qui vont couler le long de leurs doux visages ? Hein ? Vous imaginez ? Les traumas que cela va engendrer, et qui les suivront toute leur vie ? Quel genre de monstre capitaliste est la Fnac, pour oser faire subir ça à nos tout petits ?

Pour Michel, vendeur freelance de cheminées solaires d'appartement, c'est le ras-le-bol :

Déjà, une grabataire sur trois à qui je vends ma merde n'est pas solvable, et je galère à mort pour récupérer le pognon, des fois je suis même obligé d'attendre qu'elles claquent, alors si en plus, la Fnac se laisse pas entuber avec le sourire, moi, je rends mon tablier. De toute façon, j'l'ai pas payé, j'l'avais piqué à Babou.

« Le pire, dans tout ça, termine Micheline, à bout de nerfs, c'est que certains internautes nous accusent NOUS, les VICTIMES, de profiter de la situation, comme quoi on savait que c'était une erreur, qu'on a voulu en tirer parti et qu'on est les seuls responsables. C'est odieux. Moi j'ai cru à une offre promotionnelle. Et vous savez ce qu'ils m'ont répondu, à la Fnac ? Que généralement, les offres promotionnelles, ils les indiquent par la mention « offre promotionnelles ». Quelle mauvaise foi  ».

Et les particuliers ne sont pas les seuls à souffrir de cette débandade.

Du côté du Bon Coin et de PriceMinister, on râle beaucoup sur les nouveaux comptes créés dans l'urgence qui, finalement, sont condamnés à rester vides

Si les spéculateurs ne peuvent plus faire leur beurre, et sont obligés de gagner leur argent en faisant un vrai travail, où va le monde ? 

Heureusement, on peut compter sur les citoyens du peuple de France pour se serrer les coudes dans l'adversité.

Damien, étudiant en troisième année de droit pénal, s'est fait un point d'honneur à ouvrir ses bouquins de cours pour la première fois de sa vie. Michel, avocat de profession, a décidé d'en faire le plus gros dossier de sa carrière :

Parce que le droit du consommateur, c'est aussi important, sinon plus, que de punir les criminels de guerres ou de défendre les femmes battues.

Même Jocelyn, lycéen en troisième année de terminale, a fait fi de ses difficultés en français pour lancer un vibrant appel sur le net, relayé par des milliers d'autres jeunes dans son cas :

 NIK SA MER LA FNAC !

Toutes et tous peuvent désormais se réunir sur des pages Facebook dédiées à la cause, et une cellule de soutien psychologique a été mise en place pour venir en aide aux familles les plus affectées par ce qu'il convient d'appeler une escroquerie de haut vol.

On a empêché de justesse une gamine de 10 ans de s'ouvrir les veines avec le stylet de sa DS, confie Nicole, bénévole. Non mais est-ce que vous vous rendez compte ? Un stylet DS ! ça lui aurait pris au moins deux semaines avant d'arriver à couper la chair !.

D'une voix, ils réclament à présent leur dû, leur console, leur bébé, celle qu'ils se voyaient déjà devoir recharger toutes les quatre heures et laisser dans un coin « parce qu'on n'a pas trop le temps de jouer, en fait », ou utiliser comme nounou à l'œil parce que les 3 mois de Piwi gratuit, eh ben c'est terminé.

Ils réclament aussi, légitimement, le licenciement pur et simple des personnes responsables, pour « faute grave avec circonstances aggravantes aggravées ».

Parce que si un cheminot se rend coupable d'une erreur d'aiguillage ou si un chirurgien oublie sa tronçonneuse dans le plexus solaire du patient, on ne fait pas de cadeaux aux salariés.

Certains vont même jusqu'à réclamer le rétablissement de la peine de mort « mais uniquement pour ce cas précis, on n'est pas des n*zis non plus ».

Enfin, première petite victoire, mais non des moindres : la chaîne d'information LCI a décidé de donner la parole au consommateur et de diffuser leurs témoignages les plus édifiants, ce qui contribuera à coup sûr à redorer le blason du gamer aux yeux du grand public.

De quoi attendre sereinement le verdict des futurs procès. Rappelons qu'à la cour d'Appel du Havre, un jugement avait fait jurisprudence en accédant à la plainte d'un collectif de pillards qui, en plein apocalypse zombie, avait dû revenir bredouilles d'un grand magasin d'électroménager « faute de stocks d'écrans plasma suffisant pour tout le monde ».

Dans tous les cas de figures, c'est un sérieux revers de fortune pour la Fnac, qui risque de perdre ici plusieurs milliers de futurs bons clients, prêts à payer un livre 30 centimes d'euros, un DVD 4 euros "si c'est un coffret collector signé en édition limitée", un écran plat 20 euros et un Mac Book Pro Retina à 32 euros « s'il y a des jeux avec ».

De bien tristes perspectives, donc, pour le géant du produit culturel qui aurait été bien inspiré de prendre exemple sur la chaîne de magasins Game, en termes de respect du client. Il n'aurait pu qu'en sortir gagnant.

(Sources : Crevards du Net Magazine)