On a coutume de présenter internet comme une vaste cour des miracles, une sorte de no mind''s land où règnerait la loi du plus bruyant ou du plus populaire, mais de récentes études anglo-saxonnes démontrent que la réalité est à l''opposé de ces caricatures, et que les cyber-citoyens s''acheminent lentement, mais sûrement, vers une révolution intellectuelle qui pourrait remettre en cause jusqu''aux fondements de nos cultures modernes... et devrait rendre caduques - à moyen terme, si surprenante que la perspective puisse paraître -, des siècles de réflexion philosophique.

Exit Platon, Diogène ou Aristote. L''ère des Nietzsche, des Kant et des Bergson sera bientôt révolue. Les grands noms de la pensée de demain seront, à n''en pas douter, SasukeloveXXX, UltiMAte_AniHIlator-RelOADEd, Bogossdu93 ou encore Tony Micelli (en référence au protagoniste de Scarface - car l''internaute lambda connaît ses classiques sur le bout des doigts).

 

Comme des milliers d''autres usagers de la grande toile, tous ont en commun une logique naturelle d''un genre nouveau, laquelle pourrait bouleverser bien des certitudes en la matière.

 

« Des certitudes mal placées, sans doute, observe le professeur Marie-Thérèse Poincomme, de l''académie des fiches Bristol.En étudiant le contenu des forums de manière analytique, nous avons remarqué que les intervenants ne s''y conformaient plus aux exigences de la dialectique telle que prônée par les philosophes grecs ».

 

Alors que plusieurs millénaires durant, le schéma argumentatif classique « thèse-antithèse-synthèse » a prédominé, la nouvelle génération a su mettre en avant ses failles, et développer des stratégies de substitution adaptées.

 

« La dialectique était un outil cognitif extrêmement contraignant, inadapté au rythme et aux attentes des sociétés modernes. Aussi était-il nécessaire de la repenser au plus vite, et les usagers d''internet ne s''y sont pas trompé ».

 

Plus facile à dire qu''à faire ?

 

 Pas forcément, comme l''explique le professeur Guérot, de l'académie de cybernétique appliquée des agendas Oxford :

 

 « La solution a toujours été là, sous nos yeux, il ne nous manquait qu''un peu de recul - d''humilité, ai-je envie de dire  - pour l''accepter comme telle. Nos récentes expériences n''ont eu aucun mal à le confirmer - et à plusieurs reprises, d'ailleurs : en sautant conjointement les stades de l''antithèse et de la synthèse, il est possible de passer sans transition de la thèse à la conclusion, en s''épargnant bien des tergiversations inutiles ».

 

Contre toutes attentes, ça marche !

 

 

Dans la quasi-totalité des cas envisagés, le procédé s''accompagne d''un gain de temps non négligeable, doublé d''une réelle économie d''énergie. Une solution facile à mettre en œoeuvre et qui n''a que des avantages, mais à laquelle « il fallait songer ».

 

« Ce n''est cependant pas un hasard s''il a fallu attendre l''avènement d''internet pour que cette solution émerge, précise le professeur Poincomme. Car en étudiant avec attention un panel de quatre mille interventions-témoin, nous avons relevé qu''à la différence de ses prédécesseurs, l''internaute, lui, avait toujours raison ».

 

Une nuance qui pourrait paraître anecdotique, mais qui fait toute la différence.

 

En effet, à quoi bon s''embarrasser d'une antithèse et d''une synthèse lorsqu''on détient la vérité ? Et pourquoi chercher des arguments qui contrediraient les nôtres, alors qu''on sait pertinemment que l''on ne se trompe pas ?

Non seulement la démarche serait vaine, mais elle ne pourrait générer que chaos, confusion et, dans certains cas limites, savon. Ce n''est pas anodin si, pour les experts en théologie, l''enfer est pavé de bonnes intentions.

 

 « Parfois, bien sûr, il arrive que deux thèses d''internautes entrent en contradiction et fassent mutuellement office d''antithèse, mais contre toute attente, il est rare que cela aboutisse à une synthèse - le plus souvent accidentelle. Dans la plupart des cas, le débat se déroule comme suit : exposition de la thèse de l''interlocuteur A > antithèse de l''interlocuteur B > reformulation de la thèse de l''interlocuteur A > reformulation de l''antithèse de l''interlocuteur B > rereformulation de la thèse de l''interlocuteur A, et ainsi de suite jusqu'à ce que lassitude ou clash s''ensuive... Ce qui démontre une réelle cohérence de position chez les individus concernés ».

