Hideo Kojima, le génial géniteur de la saga Metal Gear Solid, n'en finit plus de faire parler de lui. Connu du monde entier pour sa parfaite maîtrise des codes hollywoodiens, le japonais de 50 ans se lance à l’assaut de nos salles obscures, sur les écrans desquelles il s’apprête à faire ses premiers pas avec une émotion réelle (à mi chemin entre indifférence maussade et indifférence exaltée). Sans surprise, cependant, pour ses fans de la première heure, puisque cela faisait plusieurs semaines que les rumeurs circulaient sur la toile sans susciter ni démenti, ni confirmation de la part d’aucun des partis concernés.

 

Il aura néanmoins fallu attendre hier au soir pour lire Marc Abraham, producteur exécutif du Robocop cuvée 2014, officialiser l’engagement sur le site de l’Internet Movie Data Bank (l’équivalent américain de notre Allo Ciné) : comme annoncé, le célèbre concepteur de jeux intégrera le casting de l’épisode 2, « à condition que le premier atteigne ses objectifs sur le plan financier ».

 

Celui qu’on aurait plutôt attendu au scénario ou à la réalisation y interpréterait l'antagoniste le plus populaire et le plus charismatique de la trilogie d'origine : l'inoubliable drone de combat ED209 qui, bien avant le Joker de Christopher Nolan, aura marqué de son empreinte et de ses miniguns plusieurs générations de cinéphiles. Un rêve de gosse, en somme - quand bien même Kojima aurait-il déclaré, dans une interview donnée récemment au magazine Pusikoluroji, qu'il n'a "jamais rêvé de toute sa vie" et qu’il "n'en voit pas l'intérêt". Ce défi artistique, nombre d’acteurs de renom – qu’on pensait pourtant calibrés pour celui-ci - n'ont pas osé le relever (on parle notamment de Sergi Lopez, de Tcheky Karyo, de Ron Perlman ou encore de Ryan Reynolds), ce qui n'effraie pas pour autant le développeur nippon qui confiait à Pusikoluroji, dans cette même interview, son incapacité à « faire la différence entre la peur et l'ennui profond ».
 
A lui, donc, la lourde charge d'interpréter une machine meurtrière défectueuse, impitoyable, inhumaine et lourdement armée.

 
Un vrai rôle de composition.

Devant mon indifférence un peu inquiète, l'équipe du film m’a assuré que "tout irait bien", qu’il me suffirait juste de "rester naturel" pour coller à l’action, nous raconte-t-il sur un ton monocorde, avant de nous demander de lâcher notre arme, de nous demander de lâcher notre arme, de nous demander de lâcher notre arme, de nous demander de lâcher notre arme.

 

 
Hideo San nous a épaté lors des auditions, explique Abraham aux survivants de notre équipe sur place, y compris au moment où on lui a demandé "de descendre les escaliers, un peu, pour voir". Le fait qu’il n’ait jamais emprunté autre chose que l'ascenseur lui a été extrêmement profitable, en termes de crédibilité de jeu. Dès qu'on l'a vu entrer dans la pièce, on a su que ce serait lui, il avait vraiment quelque chose de l'ED209 dans le regard. Mieux encore : en plus de le rapprocher de son personnage, le fait qu'il ne soit soumis aux impératifs ni de la faim, ni de la soif, ni du sommeil, ni des autres besoins naturels qui empêchent les autres stars de se donner à 100% devrait nous permettre de réaliser des économies conséquentes, que nous aurons à coeur d’injecter dans l’économie locale afin de la faire fructifier.
 
Quelle plus belle revanche, pour l'illustre créatif, que ce tournage à Las Vegas, mythique cité du Nevada qu’il avait quittée plein d’indifférence amère en 2012, après son éviction injuste du casting de Judge Dredd - sous prétexte que sa prestation aurait, soi-disant, été "trop intense, trop brute, trop monolithique pour le rôle ».

Après s'être distingué dans celui, plus intimiste, de Joakim Mogren, protagoniste central de la websérie éponyme, nul doute que Kojima n’aura aucune difficulté à séduire les nababs de la bobine et les rombières de la Côte Ouest. Gageons, par conséquent, qu'il n'a pas dit son dernier "Veuillez lâcher votre arme, vous avez vingt secondes pour obéir".

 

 

Et courons nous mettre à l’abri.