ZOG's Nightmare est un First Person Shooter amateur développé par Jim Ramm sans doute créé grâce au logiciel FPS Creator. C'est donc un festival de bogues : ennemis qui traversent les portes, sont bloqués dans des murs et dont les membres sont « passe-murailles ».

Jim Ramm (faisant le discours)

 

 

 

Par où commencer ? Tout d'abord, il n'y a pas de scénario. Le joueur débarque sans préavis dans une carte au level design sommaire. Carrée, murée aux abords, avec un bâtiment au milieu. Des cabanons inaccessibles, des véhicules et des bennes sont disséminés un peu partout sans avoir d'autre fonction que décorer ce quasi désert. Pas le temps de comprendre la mission, prends le M16, les 25 mille balles qui vont avec, les 300 points de vie et extermine ZOG. ZOG est l'abréviation anglaise de « Zionist Occupation Government », une théorie du complot antisémite selon laquelle le gouvernement serait en fait contrôlé par les Juifs.

Avec tous ces points de vie et toutes ces munitions, le jeu a l'air facile. Seulement, au premier ennemi rencontré, on comprend que la tâche ne sera pas simple. Après une quinzaine de headshots, l'ennemi affiche une forme insultante. C'est en déchargeant plusieurs centaines de balles qu'on arrivera à terrasser le soldat. Le jeu pousse à rentrer dans une sorte de furie meurtrière en usant d'un tel procéder.

Sinon, au fil de l'aventure, il est possible de zoomer un peu partout avec la lunette du M16. Le joueur découvrira ainsi des centaines d'images .jpeg collées sur les murs du jeu. On oscille de la svastika retro en noir et blanc à la svastika flower power sur fond turquoise, sans oublier les photos de nazis bien coiffés. Parfois, des vidéos coupent le jeu en pleine partie. On y voit des nationaux-socialistes américains faire des discours en parlant fort et en insistant sur les mots « Bush », « Israël » et « Jews ». Hitler fait également son apparition à plusieurs reprises.

Ces vidéos de propagande ont un air de Command & Conquer & Exterminate. Tous ces gens costumés qui font de la politique guerrière, c'est un classique vidéo-ludique.

Kane de la série Command and Conquer

Les niveaux suivants introduisent de nouveaux ennemis furieux dont « Nig » et « Abominous ». Nig est un cousin éloigné de Michael Jackson et Abominous se caractérise d'abord par sa modélisation abominable. Au début ils ont des Uzi, puis des MP40, des Thompson, et enfin des lance-roquettes qu'on récupère sur leurs cadavres.

Bien que les ennemis encaissent des centaines de balles avant de flancher, la progression n'est pas difficile et ce ne sont pas les 300 points de vie dont on dispose qui vont la compliquer.

Le gameplay est assez pauvre, dans le sens où c'est un FPS basique aux mécanismes standardisés. Les tirs ne sont pas réalistes, les skins des armes ont l'air piqués au premier Medal of Honor mais les giclées de sang derrière les cibles humaines sont gratifiantes.


Avec ses six niveaux, ZOG se termine en quelques heures. Ce qui permet de le finir sans se prendre la tête, c'est la musique. Du rock nazi. C'est nerveux, haineux, parfois folk. L'alternance des musiques constitue le seul point positif de ZOG.


A l'exception du premier niveau, les cinq autres se déroulent en intérieur, dans des bâtiments immenses, avec beaucoup de pièces à explorer, construits comme des labyrinthes à la manière de Wolfenstein 3D. Le problème réside dans le manque de distinction entre les différentes parties du labyrinthe. Tout se ressemble et on ne sait jamais où l'on est exactement, ni ce qu'il reste à explorer, occasionnant d'innombrables allers-retours infructueux. En effet, les niveaux doivent être explorés de A à Z, à 100%, de fond en comble, puisque pour passer au suivant, votre gâchette aura dû venir à bout du dernier des esclaves de ZOG. Un objectif renvoyant, bien évidemment, à l'idéal nazi de la solution finale.

Le cinquième niveau est composé d'une unique et microscopique texture : une étoile noire de David, répétée à l'infini sur les murs, les sols et les plafonds, et même les ennemis. L'ambiance TRONesque est vraiment réussie, au détail près que ça esquinte les yeux sévèrement.

Le sixième et dernier niveau donne quelques explications sur le scénario. Pas de texte, ni de dialogue, ni de cinématique informative. Il appartient au joueur de faire fonctionner ses neurones. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ZOG est bien un jeu qui fait réfléchir. Des squelettes sur des chaises électriques, un laboratoire ultra-secret au fin fond d'un bunker, et un certain Dr KIKENSTEIN. La parenté avec Wolfenstein 3D paraît maintenant évidente.

Wolfenstein 3D

Au fond, ZOG est l'exact opposé de Wolfenstein 3D, sa réflexion dans un miroir. Au lieu de déjouer un complot nazi et de mettre un terme aux expériences inhumaines dont sont auteurs les savants fous du Reich, ZOG retourne la situation en faveur de l'anti-sionisme, avec son guerrier nazi qui combat le complot juif et achève sa mission en supprimant l'abominable Dr KIKENSTEIN. WOLFENSTEIN. Le parallèle est net.

Le jeu fini, un certificat vient congratuler le sauveur du parti néo-nazi américain et encourage à continuer la lutte contre quoi vous savez.

Le certificat final

Dernier accès d'humour national-socialiste, voici la fenêtre du programme de désinstallation:

"Zog's Nightmare has been successfully removed from your hard drive jewboy"

L'article d'origine : https://levelfive.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=184:chronique-zogs-nightmare-pc&catid=40:pc&Itemid=28

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