 

 « L''erreur commise par nos anciens était de vouloir réfléchir, au lieu de se contenter de penser ; complète le Dr Hocq-Topuce, du collège royal des cahiers Super Conquérant, comme si les efforts intellectuels étaient la condition sine qua non d''un raisonnement cohérent alors qu''on le sait tous, on en fait tous l''expérience au quotidien, ces choses-là « viennent toutes seules » - pour reprendre une formulation en vogue dans les milieux autorisés. Pourquoi se contenter d''une prise de position fragilisée par le doute, alors qu''il suffit d'une opinion personnelle bien tranchée pour asseoir les plus inébranlables des convictions ? Ce serait oublier un peu de vite le génie infaillible dont font preuve la plupart des intervenants de forums, et courir le risque d''entraîner des crises existentielles, elles-mêmes pouvant conduire à un déficit de l''estime de soi ».

 

L''autre clé du succès ?

 

La concision.

 

« Ceux qui, jadis, se faisaient appeler « philosophes » avaient une fâcheuse propension à vouloir noyer le poisson, et à dissimuler leur incompétence manifeste derrière de roboratives et jargonantes logorrhées, oubliant en cela que« se ki se pansse bi1 sénonsse clèremant é l'émo pourre le d'ire Harry veut, Thésée ment »... ceci, au point de se perdre dans les circonvolutions de leurs jugements biaisés et de faire du sur-place. Preuve en est qu''en plus de deux mille années de pratique intensive, ils n''ont jamais été capables d''apporter la moindre réponse objective aux questions pourtant fondamentales du Bien, du Mal, du Beau, du Laid, de l'Art, de l''Amour ; et tellement d''autres problèmes encore qui sont chaque jour traités - et résolus ! - en deux lignes sur le web, y compris sur des sites dédiés aux jeux vidéo ».

 

 

Comme beaucoup de ses condisciples, OE-Charlie (pseudonyme), créateur, modérateur et principal contributeur du site d''échanges  « C'est du tout QI », est parfaitement conscient de cet état de fait, qu''il a eu la chance de vivre « de l'intérieur » à de nombreuses reprises - et souvent à sa grande surprise, du reste.

 

« Un jour, je regardais les informations à la télé et là, je me suis dit « la guerre c''est mal ». Pour être sûr de ne pas oublier cette formule-choc, je l''ai postée sur Facebook, comme ça, direct ».

 

Il était loin de se douter que ce statut parmi tant d''autres serait liké par plus de deux mille personnes, et partagé par près de trois cent d''entre elles.

 

 « ça a été la folie. Il y a même eu des retweets. Quelqu''un est allé jusqu'à créer un groupe de discussion « la guerre c'est mal » et ça a fini en apéro géant. Comme je l''ai ensuite dit au poste, je ne contrôlais plus rien et je regrette que cela ait occasionné autant de dégâts matériels, mais d''un autre côté, qu''est-ce qu''une vingtaine de pneus crevés ou de carreaux brisés, quand on a la satisfaction d''avoir ouvert les yeux d''un si grand nombre de gens ? »

 

Imparable.

 

Depuis, l''ami Charlie a maintes fois réitéré ce qu'il n''est pas abusif de considérer comme un exploit, à une époque où l''apathie et l''attentisme règnent en maîtres... démontrant par là-même que quand on est un cerveau, on l'est à plein temps. « L''Art c'est beau mais pas toujours », « le Mal c''est pas bien mais le pire c'est pire », « le sexisme c''est sexiste mais seulement quand ça touche les femmes », « le racisme c''est raciste mais seulement quand ça touche les gens de couleur », « l''homosexualité, c'est pas une tare ; et les hétéros qui disent ça c'est rien que des PD », « les licornes existent pour de vrai, elles occupent des postes importants dans le gouvernement », « les lobby contrôlent le monde, surtout les Illuminatis, les Reptiliens et les agents de Barack Obama qui veulent nous faire croire qu'on a marché sur la lune et que le monde a plus de deux mille ans », « les riches c''est des méchants, alors que les pauvres, s''ils étaient riches, ils seraient gentils parce que c''est des pauvres et donc c''est pas des riches CQFD DTC », « Hollande démission » ou encore « je kiffe les chatons parce qu''ils sont trop mignons » : autant de vérités qui pourraient déranger, mais qu''il n'a pas hésité à partager avec les masses ignorantes, en dépit du danger.

