Retro Game Challenge sur Nintendo DS a été un grand succès au Japon.  Simple, net, précis. Les développeurs d'Indies Zero réussirent à nous proposer avec un habillage sobre mais efficace un jeu incroyablement addictif, jouant sur la nostalgique sans tomber dans la facilité. Des souvenirs nobles d'une certaine façon.

 

 

 

 

 

 

 

 

I) La nostalgie du numérique

 

Faire revivre le passé

 

 

Ce qui enthousiasme lorsque l'on joue à Retro Game Challenge, c'est son ambiance. Dès les premières secondes de jeu, on se retrouve des années en arrière, en pleine enfance, quand gamin on engloutissait les jeux comme on avale des cookies. La nostalgie avant tout, voilà le maître mot de ce soft atypique. Entraîné par cette ambiance, on se remémore quelques bons souvenirs liés à la pratique des jeux vidéo durant notre enfance. Des parties endiablées de Bubble Bobble avec son frère aux sueurs froides éprouvées en jouant à Rick and Dangerous.

 

Retro Game Challenge prend un malin plaisir à reconstituer de vrais/faux magazines de jeux vidéo avec guides stratégiques et autres solutions à l'intérieur. Des interviews de développeurs, le courrier des lecteurs, le plan des niveaux avec dévoilements des secrets. C'est tout cela que le jeu fait revivre. Une passion décrite et construite par des passionnés pour des passionnés. Une véritable résurrection de ces petits riens qui peuvent prêter à rire et qui pourtant font le charme du jeu vidéo d'antan. Un charme un poil perdu depuis avec le professionnalisme de certains journaux et l'industrialisation, plus généralement, de ce média.

 

Fouiller dans son propre passé

 

 

Un des jeux de Retro Game Challenge

 

Après quelques parties, je me suis prêté au jeu. J'ai moi aussi fouillé dans mes cartons après avoir décortiqué les faux guides du soft. C'est dans ces cartons poussiéreux que j'ai pu retrouver quelques merveilles. De vieux numéros de Club Nintendo (91, 92...), d'X64, de Gen4, un guide des jeux officiels de la Game Boy et j'en passe. Les pages ont un peu jauni mais le plaisir reste intact. J'ai noté quelques perles que je m'empresse de vous faire partager. Des perles que l'on retrouvera, fictives cette fois-ci, dans les faux magazines du jeu.

 

Dans un Club Nintendo de 91, on pouvait lire des profils de joueurs qui valaient le détour. Premier exemple, Gyaltero Sanmartin, espagnol, nous dit qu'il a terminé Super Mario Land avec 999 999 points et la quatrième mission de DD. Werner Methe, autrichien, nous raconte lui que son ambition est de terminer SMB3. Jeroen Ymkers parle également de ses envies, « Devenir un gardien de but aussi bon que Hans Van Breukelen ». La section « Boîte aux Lettres » avec son courrier des lecteurs contenait elle aussi quelques touchantes confessions d'enfants comme celle de Gérard Zaire de Gonesse qui nous dit « Jouer à Nintendo me détend énormément ; mais ma femme et ma nièce me critiquaient quand je jouais toute la journée. J'ai réussi à leur expliquer le but du jeu et alors là, il fallait voir le délire ! Avec Mario Bros, elles se levaient à chaque bond que Mario effectuait au-dessus des gouffres. Elles ont plus d'une fois arraché la console de son emplacement en voulant courir à gauche ou à droite quand un danger arrivait sur Mario ».

 

Le charme de ces vieux magazines c'est aussi leurs publicités. Toujours imaginatives et souvent drôles. La mise en page, l'explosion des couleurs, l'écriture un peu bancal mais sentant la passion. C'est ces petits riens que Retro Game Challenge nous fait revivre par le déblocage progressif de guides stratégiques ou de magazines. La minutie de la reproduction est impressionnante, du courrier des lecteurs aux illustrations des prochains jeux, rien n'est oublié.

 

II) Une idée géniale

 

Se dépasser, toujours se dépasser

 

 


 

Cet opus joue essentiellement sur la fibre nostalgique des amoureux de l'ère 8 bits. Au total, le joueur pourra s'essayer à une dizaine de jeux. Des copies rappelant des grands classiques du shoot them up, de la course ou de la plateforme de cette époque. Pour chaque jeu, on devra accomplir une série de missions afin de débloquer le jeu suivant, pour ce qui est du mode principal. Il faudra ainsi « Faire 25 000 points », « Battre le boss de l'arène 2 » ou encore « Faire un démarrage avec le boost ». Des challenges accessibles mais qui nécessitent de s'y reprendre à plusieurs reprises, à élaborer des stratégies.

