EN EXCLUSIVITE EXCLUSIVE RIEN QUE POUR VOUS :

L'avis EXCLUSIVEMENT EXCLUSIF d'un guest qui l'est au moins autant.

 (Sens de l'humour EXCLUSIF non fourni, c'est une critique sérieuse)

(Ou pas loin).

 

Parce qu'une vidéo vaudra toujours mieux, sur internet, qu'un long texte sans gifs de femmes qui font danser leurs poitrines ou de Lolscats qui font l'amour à des Petits Poneys, mais qu'à côté de ça, l'impro, ben c'est pas toujours rigolo, pour ces futures six-minutes-de-perdues, recevez nos plus plates excuses - et celles de Jane Birkin aussi, qui sont ENCORE plus plates, c'est dire si votre pardon nous tient à coeur.

 Au moins, je suis paré pour la séance du week-end prochain.

 

*

 

Et parce que malgré la souffrance visuello-auditive insoutenable que je viens de vous infliger sans l'ombre d'une vergogne, vous aurez quand même droit au long texte sans trémoussements poitrinaires, sachez que de temps en temps, aussi étrange ou contre-nature que ça puisse paraître, j'écris sérieusement. Ou pas loin. Pour preuve, voici en EXCLUSIVITE quasi-presque-EXCLUSIVE ma critique personnelle au film sus-démoli, en réponse à celle publiée dans le magazine Studio-CinéLive (que je harcèle à mes moments perdus) (oui, ils ont déjà déménagé trois fois à cause de moi)  :

 

De la lumière.

De la lumière avant toutes choses.
 
De la lumière, un point c'est tout.
 
Je ne lui demandais pas plus, à cet amour de petit film. Et il ne m'a pas donné moins.
Aussi suis-je sorti de la salle avec des étoiles dans les yeux : quatre au lieu d'une, au moins, et des traces de larmes pas tout à fait sèches pour mieux les souligner. Parce que voilà, permettez que je fasse mon coming-out : je l'aime d'amour, le cinéma de Cameron Crowe, je n'ai pas honte de l'afficher. Et il m'aime aussi, je le sais. Il me comprend, je le comprends... on est bien, tous les deux, ça fait des années que ça dure. Non que je trouve un quelconque intérêt à suivre les tribulations d'un gars qui achète un zoo - ceci, même si ce gars, c'est Matt Damon et qu'il y retrouve la plus starlette des Scarlett... je ne suis pas ce genre de spectateur. Le cinéma, je veux qu'il me vende du rêve, du vertige, et pas du mélo de roman-photo. De la part de n'importe quel autre réalisateur, un pitch pareil m'aurait refilé des sueurs froides. Des enfants. Des animaux. De l'amour. Des bons sentiments. Mon Dieu. Au secours.
 
Oui mais voilà. Avec Cameron, c'est différent. Cameron, il peut me vendre de la lessive ou des voitures d'occase pendant deux heures que j'en redemanderais - comme j'en redemande aujourd'hui tant il m'a semblé trop court, ce Nouveau Départ. Alors bien sûr, je l'accorde de bonne grâce, ce n'est pas son meilleur. Trop sage, trop tiède, trop échaudé par des échecs qui, paradoxalement, étaient de grands succès. Ainsi, c'est quand le film s'offre des fulgurances « à la Elizabethtown » qu'il est le plus « Cameron », et qu'il est le plus beau. Parce que j'ai adoré son Elizabethtown, aussi. Et Vanilla Sky avant lui. Si. Pour ne rien vous cacher, c'est même sur ce dernier que je suis tombé amoureux : pendant que les critiques s'arrêtaient sur un masque, je n'avais d'yeux que pour le visage au-delà, défiguré - a-t-on statué à tort - par une trahison de l'œuvre d'origine qui m'apparaissait comme la raison d'être du film : précisément, tout ce qui me plairait, me séduirait, m'amènerait même un jour à aller voir l'histoire d'un gars qui s'offre un zoo - sans y être obligé par une petite amie accro à la guimauve. Parce que comme vous l'avez écrit, Crowe, c'est Crowe. Et que ce n'est pas ce qu'il raconte, qui importe, mais la manière dont il le fait. Ou plutôt : c'est cette manière dont il le fait, qui raconte, chez lui. Ses histoires ne sont que des prétextes, des « occasions de ». Prétexte à quoi ? A la lumière, évidemment. Peindre la lumière. Sous toutes ses formes et dans toutes ses nuances, toutes ses déclinaisons. Celle du dehors, d'abord, qu'il capte mieux que personne depuis que Mallick a franchi sa Thin Red Line. Celle du dedans, surtout, qu'il magnifie avec candeur. Crowe, Cameron, peu importe comment on l'appelle, il parle des gens, il parle de nous. De notre lumière. De ce petit truc qui brûle, tout au fond, et qui fait que parfois, on se rêve artiste, ou poète... ou humain, simplement. Ce petit truc qu'on étouffe souvent par lâcheté ou suffisance. Chez lui, l'homme, ce n'est pas un loup, ou bien celui d'un zoo trop beau pour être vrai. Chez lui, l'homme, c'est de la lumière. Le reste, l'histoire, les personnages, les péripéties dépourvues d'enjeu ou le drame dans l'absence de drame, c'est du décor. Un enclot. Qu'il illumine.
 
Crowe, c'est Burton à l'envers. Là où Tim ne retient que l'ombre, Cameron, lui, ne retient que la lumière. Avec le même talent. Comme deux faces d'une même pièce : celle de la comédie humaine. Sauf que la lumière, forcément, c'est plus ingrat : moins branché, moins tendance, moins transgressif. Trop sage, encore... On n'est plus des enfants - ou, en tout cas, on cherche à s'en persuader. Alors on préfère le cynisme et on appelle ça la lucidité, sans voir que le cynisme n'est qu'une naïveté à l'envers et que la naïveté choisie en connaissance de cause, celle-là même qui éclaire les œuvres de Cameron Crowe -, cesse d'être ce qu'elle paraît pour devenir une esthétique, un symbole, une profession de foi. Alors à la question qui clôt le film (ou pas loin), j'aurais répondu, moi aussi, « les humains ». Mais seulement tels qu'ils sont filmés par Cameron Crowe. Les vrais, ceux que nous montrent les films matures, sérieux  ou respectables, ne m'intéressent en rien. Leurs ébats, leurs débats, leurs solitudes, leurs turpitudes, très peu pour moi. Ils n'ont ni l'ombre de Tim Burton, ni la lumière de Crowe. Ils n'ont rien qui m'attire. Je n'attends pas du cinéma qu'il me conforte dans ce que je suis, non. Je préfère quand il m'invite à ne pas m'en satisfaire. Car poser que nous pourrions être, tous, plus que des personnages de vaudeville nerveux de la vanne ou de la braguette, plus que des êtres superficiels, mesquins, égocentriques ou sans relief, voilà qui me semble moins naïf - surtout, plus courageux - que la moindre de nos fresques sociales prétendument sans concession - si complaisantes, hélas.
 
Mon cinéma à moi, je le veux à l'image de mes cieux étoilés : immense dans ses clartés, intense dans ses ténèbres et riche de mille perspectives, mille  « et si ? », mille soupirs visionnaires...
 
De la lumière, avant toute chose. De la lumière, par-dessus tout.
 
C'est donc plus conquis que jamais que j'ai quitté la salle obscure.
 
 
Ebloui.