 

Avec succès.

 

Sa page « je mange que des légumes parce qu''ils sont pas vivants alors ils souffrent pas quand je les croque » vient de passer le cap des trente mille adhérents, et sa pétition « grand repas gratuit pour mettre fin à la faim dans le monde » vient d''atteindre la barre des mille signatures nécessaire au lancement du kickstarter.

 

Et le Dr Hocq-Topuce d''expliquer cet engouement :

 

« En défendant des postulats qui sont à la fois accessibles, synthétiques, attractifs et valorisants, déjà bien implantés dans l''inconscient collectif, on se garantit l''adhésion de l''interlocuteur, c''est une simple question de bon sens. D''instinct, celui qui prend la parole sur le net a intégré le théorème dit « de Skouairénikse », qui veut que ce n''est pas au destinataire de s''adapter au discours du locuteur, mais le contraire. De nos jours, en effet, un destinataire qui serait contraint de fournir un effort de compréhension est un destinataire de perdu. Alors qu''un destinataire qui croit comprendre sans peine, parce qu''il partage intuitivement un point de vue similaire, voire identique, s''en sentira valorisé et n''en sera donc que plus enthousiaste ».

 

Mais ce n''est pas tout, comme le souligne le professeur Sleumpe, spécialiste chinois des sciences de l''éducation et maître de conférence au Collège Fu-Fu-Fu  :

 

« Compte tenu du niveau universitaire de l''instruction dispensée en lycées, ainsi que de l''attention soutenue dont sont capables les élèves d''aujourd'hui, les nourrissons d''hier sont paradoxalement devenus l'élite de demain - ou, au plus tard, d''après-demain. Désormais, tous sortent du système scolaire en maîtrisant des rudiments de rhétorique élémentaire, ainsi qu''une poignée de sophismes génériques dont ils ont déjà pu mesurer l''efficacité « en situation ». Car alors que les générations précédentes subissaient l''injustice sans broncher, celles qui leur ont succédées ont appris très tôt à mettre des heures de retenue ou une moyenne désastreuse sur le compte de la discrimination ou du harcèlement sans motif. Quant aux stratagèmes argumentatifs qu''on ne leur a pas inculqués en classe, ces Socrates modernes les acquièrent par mimétisme sur internet, en s''inspirant des pratiques récurrentes chez leurs semblables - dont la formation a été tout aussi solide que la leur ».

 

 

 

C''est que pour faire l''unanimité, une position ne peut pas se contenter d''avoir l''air vraie, il faut aussi qu'elle ait l''air justifiée.

 

« La difficulté, en la matière, tient à la nuance subtile qui sépare l''« être » du « avoir l''air », reprend le Dr Hocq-Topuce. De par sa longueur et sa complexité - synonymes d''ennui et de maux de têtes -, le premier s''avère souvent bien moins convaincant que le second, ce qui nuit à la qualité de l''exposé. Alors qu''à l'inverse, si on soigne l''apparence, il y a peu de probabilités que le lecteur aille au-delà. Symboliquement, ce serait comme chercher à développer une antithèse, ce qui entrerait en contradiction avec son statut d''internaute. Alors qu''en acquiesçant, il se garantit la bienveillance du locuteur - y compris quand, plus tard, les rôles seront inversés. En somme, chacun devient à la fois le garant et le témoin vivant de l''intelligence de l''autre, c'est le fondement implicite de toute communauté ».

 

 

Ce mode de fonctionnement, PiKa-PiKa (pseudonyme), cyber-intellectuel à plein temps en recherche d'emploi, en connaît toutes les arcanes :

 

« La plupart du temps, je me contente d''affirmer sur un ton péremptoire. Il faut être convaincu pour être convaincant, c''est un des principes fondateurs de la psychologie, je l''ai lu dans un livre sur le management. Je pourrais décréter, par exemple, que la qualité artistique d''une œoeuvre ne peut être appréciée que d'un point de vue subjectif, et le tour sera joué. On a tous déjà survolé un jour ou l''autre des articles de vulgarisation qui vont dans ce sens, cela ne manquera pas de faire écho. Personne n''ira remarquer qu''il existe une part d''objectif relevant de la technicité de l'œ'oeuvre ou de la démarche formelle, qui biaisent voire invalident cette assertion. Ni vérifier le contenu du livre, du reste. Vérifier si celui-ci existe, encore moins. Nous sommes sur internet. Ce serait risquer de se mettre le groupe à dos et de générer une situation de conflit. Voire pire : de réflexion. Or personne ici ne veut ça ».

