Hum, hum. Par où commencer ?

 

C'est que quitter la Communauté Gameblog, ça a beau être la grande mode du moment, c'est pas évident pour autant.

 

Déjà, parce que comme c'est la mode, hé ben c'est devenu mainstream, et qu'être mainstream c'est mal, mais qu'être anti-mainstream, c'est mainstream aussi et que, du coup, ça devient un peu coton de s'y retrouver ou de savoir dans quel camp on se trouve. Ensuite, parce que quitte à partir, autant le faire de manière convenable (hé quoi ! ? On n'est pas des animaux, m*rde à la fin !). Non parce que les gens du commun, ils s'imaginent qu'ils peuvent quitter Gameblog comme ça, sur un claquement de doigt, en moins de jours qu'il n'en faut pour désactiver un compte Facebook, d'un simple statut rageur ou d'un nettoyage de printemps (quand ils ne lavent pas leur linge en famille...). Ha ça, on en a vu passer, des novices et autodidactes, persuadés de n'avoir qu'à beurrer un peu leurs tartines d'amertume ou recouvrir leur fiel d'une couche de Nutella pour réussir un départ digne de cette appelation (d'origine contrôlée).

De l'amateurisme, moi je dis.

 

Car force est de constater que si le Départ-Gameblog est une discipline qui attire les plus grands athlètes du blogging, celle-ci reste relativement peu cadrée, peu pratiquée en club et sur des bases souvent mal maîtrisées. Ainsi en sera-t-il tant que le Comité Olympique de Départ-Gameblog ne fournira pas des textes officiels pour baliser sa mise en oeuvre.

Constat qui aurait dû me refroidir aussi sûrement qu'un séjour prolongé dans le bac à glaçons dans mon congélateur (best caisson cryogénique EVER, au passage), seulement...

 

Seulement, comme tant d'autres avant moi, je ne peux pas résister plus longtemps à l'appel de la tragédie classique version 2.0. Non, parce que la popularité à grands coups de concours ou de brosse à reluire, c'est sympa cinq secondes, mais ça coûte de l'argent et/ou de la salive. Le chantage affectif et le psychodrame estival, c'est quand même plus stylé, en plus d'être totalement gratuit. Sans compter que l'effet est garanti : si vous saviez d'ailleurs comme il me tarde de lire vos commentaires éplorés, suicidaires, désespérés ou dysorthographiques... Peut-être même me rappellerez-vous, qui sait ? A genoux, pourquoi pas ? Peut-être élèverez-vous une statue à mon effigie ? Peut-être la rédac' m'accordera-t-elle ma propre rubrique (la minute Square Enix) ?

 

L'ego a ses raisons que la raison ignore, d'où le présent billet.

 

Mais plutôt que d'emboîter le pas à mes estimés (ou pas) modèles, et de vous dérouler par le menu les causes profondes d'un départ aussi théâtral (pas les likes, hein. Les AUTRES causes), je préfère vous laisser vous demander si oui ou non, directement ou indirectement, vous n'auriez pas votre part de responsabilités dans l'affaire, et attendre que vous vous battiez la coulpe avec des orties fraîches - ou des plantes carnivores de l'univers Mario (envoyez-moi vos photos par mp. Sous pli discret, merci).

 

En lieu et place, je tenais ici à vous parler cinoche - atchitcha, comme ils disent sur Canal (disaient ? C'est qu'il ne rigole pas, le bac à glaçons de mon congélo, en matière de cryogénie). Plus particulièrement, d'un film anglais que j'aime tout plein tout beaucoup. J'ai nommé :

 

 

Pour les fils de Krypton fraîchement débarqués de leur charter intersidéral (eux mis à part, tout le monde l'a vu, ce film. C'est d'ailleurs un très bon moyen de les identifier, les fils de Krypton fraîchement débarqués - en plus de leur goût douteux pour les couleurs vives et les cabines téléphoniques), Hot Fuzz, c'est une comédie grinçante signée Edgar Wright avec, en vedette, l'irrésistible duo Simon Pegg/Nick Frost, qui excellait déjà dans le non moins brillant Shaun of the Dead (une histoire de zombies dont j'aurais pu parler ici, aussi, au bout du compte). Drôle, décalé, un peu glaçant, mais hé ! Pas d'inquiétudes à avoir, ce n'est qu'une fiction, une satire. Ça ne se passe jamais comme ça dans la vraie vie. Allons, allons...

 

Mais avant d'en dévoiler plus, autant vous prévenir, mes souvenirs du film sont assez lointains : par conséquent, il est possible que mon récit comporte de petits accrocs à la réalité filmique de l'œuvre - puissent les puristes me pardonner (pour les déclarations d'amort, ce sera par messages privés aussi, amis puristes). Notez aussi qu'avec ou sans second degré, cet article spoile un max, alors poursuivez votre lecture en votre âme et conscience. Si vous ignoriez jusqu'ici qu'Aerith meurt en cours de jeu ou que le Père Noël était une invention des Illuminatis, je vous déconseille de lire plus avant.

