Nom : Metal Gear Solid
Année de sortie : 1999 (1998 au Japon)
Support : PlayStation
Genre : Action / Infiltration
Editeur : Konami
Développeur : Konami

Compositeur de la musique : Enormément de monde...
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ATTENTION : cet article peut contenir des traces (mineures) de spoil.

Alors qu'il est pourtant le troisième jeu de la série des Metal Gear (après ceux de 1987 et de 1990), Metal Gear Solid s'inscrit dans l'inconscient vidéoludique comme le premier. C'est fort de l'immense succès de cet opus que la saga prend une ampleur gigantesque, Hideo Kojima se concentrant par ailleurs sur le bon déroulement de ses suites, jusqu'à MGS 5, prévu pour cette année.

Le jeu se déroule sur l'île imaginaire de Shadow Moses, situé sur l'archipel Fox, en Alaska (qui est lui bien réel, et abrite réellement des installations nucléaires américaines). L'unité FoxHound, possédant des soldats génômes, se rebelle et menace le gouvernement américain de leur lancer un missile nucléaire dans la face. Forcément, le Pentagone envoie un super agent d'élite sur place pour tenter de neutraliser l'affaire : Solid Snake.

Metal Gear Solid ne doit pas son statut de jeu culte au hasard. Au-delà d'un gameplay super bien pensé qui brise parfois le quatrième mur, ce qui marque le plus dans MGS, ce sont... les personnages. Bien au-delà du simple scénario et des histoires de guerre nucléaire, l'identité des personnages est si bien travaillée qu'elle les fait rayonner, chacun ayant son propre passé, sa propre personnalité tordue. C'est comme ça que Psycho Mantis, par exemple, est entré dans le cercle des meilleurs méchants de l'Histoire du Jeu Vidéo.

Le personnage principal de Solid Snake n'est pas en reste. Soldat d'élite pur, dur et insensible, il n'en demeure pas moins humain, et sa personnalité évolue avec le jeu, au fur et à mesure des séquences, montrant, comme pour plusieurs protagonistes, et de manière métaphorique, un serpent en pleine mue.

Et la bande originale de Metal Gear Solid, riche de 21 pistes, appuye à merveille la profondeur de ces personnages. Au-delà des traditionnelles musiques de niveau, d'infiltration et d'évasion, on trouve dans cette BO de quoi comprendre plus en finesse leur psychologie. Bien vu de la part des auteurs.

 

CHOIX N°1 : ENCLOSURE

Au cours de sa mission, Snake est amené à tuer beaucoup de monde dans les rangs de FoxHound, évidemment. Parmi ces morts, Sniper Wolf est celle ayant le plus d'empathie pour son bourreau, et de recul vis-à-vis de la mission terroriste. Elle nourrissait une fascination pour ses cibles puis les liquidait, de loin. La scène de sa mort dans la neige au son de cette musique, bénissant Solid Snake, permet de comprendre ses regrets, son admiration, sa délivrance aussi. "Enclosure" est, en quelque sorte, un requiem heureux pour un personnage à l'âme blessée, une rédemption sur un lit de mort.

CHOIX N°2 : THE BEST IS YET TO COME

"The best is yet to come", thème du générique du fin, est chantée en gaélique par l'irlandaise Aoife Ni Fherreigh. On réentend cette chanson dans MGS4 lorsque Solid Snake retourne à l'héliport de Shadow Moses.
Mais surtout, la première minute de ce morceau est régulièrement jouée à des moments-clés du scénario, souvent lors de communications par codec, lorsque Snake apprend une information bouleversante (un décès, le passé douleureux et inavouable de l'un de ses contacts, etc...). Isolée, cette première minute est froide mais véhicule des émotions. A l'image de Solid Snake, un mental de fer mais un coeur touché et meurtri par la guerre. On peut sentir la désolation de Snake dans ces notes.
La suite est, elle, plus heureuse et plus légère. Je vais essayer de ne pas raconter la fin, mais la musique, épaulée par son titre, raconte que le meilleur reste à venir, et qu'un avenir radieux est possible, même pour le plus strict des agents d'élite, terminant ainsi la mue que le serpent entreprend au long de l'histoire.

CHOIX N°3 : MANTIS' HYMN

 

Psycho Mantis... Je nourris une certaine fascination pour ce personnage depuis ma rencontre avec lui dans le jeu. Il est clairement l'antagoniste le plus flippant de tous, et psychologiquement le plus profondément dérangé. Portant un masque à gaz, il contrôle les esprits pour leur soutirer des informations, les manipuler, ou les rendre dingue. Sa complète folie est accentuée par un doublage français aux petits oignons (contrairement à d'autres personnages qui ont été, eux, complètement ratés sur ce point), d'une voix qui berce le joueur pour mieux le faire pénétrer dans la folie avec Mantis.

Son "hymne" est aussi torturé que lui. Toutes les notes résonnent à l'extrême et évoquent la douleur, la solitude, le vide... Un hymne du mal et de la perte de l'esprit.

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Voilà. Bien au-delà de l'infiltration et du background de la menace d'une guerre nucléaire, Metal Gear Solid, c'est la construction, la déconstruction et la reconstrution d'une pléiade de personnages aux personnalités abouties et complexes. Même le moins humain des ennemis raconte, grâce à sa musique entre autres, une histoire à couper le souffle.

Donc, preuve en est : MGS est un grand jeu. Un très grand.