Le Japon, c'est fait ! La Chine, c'est fait ! Mais non, mesdames/mesdemoiselles/messieurs, le continent asiatique ne s'arrête pas à ces deux pays, loin de là. Hier nous terminions notre passage en Chine sur la Route de la Soie, il est donc tout à fait naturel qu'aujourd'hui on se retrouve en...

 

ESCALE n°3 : LA PERSE ET L'ARABIE


La Perse, pays aujourd'hui disparu mais qui fut l'un des grands empires du début de l'ère "moderne", grosso merdo entre 600 avant J-C et 600 après. Les fondements de l'empire persan correspondent aujourd'hui à l'Iran (dont j'ai mis un vieux drapeau du XVIIe siècle, à l'époque où le pays s'appelait justement encore Perse, j'ai pas trouvé mieux), mais son apogée englobe tout le sud-ouest asiatique, depuis l'extrême ouest de la Chine jusqu'à l'actuel Israel et même la Turquie, ainsi que l'est de la péninsule arabique où sont aujourd'hui planqués les différents émirats.

BREF, si on y ajoute soi-même l'Arabie Saoudite, ça nous donne une zone comprenant tous les pays arabes du Moyen-Orient, et c'est là que je veux en venir. Parce qu'en terme d'identité culturelle et musicale, pardon mais ça se pose là. Le monde arabe est lui aussi âgé, blindé de traditions et de sonorités typiques et ultra-reconnaissables.

Et puis, dans notre subconscient, y'a toujours ce côté charmeur de serpent, le marché Agrabah style, les 1001 nuits... Tous ces contes qui ont fait rêver tous les enfants et les plus grands aussi.

8 Eyes, jeu de NES, pose ici l'ambiance avec le thème "Arabia"

Les gammes arabes sont très particulières et très marquées. Y'a ces petits tremolos, ces allers-retours sur le demi-ton supérieur très rapides, aujourd'hui utilisés à bloc par les chanteurs de raï, pour vous donner un (mauvais ?) exemple. Je ne m'y connais pas assez en théorie pour vous faire un cours magistral, mais elles inspirent le mystère, un peu l'aventure aussi.
Et dans des registres plus simples et plus épurés, on s'émerveille sur une musique qui invite à la découverte d'un palais sultanique, ou d'une oasis

La place de Prince Of Persia dans cet article était inévitable, ici avec la musique du menu.

Instrumentalement parlant, les rythmiques très distinctives sont le plus souvent jouées par des darboukas, sortes de petits djembés en métal (à l'époque c'était en terre cuite, mais la terre cuite, ça casse...), apportant des frappes aiguës et sèches. On trouve également du oud (équivalent arabe du luth, merci à Kaamelott de nous l'avoir rappelé), le nay (équivalent de la flûte) ou encore le qanun.

Illustration parfaite de quelques-uns de ces instruments grâce à la "Desert Town" de Crash Bandicoot 3

On peut aussi mélanger tout ça à des sonorités classiques européennes. Ce qui se fait d'autant plus dans les jeux vidéos que de nos jours, le contexte militaire tendu entre Etats-Unis et Moyen-Orient permet aux développeurs de sortir des jeux de shoot ou de stratégie à foison, ayant pour décor l'ancien empire persan entre autres.

On prend des sonorités orientales, du classique européen et une guitare électrique avec des effets funky, et on se retrouve avec le "MEC Loading Theme" de Battlefield 2

Je le disais en intro de cette escale, l'empire persan s'étendait, fut un temps, jusqu'à l'actuelle Turquie, et même jusqu'au sud de la Bulgarie en poussant un peu. D'ailleurs, d'un point de vue strictement géographique, la Turquie est à 98% en Asie, seuls la moitié de la ville d'Istanbul + une petite parcelle de terre sont en Europe, les deux continents étant séparés par le détroit des Dardanelles. Et ce ne sont pas le foot et les demandes d'adhésions à l'Union Européenne qui pourront faire bouger les mers, hein ?

Bref, Istanbul, ou Bysance, ou Constantinople (peu importe là en fait) fut une ville persane, et se décline elle aussi dans les jeux vidéos au travers d'une musique orientale savamment composée.

L'oeuvre de Jesper Kyd pour Hitman 2, avec "20 dreams of Istanbul"

 

Mais le jeu vidéo fait tout de même plus souvent référence aux récits mythologiques, ainsi la Perse devient une terre de tous les dangers où les sorciers, les génies, les voleurs et les cracheurs de feu arpentent le désert dans l'espoir de casser de l'aspirant sultan, ou du gros bourgeois qui bouffe comme 1000. On tombe ainsi dans des ambiances nettement plus sombres et angoissantes.

Dans Eternal Darkness : Sanity's Requiem, au son de "The Gift of Forever", le joueur incarne Karim, un jeune noble persan amoureux d'une certaine Chandra. En échange de son amour, elle souhaite qu'il aille lui chercher un joyau dans le désert. Dans une crypte remplie de zombies et de pièges antiques, ça va de soi.


Ouais, il faut croire que le monde arabe dans les jeux vidéos, c'est tout ça à la fois. Chaque légende et chaque situation possède, en toute logique, un thème musical qui lui est propre, ici encore très porté sur le folklore et les sonorités locales.

Et demain, ce sera tout aussi flagrant. Où ira-t-on, d'après vous ? Allez, courage, il ne reste plus que 2 destinations !