 


Vous étiez prévenus.

 

Hot Fuzz, donc, ça narre les mésaventures d'un représentant des forces de l'ordre psychorigide et misanthrope - c'est vous dire s'il excelle dans son domaine de compétence... Il excelle tant, d'ailleurs, que ça agace vite ses collègues, dont l'incompétence notoire souffre de la comparaison (leur donnerait-on un forum à modérer qu'ils n'en seraient pas capables... alors nettoyer les rues, vous pensez !), et qui l'invitent très poliment à changer de crèmerie : ce n'est certes pas le coup de pied au derrière, mais ça suffit à vous meurtrir un postérieur quand même. Drapé dans unedignité en loose, il se trouve contraint de prendre ses clics et ses clacs (mais surtout ses clics) et d'aller s'installer dans un petit patelin autoproclamé « coin le plus paisible de l'univers » (ou un truc dans le genre). Et ça, pour être paisible, c'est paisible, y'a pas à discuter. Plus paisible que ça, c'est dans l'océan, par 6000 mètres de fond... et encore, on n'y est jamais allé, on n'en a pas la preuve. On lui aurait rapporté que ça existait, ce genre de bleds, à notre expert en criminologie, qu'il aurait cru à un délit d'ivresse publique et aurait pris les mesures répressives qui s'imposaient. Avec un ou deux coups de boule « pédagogiques » en sus.

 

Mais dès la première poignée de main échangée (une poignée de main simple, sans poing américain au bout ni flingue calé dans l'estomac), notre super flic comprend qu'il va devoir ranger sa matraque et ses revolvers. C'est qu'un accueil si chaleureux, ça a de quoi désarçonner tout pistolero solitaire : peu importe qui il est, peu importe d'où il vient, peu importe qu'on n'ait pas besoin d'un superflic ici, tout les riverains lui ouvrent les bras en grand et l'ensevelissent sous une avalanche de sourires colgate - un peu comme s'il y avait des soldes au supermarché de la bonne humeur avant liquidation totale. Prémonitoire ? L'instinct du professionnel étant ce qu'il est, notre bonhomme se méfie. Le village s'en amuse. « Il faut laisser le temps au temps », se dit-on dans son dos. Lui se dit la même chose, mais pour d'autres raisons.

 

Et tous les jours, c'est rebelote : toujours le même cinéma en dolby surround, le même déballage de bon sentiments en 3D stéréoscopique - criant de vérité, mais un peu Bollywood quand même, question finesse de jeu.

 

Ça se salue avec une courtoisie qui sent l'actor's studio, ça se bisouille sans fin (et que je te smacke, et que tu me smackes - sans jamais chopper la moindre maladie, c'est la 4ème dimension !), ça s'entraide sans rien attendre en retour, ça se serre les-coudes-et-seulement-les-coudes, ça vous complimente à l'hyperlatif, et ça sourit, et ça sourit, et ça sourit encore du matin jusqu'au soir. Pas une journée ne passe (ou pas loin) sans qu'un villageois bien intentionné (pléonasme, ici) n'organise sa propre kermesse, avec slogan de type « tout le monde peut gagner ! » et gros lots à la clé. Tu m'aimes, je te fais un cadeau, je te fais un cadeau, tu m'aimes... Le meilleur des mondes, il est là : même Orwell n'y avait pas pensé.

 

Pas de squelettes dans les placards ? Pas de sombres plu... secrets, en guise d'engrais à tomates ? Personne n'aurait donc le moindre travers ? Notre accro à l'adrénaline est au chômage technique. De temps en temps, il y a bien une oie égarée (au sens propre) à remettre dans le droit chemin, un mec bourré qui parle un peu trop fort dans une langue pas toujours cmoprhéensilbe, ou même un apprenti jongleur qui « trouble l'ordre public », cependant ça n'y coupe jamais : le lendemain, avec ou sans intervention, tout est rentré dans l'ordre. Le calme plat. Avant la tempête du siècle, façon Stephen King ?

 

Coïncidence ? Un cygne du destin, plutôt.

 

Bon, Ok, ne crachons pas dans la soupe : le calme, ça a ses avantages, même s'il faut un temps d'acclimatation. Les vacances à la campagne, il paraît que ça fait du bien, c'est dit dans les bouquins. Alors soit.