 

Est-ce que de telles méthodes ne sont pas susceptibles d''entraîner des dérives, voire de représenter un danger à brève échéance ?

 

A ce sujet, Charlie n''éprouve pas d''inquiétudes particulières, il a confiance en ses semblables, il sait qu''ils n'interviennent que dans l''intérêt de l''humanité.

 

« Appartenir à une élite n''a rien de gratifiant, contrairement à ce que peuvent croire les esprits trop impressionnables qui n''ont pas la chance d''en faire pas partie. Pour citer les travaux du célèbre Ulrich von Spid-Hermann, « l''intelligence est un grand pouvoir, qui implique de grandes responsabilités ». Nous sommes les dépositaires de vérités que nous nous devons de communiquer au plus grand nombre, un peu comme les prophètes ou les messies de l''ancien temps. Il n''y a rien de narcissique là-dedans, nous ne faisons que notre devoir de citoyens du monde. Mais attention ! Etre conscient qu''on possède une intelligence supérieure, ce n''est pas nécessairement souffrir d''un complexe de supériorité, comme certains contradicteurs le suggèrent quand ils arrivent à cours d''arguments. A partir du moment où on détient la vérité, il ne s''agit jamais que d''un constat dans l''absolu, qui ne saurait être contesté. C''est un fait : nous ne sommes pas tous égaux sur le plan cérébral et ça, on n''y peut rien, il faut l''accepter, ne pas se focaliser là-dessus. Même si je sais que j'ai toujours raison, je suis resté modeste et j'ai beaucoup d''admiration pour les menuisiers, les plombiers ou même les éboueurs qui savent faire des choses qui ne sont pas à ma portée. Je ne suis pas sectaire, j''ai moi-même des amis médiocres. Une différence de QI ne m''a jamais empêché de dialoguer ou de rire avec un interlocuteur, au contraire. C'est très gratifiant pour l''un comme pour l''autre, même si ce n''est pas au même niveau. Chacun y trouve son compte à sa manière ».

 

Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes, alors ?

 

Pas tout à fait, hélas.

 

Car dans tout groupe social, il y aura toujours des brebis galeuses et des empêcheurs de penser en rond, qui se refuseront à jouer le jeu et qui s''entêteront à couper les cheveux en quatre. Cependant il ne s''agit  souvent là que d''une minorité de personnes aigries, jalouse ou passéistes, qui ont les retours qu'elles méritent :

 

« Il y a deux semaines de ça, rapporte Charlie, un peu embarrassé, j''ai été interpellé par un gars qui osait affirmer que non, les chatons ne sont pas mignons, que la mignonitude n''est qu'un concept, une construction symbolique relevant de l'abstraction pure et de l''appréciation personnelle, elle-même construite sur la base de critères culturels préétablis. Ça n''a pas fait un pli : on lui est tous tombé dessus en bloc, avant qu''il n''ait l'indécence de s''en prendre aux licornes ou aux bébés phoques. Parce qu''un chaton, c''est mignon, point barre. Je n''arrive pas à concevoir qu'on puisse oser affirmer le contraire alors qu''on a la vérité vraie sous les yeux. C'est du révisionisme animalier. Ceux qui la pratiquent sont des nazes, voire des nazis. Ils ne méritent pas le respect, leur en témoigner serait criminel ».

 

Un point de vue partagé par son ami Painprenelh (pseudonyme), dont le blog de reposts humoristiques attire chaque mois plus d''un millier de curieux :

 

« C''est de la masturbation intellectuelle, c''est tout. Ça se voit tout de suite, il suffit de compter les mots et le nombre de syllabes. Ce genre de mecs, ça fait des grandes phrases, ça se croit plus malin, tout ça parce que ça a eu son BAC du premier coup et tout, mais au final, c''est que du vent. C''est comme les philosophes. C''était des boloss, les philosophes, tous les gens intelligents ils savent ça. C''est même pas une science, pas comme la sociologie, la psychologie ou l''histoire, c'est rien que de la subjectivité. De toute façon, les études, ça a rien à voir avec l''intelligence. Moi, tu vois, j''en ai pas fait, ça m''empêche pas d'avoir un gros salaire quand même. Parce qu''on peut très bien ne pas être bon en orthographe et être un génie en dedans, ça arrive fréquemment. La preuve : tous mes amis sont comme ça. Et ils disent bien que je suis comme ça aussi, et comme c''est des génies, ils peuvent pas se tromper. C''est bien la preuve que c''est la preuve ».