 

C'est ce dépassement de soi, typique des jeux vidéo de cette époque, que Retro Game Challenge veut faire revivre. Une combattivité acharnée où la progression est synonyme d'entraînement, de mémorisation voire d'astuces. Un plaisir qui tend à disparaître, même si les jeux sur Iphone ou Android ressuscitent depuis quelques années la fibre du scoring motivé, avec les codes actuels de nombreux jeux : checkpoints, continus infinis...On y gagne en confort autant qu'on y perd en plaisir sadique.

 

Une émission déjà culte

 

 

 

 

Shinya Arino, un célèbre comédien au Japon, fait office de « maître des jeux » dans Retro Game Challenge. C'est donc lui qui vous propose tous les challenges à accomplir pour débloquer un nouveau jeu et donc de nouveaux défis.

 

Pour ceux qui ne le savent pas, Retro Game Challenge s'inspire d'une émission japonaise s'appelant Game Center CX (en anglais), ou Retro Game Master si on se fie au nom donné par le site kotaku qui se propose de diffuser, en saisons, les épisodes avec une voix-off anglaise. Dans cette émission, Arino, le maître des jeux du soft, cherche à terminer quelques vieux jeux (Nes, Megadrive...). Il est impressionnant de voir cet homme d'une quarantaine d'années, pas forcément un excellent joueur, conserver son calme devant des difficultés extrêmes. Pas de cri ou de manette jetée, rien que de la persévérance et du calme pour venir à bout des jeux les plus difficiles.

 

Suivre Arino, la tension dramatique qui accompagne les défis qu'il relève, est une expérience jouissive. Il faut le voir souffrir des doigts, des muscles des bras et se mettre à tout va des compresses ou discuter avec son équipe pour établir des stratégies infernales. A noter que les émissions originales, contrairement à ce que propose kotaku, comprennent en plus du défi principal de nombreux reportages et rétrospectives sur des consoles ou éditeurs. Des émissions comme on aimerait en voir plus souvent...en France.

 

III) Comme à la maison

 

Des dialogues qui fusent

 

Dernier élément fort de Retro Game Challenge, participant une fois de plus à la nostalgie que procure le soft : les dialogues entre les deux protagonistes. Dès que l'on joue à un petit jeu pour relever un défi ou battre son propre score, sur l'écran du bas de la Nintendo DS on aperçoit deux enfants autour d'une Famicom. Ça jacte, ça vanne, ça encourage dans tous les sens. On se croirait revenu au temps des mercredis après-midi, des week-ends et des vacances d'été lorsqu'on s'empressait d'aller voir un copain pour jouer avec lui ou pour qu'il vous montre son dernier achat.

 

Les deux enfants parlent également entre deux challenges ou peuvent même discuter à tout moment, si on le souhaite, en cliquant sur le bouton approprié. Drôles et évoquant forcément bien des souvenirs, ces petits moments sont de vrais régals. J'ai relevé à ce sujet quelques perles que je vous propose : « Hier je me suis encore énervé j'ai jeté ma manette par terre. Tu sais ce que c'est, hein ?/Non/Quoi ? Tu ne jettes pas tes manettes, t'es pas un vrai gamer alors. », ou encore, « J'ai vu le champion de (je ne me souviens plus du jeu) hier, je m'attendais à voir un grand type surprenant, une sorte de héros, il était tout ce qu'il y a de plus banal. J'étais déçu ». On ne peut s'empêcher de rire ou de sourire devant une telle mauvaise foi ou douce naïveté.

 

Mention

 

 

Commentaire :

 

Retro Game Challenge est un jeu qui joue sur la nostalgie et donc ne plaira pas à tout le monde, surtout aux plus jeunes qui n'auront pas le vécu nécessaire pour apprécier l'univers du soft, mais qu'importe c'est un peu comme cette madeleine chez Proust qui, rien que par son odeur et le climat de la dégustation, renvoie le narrateur à des souvenirs lointains mais paradoxalement encore vivaces. De tels plaisirs, ça ne se refuse pas.

L'article d'origine : https://levelfive.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=157:chronique-retro-game-challenge-ds&catid=30:ds&Itemid=28

Suivez-nous sur Twitter : https://twitter.com/#!/alfouxlf