Enfin. Enfin, après des mois d'attente fébrile, ma figurine Hot Toys du Gundam RX W-Prototype a achevé son long, très long, trop long périple quasi-interstellaire (le Japon, cette autre galaxie) pour venir atterrir, littéralement, sur l'étagère de ma geekçonnière – qui lui servira désormais de base d'opération. Comment croire, en effet, qu'un robot ayant lutté sans faillir contre l'Empire de Neo-Zeum et les forces de l'Envahisseur Zordax (les Nihiru, en japonais) pourrait être retenu trois semaines en otage par un poste de douane, pour une simple affaire de paperasse ? 35 euros de frais supplémentaires, là où il aurait pu régler la chose d'un coup de canon à plasma... les héros d'hier ne sont décidément plus ce qu'ils étaient !

 

Pardon pour la qualité des photos, elles ne font pas honneur à la qualité de cette figurine.

Pourtant, les trentenaires férus d'animation nippone n'auront pas manqué de frissonner (moi le premier) au souvenir de ce fier soldat de métal qu'ils ont jadis connu, admiré, applaudi sous le nom françisé de "Robot Aile", tous les samedi soirs sur FR3 en deuxième partie de soirée ; et qui a plus tard servi de modèle au futur Gundam Wing d'Heero Yuy. Diffusée au Japon de janvier 1984 à juin 1986, la série Kido Senshi Gundam RX-W : Silent Warriors in the Blue ("Robot Aile et les Justiciers de la 5ème Dimension", chez nous) a marqué des générations entières de spectateurs, tous pays confondus, de par la richesse de son scénario et son sens inné de la tragédie : sacrifices, trahisons, manipulations, manoeuvres politiques, rivalités, remises en questions, pouvoirs psychiques, rejet de la différence, réflexion sur la peine de mort... un contenu dense, sombre et mature qui, à l’ère des Super Durand et des Dan et Danny, révolutionnait le PAF tant il laissait peu de place à l'humour ou à la romance – quand bien même n’a-t-on jamais pu oublier, à mi-parcours, la première union "charnelle" entre un être humain et une intelligence artificielle dont nous étions tous amoureux.

 

 Il a aussi inspiré le Shéhérazade d'Allen Schezar dans Escaflowne.

 

On l'aura compris : bien avant Evangelion, Gasaraki, Infinite Ryvius ou Bokurano, la série poussait le genre dans ses retranchements d’alors, bouleversant tant les codes que les sensibilités… en conséquence de quoi était-il inévitable que la célèbre firme Hot Toys célèbre ses trente ans en proposant, comme à son habitude, une luxueuse figurine à l'effigie du premier modèle RX-W, fidèle à son modèle dans les moindres détails.
 
C’est donc avec une réelle émotion qu’on retrouve ses lignes anguleuses, un peu "brutes", qui opéraient une transition historique entre l'arrondi des robots de la génération précédente et le design plus "agressif" des Detonator Orgun et autres Tekkaman Blade à venir. Pour adoucir, et donner un peu de couleur : les emblèmes de la Fédération Galactique ("Alliance héroïque", en français) côtoient ceux de l'escouade secrète d'intervention RX-W Leopardo ("Bataillon Leopold"… encore une traduction d’anthologie - soupir), de même que les divers écussons de la Ruche Spatiale, sans qu'aucun d’entre eux n'ait été omis (un bel exploit en soi, j’avoue avoir un peu décroché pendant cet arc à part). Plus respectueux encore : la peinture qui "déborde" du côté droit, en écho à l'épisode 2 et au destin tragique du professeur Octave (Fukuochi-Sensei), forcé d’achever son « grand oeuvre » sous les feux croisés de forces ennemies, et d'achever de le peindre avec son sang.

 

Côté accessoires, on retrouve également des répliques fidèles de l'Epée de Justice et du Bouclier de Vérité, qui permettent de personnaliser la figurine à notre guise, ses articulations discrètes lui permettant de prendre les poses héroïques qui nous faisaient rêver dans notre enfance.

On s'y croirait !

 

 

 
Cerise sur le gâteau (si c’est Cerise de Groupama, pourquoi pas ?) : la possibilité, grâce aux accessoires amovibles, de transformer le RX-W Prototype en RX-W Majin Kaizer, avec ses fameuses ailes en mode asymétrique (ou mode furtif) et l'épée dans le dos.

 

 

L'occasion, là encore, de se remémorer un autre moment fort de la série : le duel fratracide qui a opposé, pendant 6 épisodes, Stéphane (Michiru) et Joseph (Natsumi), son frère jumeau, héritier légitime de la couronne- combat aussi déchirant qu’ambigu, remporté de justesse grâce à cette manoeuvre inattendue et au fameux "whirlwind backstab" qui a fait la célébrité de la licence.
 
Même le packaging a été astucieusement pensé afin de permettre une déblisterisation aisée et d’éviter d’abimer cette presque-oeuvre d’art.

 
En somme, malgré les boulons et la tôle : une vraie mécha-madeleine de Proust fourrée aux pépites de nostalgie qui, bien qu'un peu onéreuse (345 euros, quand même... autant dire que je n’étais plus aux frais de douane près !), fera le bonheur des initiés et des collectionneurs - surtout quand on sait qu’il est quasiment impossible de trouver le moindre renseignement sur cette série, que ce soit online ou ailleurs, et qu’elle n’a jamais fait l’objet d’une édition en DVD (on raconte que les masters ont été détruits suite à des conflits d’intérêts entre les auteurs et la maison de production, mais personne à ce jour n’a pu vérifier le bien-fondé de ces rumeurs). Rien d'étonnant, alors, à ce que cette pièce prestigieuse soit déjà en rupture de stock et que les modèles d'occasions se vendent d'ores et déjà entre 650 et 1400 euros.

 

Car quand on aime…

 

 

 

« C’est dans l’infini de l’espace

Valeureux Robot Ailes,

Que tu as choisi de faire face

A toutes les menaces immortelles

Que tu défies, et que tu passes

Au fil de ton épée

Pour que triomphent, de feu, de glace,

 

Le bonheur et la liberté… »