 

Mais un instinct de flic, c'est un peu comme un doberman : ça ne lâche pas l'affaire/la proie/la jambe, sous prétexte qu'il n'y aurait plus rien à bouffer là-dessus. Ça ne s'amadoue pas avec du petit Coraya. Et même si ça s'endort, parfois, ça garde toujours une paupière entrouverte, au cas où une poussette ou un car scolaire viendrait à passer.

 

Modérateur, c'est un métier. Engage-toi sur armée-de-modération.com

 

Pareil pour notre retraité-malgré-lui, d'ailleurs : certaines disparitions inexpliquées ou départs sans retours ne manquent pas d'attirer son attention, et lui mettent la puce à l'oreille (or les puces, ça les rend vraiment teigneux, les dobermans)... mais comme cela n'affole personne, il se laisse convaincre - temporairement - qu'il souffre de lucidite aigüe (tendance pathologique à voir le mal partout - ne serait-ce que parce qu'il est partout, le mal, bon sang !).

 

Ce n'est qu'après avoir été témoin d'un début d'hécatombe et de quelques têtes fortuitement écrabouillées par des pétunias tombés de nulle part (« Oh non. Encore ! ») qu'il voit ses doutes se justifier : son instinct ne le trompait pas, il y a quelque chose de pourri au royaume de Gam... Sandford. Quelque chose... ou quelqu'un.

 

Mais ce qu'il découvre au terme de ses investigations ne va pas arranger les affaires de son futur psy, sur le plan du fil à retordre, car pour pouvoir se prévaloir du titre de « coin le plus paisible » de l'intern... du monde, les membres du Conseil du Village se débarrassent purement et simplement de tout ce qui pourrait nuire à la paix de la Communauté - elle-même prompte à fermer les yeux sur de tels agissements. « For the Greater Good », tel est leur leitmotiv.

 


Sic.

 

Macabre scène de crime : des catacombes si fournies en cadavres qu'on croirait les étagères d'un Micromania, des os entassés les uns sur les autres comme dans un vulgaire bac à jeux d'occase... Ici, un ado au bagou parfois envahissant et coiffé de cornes de renne en plastique (mais ça ne nous regarde pas), là, un autre déguisé en jeune fille et étouffé avec son rouge à lèvres. Un peu plus loin : le corps d'un apprenti-détective indiscret, puis celui d'un vandale notoire spécialisé dans la destruction de jeux vidéo. Tous logés à la même enseigne. Et pour cause : ce qui est convenable, ce qui est tolérable, ce qui est pertinent, ce qui est drôle, ce qui est condamnable, c'est la Communauté qui le décide. Pas de private jokes ou de gifs de coréennes sans son aval, c'est la règle. For the Greater Good.

 

Le sang de l'ex-superflic ne fait qu'un tour, puis termine à l'extrémité d'un gourdin de belle taille, abattu tout de go sur sa caboche rebelle. Salement amoché, il est laissé pour mort sur le bord du chemin, mais le doberman en lui n'est pas rassasié. Oh non. Il reprendrait bien un peu de grand-mère, ça craque fort sous la dent. Après une courte période de convalescence, il sort son vieil uniforme des cartons, scie ses canons, les scie encore (parce qu'on ne sait jamais) et sort l'artillerie lourde, bien déterminé à renverser la vapeur, ou quelque chose comme ça.

 

Je viens de remarquer... Le premier rôle, on dirait Brad Pitt, un peu, non ? !

 

Son grand retour en mode "révolutionnnn" tourne au massacre décomplexé, comme en témoigne l'extrait suivant - et les réactions outrées qui suivront (peut-être) :

 

C'est monstrueux, je sais.

Mais tous les bénéfices récoltés par cette vidéo iront à l'association "un Rire, un Tidus".

On attend vos chèques... ; )

 

Après ça, c'est un peu confus dans ma tête. Le super-flic repart vers d'autres aventures avec de nouveaux compagnons de route, je crois, et le final cut se fait quelque part à hauteur de soleil couchant.

 

*

 

Voilà.

Cette longue parenthèse ciné refermée, j'en reviens au sujet de ce billet pour préciser (à l'intention des quelques rares intéressés qui ne sont pas en train de chercher à déverrouiller les coms pour pouvoir crier au scandale) que je quitte la Communauté, oui, mais pas Gameblog pour autant - parce que faire preuve d'originalité, c'est quand même plus original, et que j'ai des personnes et/ou des blogs à suivre et à encourager.