 

 

« L''attitude de tels moutons noirs suffit à les discréditer, ajoute Charlie, avec une tristesse dans la voix qui en dit objectivement long sur sa valeur humaine. Quelle que soit la patience dont on fait preuve à leur égard, ça n'y coupe pas, ils finissent toujours par devenir grossiers ou méprisants, pour se donner une contenance. Rien que mardi dernier, alors que j''avais pris la peine de réécrire ma position quatre fois de suite en des termes différents, tout en ignorant poliment celle de mon interlocuteur - dont la bêtise était évidente, puisque ce n''était pas la mienne -, ce dernier n''a non seulement pas été capable d''entendre mes vérités, mais il s''en est également pris à moi avec violence sous prétexte que je ne l''avais pas lu , ou que je n''avais pas pris en compte son discours dans l''élaboration du mien. Non mais allo, quoi, j''ai envie de dire - si on me permet cette boutade. C''est le monde à l''envers. Depuis quand celui qui détient la vérité devrait-il faire cas de l''opinion de celui qui ne la détient pas ? Au contraire, c''est rendre service à son prochain que de passer outre ses erreurs et les lui corriger ».

  

A ses côtés, la sémillante DB.Jameson (pseudonyme), première dauphine au concours de Miss Fibre Optique 2014, papillonne des cils avec candeur, rougit un peu puis acquiesce, sur un ton adorable qui met bien en avant tant sa douceur que l''innocence de sa fragile féminité :

 

« Une fois, je me souviens, j''ai eu la politesse d''avertir un internaute que je commentais son article sans l''avoir lu. Mal m''en a pris ! Celui-ci a vu rouge et m''a psychologiquement violenté devant tout le monde, alors que j''aurais pu faire comme tant d''autres et commenter à côté de la plaque sans lui donner d''explication. C''est à vous dégoûter de l''honnêteté ».

 

Et d''ajouter, amère :

 

« J'ai eu beaucoup de déconvenues, c''est sûr. Des gens qui refusaient de se ranger à mon avis une fois celui-ci exprimé, et qui allaient jusqu''à me contredire. Dans ce cas de figure, j''ai appris à couper court, car il est évident qu''aucune discussion n''est possible. Heureusement que je peux compter sur mes amis garçons pour prendre ma défense. Je suis tellement fragile et tellement innocente que je suis une proie facile pour les pervers narcissiques qui sillonnent la toile afin de s''en prendre aux faibles femmes comme moi ».

 

« Il y a un vrai problème de comportement chez ces individus, renchérit PiKa-PiKa, tout en lui donnant discrètement son numéro de téléphone. Il suffit qu''on ignore ce qu''ils nomment naïvement leurs « arguments » (il rit à gorge déployée), qu''on qualifie leurs propos d''idiots ou qu''on les tourne gentiment en ridicule et tout de suite, ils prennent la chose comme une attaque personnelle, au point d''en oublier la politesse qui devrait régir tout échange - sur le net autant qu''en bonne société. Tout ça parce que, soi-disant « on ne démontrerait rien, on se contenterait d''affirmer », comme si c''était une tare ou un problème. Après quoi ils se plaignent parce qu''on les traite comme ils nous traitent, alors qu''on en a légitimement le droit dans la mesure où nous, on a raison. Si j''en crois mon expérience personnelle, ces individus se caractérisent par des personnalités immatures aux egos boursouflés. Il n''y a rien à tirer de ces types-là ».

 

« Ouais, carrément. Ces mecs c''est des cassos, complète Painprenelh.

 

Un jugement sans appel qui ne saurait souffrir ni antithèse, ni synthèse.

 

 

 

« Sinon c''est que t''es un cassos, toi aussi ».

 

A l''heure actuelle, on dénombre plus de deux milliards d''internautes en activité qui détiendraient partie ou totalité de la vérité. Moins d''un centième sont capables de rédiger une phrase sans fautes d''orthographe.