Tekken reste dans les mémoires de beaucoup de joueurs pour la qualité de ses graphismes, à l'époque, son fun (à l'époque aussi) et sa tentative de scénarisation. Fini les jeux de baston où l'on enchaîne les stages comme on s'empiffre de cookies un dimanche après-midi pluvieux, place à l'aventure, l'histoire avec un grand H. Il y eut donc une tentative, forcément maladroite et pas toujours au premier degré d'ailleurs (enfin j'espère), de donner du corps à un tournoi de tatanes bas du front. Le film Tekken reste assez fidèle à l'histoire originelle pour nous proposer un produit qui oscille en permanence entre le navet et le nanar.

"On va s'marrer"

 


 

Le flashback incessant

Souvent, pour émouvoir à moindre frais la ménagère, on met en scène un traumatisme. Le héros, bing, se prend un coup dur dès le début du film. Même pas cinq minutes que ça commence et voilà que sa chère maman se fait dynamiter sévère par un gang de crypto-fascistes. Forcément, on est ému. Surtout que l'acteur y met du sien, et puis la postproduction aussi en travaillant jusqu'à l'excès, comme une vieille pute sur le départ, l'image filmée.

Acteur studio en plein boulot

La photo dans la malle qui n'a pas brûlée, le visage serré, les dents qui se contractent, petite larmiche (mais pas trop non plus) et surtout, car cette enfilade de poncifs mièvres ne peut pas s'arrêter là, surtout les flashbacks. Incessants. Durant tout le film, pourtant pas bien long, le spectateur subira ces innombrables retours en arrière, forcément laborieux, qui feraient passer un épisode des Feux de l'amour pour une tragédie de Shakespeare.

La photo encore intacte malgré l'incendie

Là encore, cliché, on retrouve la mère élevant seule (ça fait chialer) son enfant. Mère seule, donc forte, elle entraîne son marmot à la tatane. Tel un vieux sage, elle lui apprend à bien cogner tout en lui susurrant, entre deux grosses gouttes de sueur et une respiration chaotique, à l'oreille quelques précieux conseils zen comme seul Steven Seagal sait en faire. Il faut avoir le cœur bien accroché pour supporter ces petits pas de côté qui n'ont pour seule utilité que de combler un film qui peine déjà à atteindre une heure et demie.

Flashback 1

Flashback 2

Des combattants poussifs

C'est vrai que Tekken ne propose pas des personnages très marquants. Contrairement à un Dead or Alive qui n'hésite pas à aller dans la démesure, ou la bouffonnerie c'est selon, notre brave licence adaptée elle joue la sûreté. Une telle position entraîne forcément l'ennui. Un Brésilien qui fait de la capoeira, un Noir boxeur, un Asiatique karatéka (ou un truc qui s'en rapproche). On peut dire que le jeu, et donc le film, ne brille pas par son originalité.

Du coup, rare sont les personnages présentés qui arrivent à nous arracher un sourire, encore plus rare ceux qui arrivent à nous marquer par leur charisme. On aurait aimé un peu de fantaisie, il n'y a que le boxeur kitsch pour détendre l'atmosphère, nous donnant l'impression d'être tombé dans une soirée transformiste de Michou.

Un futur sans bon goût

Jean-Claude Jitrois règne en maître

Mais peu importe le charisme, enfin quand même faut pas pousser, si la chorégraphie est là. Un film d'arts martiaux peut-être sauvé par de bonnes chorégraphies même si tout le reste est du même niveau qu'une intrigue policière de Plus Belle la vie. Malheureusement pour nous, les fameuses joutes testostéronnées n'atteignent jamais la brutalité d'un Bruce Lee, la nervosité d'un Jason Bourne ou encore le guignol d'un Jackie Chan (la bonne époque).

Quelques ralentis et accélérations brutales, des angles un peu originaux (mais pas trop) et une ou deux acrobaties ici et là et c'est tout. C'est un peu le minimum syndical, comme le dernier tour de chant d'un has been sur le départ. Le pire, c'est que malgré les spécialités des combattants (boxe, capoeira, etc.) on a du mal à les différencier. Le tout se termine la plupart du temps en gros pains dans la gueule et coups de latte dans l'estomac. Kung-Fu ou pas, c'est du pareil au même.

L'amour et le bon goût

Je vais sembler un peu primaire mais le seul truc à sauver dans cet étron qui provoque difficilement un haussement de babines, c'est le mauvais goût assumé (on l'espère) de ce monde apocalyptique. Car le tout se passe dans un futur plus ou moins proche, vu et revu, avec ses gardes fascisants, ses poubelles qui craquent, sa résistance de hackers et compagnie. Je vais finir par croire que ce film cherche à faire le plus long listing des poncifs à force.

Bref, dans ce monde forcément décadent, Mishima père, le grand patron, organise depuis un bail un tournoi de baston. C'est vrai quoi, faut bien s'marrer. On ne va pas organiser un tournoi de foot, de la tatane non de diou, des jeux à la Rome antique. Et dans ce monde décadent, j'y reviens, on trouve des jeunes qui s'amusent.

Mishima fait la gueule

Toujours à fond

Un vrai jeu d'acteur

Le film propose une petite descente dans une discothèque interlope où la jeunesse se trémousse telle une bande d'épileptiques nymphomanes. Pas de plans nichons, je sais c'est triste, mais quelques gros plans sur le cul de l'actrice la plus sexy du film. L'occasion de constater, avec tristesse, que le futur niveau mode se fera sous la houlette d'un Jean-Paul Gautier bis.

Un plan classe - première

Seconde

Et l'amour dans tout ça ? J'y viens. Le cul c'est bien beau mais notre héros lui, au début, il a une copine. Il l'emballe sec, la baise tranquillement dans un bidonville, scène obligatoire pour un film destiné aux adolescents (faut qu'ils mouillent les puceaux). Bref, c'est torride et passionnel. Seulement, à peine débarqué dans le tournoi Iron Fist, voilà que notre « élu du peuple » se met à saliver sur le boule de la belle brune. Cinq minutes plus tard, il l'emballe dans la fameuse discothèque décrite plus haut.

Début du film, la copine régulière

Seul et il la trompe déjà

Bel exemple pour la jeunesse, le héros sang mêlé qui n'arrive pas à tenir son sceptre turgescent à sa place si une femelle vient lui titiller les hormones d'un peu trop près. Bref, tout ça est bien trop immoral pour moi. Alors oui, Tekken le film est globalement plus proche du navet que du nanar mais il n'en demeure pas moins assez agréable si l'on n'a rien d'autre à faire pendant une heure vingt et surtout si l'on s'arme de patience, donc de gâteaux, avant le début du supplice.

Pour le final, deux têtes de vainqueurs qui soutiennent notre héros

Le suspense est trop insoutenable

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