 

Le soap opera de ces dernières semaines m'a permis de me rappeler une chose fondamentale : je ne suis pas fait pour appartenir à une communauté. Je l'ai déjà écrit, par le passé : moi, je suis Vegeta. « For the Greater Good », j'ai fermé les yeux sur pas mal de choses qui, en temps normal, auraient écopées de ma part d'un menu Big Bang Attack XL : les lynchages à répétition de Martinman (et autres cibles faciles), les posts à like, les bisbilles, l'intolérance, les images et/ou vidéos piquées au fil du net histoire de faire du chiffre à peu de frais... je m'y suis tenu autant que je le pouvais, mais le coup d'éclat d'Anabelle, les réactions houleuses au post de Sombre Plume ou le tollé (disproportionné) qui a suivi la destruction d'un FFXIII sur le blog de KrystalWarrior ont fini par me réveiller, me tirer de ma léthargie. Enfin.

 

Vous me direz que je prends ces choses trop au sérieuxet c'est sans doute vrai, mais ce n'est pas moi qui ait commencé. Au contraire. C'est parce que la Communauté se prend souvent trop au sérieux que je n'ai plus l'impression d'y avoir ma place. Une news racoleuse en home de Gameblog, et puis après ? Un internaute qui demande des comptes au sujet d'un Fake dévoilé, où est l'affaire d'état ? Un autre pulvérise un bout de plastoc défectueux, quel problème ? « Quel VRAI problème ? », je veux dire. Pour rebondir sur ce dernier exemple, bien sûr, ce n'est pas ce qui se fait de plus fin, en termes d'humour, mais la mise en scène des photos était très réussie (ce que personne n'a relevé), et drôle jusque dans l'expressivité des visages. Et puis quand c'est un Michaël Youn ou une bande du Groland qui joue les trublions, ça dérange beaucoup moins. Sans compter qu'acheter des jeux par bennes pour les empiler dans un coin n'est pas plus profitable aux jeunes nécessiteux que d'en démolir un. Mais c'est un autre débat, je comprends qu'on puisse être choqué.

 

Revenons aux fondamentaux.

 

 

La Communauté déchire, c'est vrai, j'en conviens tout à fait. Mais pas seulement.

 

Comme dans tout groupe social, réel ou virtuel, on y trouve aussi de la rancœur, de la jalousie, de la prétention, de la mesquinerie, de l'intimidation et de l'hypocrisie (merci, Captain Obvious !). Ceux qui ne savent pas écrire vous y donnent des leçons d'écriture. Ceux qui ne sont pas drôles prétendent vous enseigner l'humour. Ceux qui n'ont pas de morale la font à ceux qui ont des principes. Ceux qui ne savent pas argumenter ergotent jusqu'à ce que lassitude s'ensuive...

 

La liberté des membres, lit-on, s'arrête là où commence celle des autres, cependant c'est à sens unique, hélas : certains sont invités à se censurer au nom du respect du groupe auquel ils appartiennent, et s'exécutent sans voir qu'en les sollicitant ainsi, c'est le groupe auquel ils appartiennent qui ne les respecte pas.

 

La Communauté, il lui arrive fréquemment de se prendre pour l'institution qu'elle n'est pas. Elle bombe le torse, elle se donne de grands airs, elle minaude... Trop vite, elle oublie ce qu'elle est, ou la nature profonde de ce qui la cimente (le JEU), pour se parer des attributs d'une religion en germe. En cela, elle peut parfois se montrer injuste, cruelle, fermée, obtuse, vindicative.

 

Comme moi, sans doute.

 

Mais si je dois l'être, alors je souhaite que ce soit à ma manière, avec ma voix, en mon nom propre, pas pour suivre un mouvement ou faire partie d'un tout.

 

Si je dois être odieux, je veux que ce soit selon mes humeurs, mes convictions, mes idéaux, et pas pour plaire à autrui ou conserver son estime. Je ne veux pas être représentatif d'un ensemble, quel qu'il soit, même à petite échelle. Encore moins d'un ensemble dans lequel je peine parfois à me reconna^tre.

 

Je ne généralise pas mon propos, bien sûr. Vous êtes nombreux à valoir le détour.

En conséquence de quoi ai-je apprécié chaque rencontre, chaque échange, chaque compliment et chaque marque d'intérêt, de soutien ou de connivence... mais je ne veux pas y être enchaîné.

 

Je veux pouvoir être drôle, je veux pouvoir être dur.

Je veux pouvoir être compréhensif, je veux pouvoir être intransigeant.

Je veux pouvoir être diplomate. Je veux pouvoir être un salaud.

 

Je veux avoir le choix.

 

Je reprends donc ma liberté ici, en vous rendant ma carte de membre. Dorénavant, je ne suis plus responsable que de moi. Et vu le bestiau, c'est déjà pas mal.

 

GG à tous. Longue vie à la Communauté. Vie plus longue encore à la Confrérie. Et un immense merci à Krystal Warrior, Locutus, P.Y.T., Sombre Plume et Zalla pour leur courageuse participation à cette vidéo « de la honte » (mais fière de l'être).

 

A une prochaine (ou pas).