Lorsqu'on songe à un party-game loufoque et original, on pense souvent à la saga de Nintendo : Wario Ware. Néanmoins, avant l'apparition du premier Wario Ware, Wario Ware Inc. en 2003, une saga très japonaise dans l'âme essuyait déjà les plâtres du mini-jeu très court et très idiot. Bishi Bashi, c'est un peu le party-game dans l'ombre de Wario Ware, des défauts certes mais du potentiel et une aura de pionnier.

 

 

 

 

Des jeux idiots

Bishi Bashi se caractérise par la bêtise des situations mises en scène, ludiquement parlant. On retrouve ce trait dans la saga Wario Ware. Il s'agit de jeux dont le principe même, le challenge proposé, n'a rien de glorieux, d'héroïque voire de cohérent. Le plus souvent, les défis s'appuient sur une réalité du quotidien, atrocement banale.

Là où Wario Ware proposait d'essuyer des fesses de vaches, Bishi Bashi impose par exemple au joueur de vider le plus rapidement possible un crayon critérium ou d'écraser des cafards avec une pantoufle. Des situations ordinaires qui font rire par le fait même qu'elles s'insèrent dans un jeu vidéo et qu'on les transforment en défi alors qu'il s'agit d'acte dénué de « motivation sportive ».

Parfois, les jeux ne se contentent pas de transposer des réalités du quotidien mais les distordent pour conduire la réalité vers le loufoque, le grotesque. C'est par exemple le cas lorsque le joueur, incarnant un salary-man, devra traverser une rue en esquivant des tonneaux voire des chats particulièrement agressifs.

Une esthétique du bricolage ou l'école Gondry

C'est vrai que l'on pense désormais à Michel Gondry lorsque l'on cherche un nom pour caractériser une esthétique du bricolage. L'idée de faire croire, d'illusionner, avec peu.  L'anti-Hollywood aux effets numériques gargantuesques. Gondry dans La Science des rêves ou Soyez sympas, rembobinez ! imagine des stratagèmes à base de rouleaux de papier toilette ou de guirlandes. Le jeu vidéo, pourtant art du virtuel, n' a pas à rougir.

La Science des rêves, de Michel Gondry

Un mini-jeu incarne parfaitement cette esthétique si singulière, un jeu où il s'agit de s'évader d'un camp de prisonnier en passant derrière un garde mais en veillant à s'arrêter lorsque ce dernier se retourne. Un .gif un peu ridicule illustre le gardien, tout comme les prisonniers. Des images figées, à peine animées à certains moments. Le décors n'en est pas moins sommaire. Au lieu d'une modélisation classique en 3D dimensions, ou une 2D léchée, les développeurs préfèrent une compilation grossière de matériaux limités. La chose a plus de charme et cette contrainte nourrit la créativité.

Des couleurs plus que des directions

Alors que de nombreux mini-jeux, issus des party-game, jouent sur des réflexes directionnels, ici la singularité de Bishi Bashi est de jouer non pas sur des flèches directionnelles mais sur des couleurs à mémoriser.

Un mini-jeu propose de tirer sur des bandits apparaissant à des fenêtres d'un immeuble. Seulement, point de viser/tirer, ou de boutons de direction, ici seul compte la couleur du brigand. Chaque couleur correspondant à un bouton de la manette.

Bishi Bashi

Mention

Conclusion

Bishi Bashi n'est pas un grand jeu et vaut plus pour son aspect historique que sa valeur actuelle. En effet, quelques années avant le premier Wario Ware, Bishi Bashi proposait déjà une sorte de brouillon du party-game aux idées crétines, émanation d'un quotidien rendu ludique, et d'une esthétique bricolée. Wario Ware fera mieux mais Bishi Bashi, d'une certaine manière, posa les fondations de cette philosophie du jeu quelques temps plus tôt. Ce n'est pas rien d'être un précurseur.

 

L'article d'origine : https://levelfive.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=233:chronique-bishi-bashi-ps1&catid=56:ps1&Itemid=28

Suivez-nous sur Twitter : https://twitter.com/#!/alfouxlf

Rejoignez-nous sur Facebook : https://www.facebook.com/pages/Levelfivefr-Chroniques-vid%C3%A9oludiques/121393444645752