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Batman la relève

Cette nouvelle série d'animation est un défi de taille lancé par l'équipe de Bruce Timm : s'émanciper totalement de l'univers Batman déjà existant en inventant une nouvelle mythologie explorant un Gotham futuriste. L'intérêt de ce procédé est multiple : tout en restant dans un univers connu du grand public, le choix d'un nouveau cadre temporel permet à l'équipe de développer sa créativité tant dans les intrigues que l'univers. Sur le plan mercantile, le contexte du futur inclut également des technologies avancées qui permettent désormais à Batman de voler, se rendre invisible, d'avoir un nouvel éventail de gadgets modernes permettant d'offrir des affrontements beaucoup plus spectaculaires qu'auparavant pour attirer le jeune spectateur, même si en contrepartie la dimension « réaliste » et humaine du héros se trouve affaiblie.

 

 

 

 

Dés le générique, le ton est donné : le Gotham du futur sera sale, tourmenté, parfois glauque et à la limite du cyberpunk. La série impose sa maturité notamment dans le portrait pathétique qu'il dresse de Bruce Wayne. L'ancien Batman est un homme solitaire et cynique livrant un regard désabusé et amer sur son rôle de super héros, le personnage partageant de fortes ressemblances avec le portrait dépeint dans le comic Batman The Dark Knight Returns de Frank Miller. La première scène de la série le dépeint d'ailleurs aux bouts de ses forces et forcer d'utiliser une arme à feu pour se défendre, brisant ainsi son ultime tabou et l'obligeant à tomber le masque.

Le nouveau héros, Terry McGinnis incarne de son côté un Batman plus léger, frimeur et décomplexé offrant un duo dynamique et contrasté avec Bruce Wayne. Si Richard Darbois ne remplit désormais plus le rôle de Batman, la VF de Batman Beyond n'en demeure pas moins une réussite grâce aux deux comédiens Patrick Messe et Didier Cherbuy qui rendent leurs personnages crédibles et attachants.

En dépit d'un design toujours aussi simpliste, les bases posées par Batman Beyond sont alléchantes et offrent à l'équipe d'animation un océan de possibilités. Malheureusement, c'est dans cette émancipation que Batman Beyond aura du mal à assurer la relève (je sais je sais) . Bruce Timm et son équipe avaient jusqu'alors l'immense background des comics Batman à exploiter à leur manière mais ils doivent à présent en inventer un nouveau et cela ne se fait pas sans complication. Les nouveaux adversaires de Batman manqueront ainsi de charisme et de consistance, l'univers de ce Batman Beyond ne sera jamais aussi étoffé que celui du véritable Batman et la série ne parviendra pas à exploiter pleinement son potentiel.

 

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Le plus grand intérêt de Batman Beyond résidera finalement dans le portrait désabusé et étonnamment sinistre de la vieillesse de son héros emblématique ainsi que de ses anciens adversaires (tel l'émouvant épisode dédié à Mr Freeze), le dessin animé demeure néanmoins louable pour son atmosphère renouant davantage avec la noirceur, l'audace de son concept et l'amertume omniprésente du récit.

 

 

Batman Beyond le Retour du Joker

 

Bruce Timm s'était gardé une belle carte en main pour ce film en mettant en scène le retour du plus célèbre et redoutable ennemi de Batman. Le film ne parle pas tant de la lutte contre ce Joker revenu d'entre les morts que de l'affirmation de Terry McGinnis en tant que nouveau Batman, surpassant les anciens alliés que Bruce aura côtoyé. Si l'ensemble du film est assez conventionnel, l'intérêt du récit réside avant tout dans les révélations faites sur l'histoire du deuxième Robin jusqu'ici totalement absent de la série (ne cherchez pas à savoir ce qu'est devenu Nightwing, cela restera un mystère) . L'explication de ce mystère trouvera sa résolution dans l'une des scènes les plus magistrales de tout l'univers Batman animé et qui constitue de loin le plus grand intérêt du film.

 

 

 

 

ATTENTION SPOILERS

 

Batman et Batgirl se rendent à l'asile d'Arkham où le Joker y retient le jeune Robin. Dés le début, la scène est symbolique : le célèbre asile a été fermé et n'est désormais plus qu'un vestige du passé, témoignant déjà de la future tournure des évènements. La mise en scène de la séquence est d'une incroyable ingéniosité. Batman retrouve en premier lieu le Joker et Harley Quinn qui lui présentent une parodie de show télévisé, les deux protagonistes menant leur rôle de parents avec brio jusqu'à basculer dans l'horreur avec la révélation de leur enfant : le jeune Robin, torturé et défiguré jusqu'à devenir une réplique enfant du Joker gesticulant des rires étouffés ressemblant à une complainte. Fou de rage, le Justicier poursuit le Joker qui le conduit alors dans une salle de cinéma où sur grand écran, la torture du jeune Robin lui est révélée alors que le Joker assis dans le rôle du projectionniste lui révèle avec une cruauté implacable que le jeune héros lui a révélé sous la souffrance son identité secrète.

S'en suit une violente confrontation au cours de laquelle la série osera jusqu'à briser son ultime tabou en montrant une mort explicite à l'écran. La censure sera bien évidemment passée par là dans la version française avec la suppression des scènes les plus violentes allant jusqu'à proposer une scène alternative pour le dénouement. Cette séquence constitue la véritable fin symbolique de l'histoire de Batman s'achevant dans l'amertume et la douleur. Par sa folie, son ambiguïté, l'excellence de sa mise en scène et de sa narration ainsi que sa dimension symbolique, cette scène a traumatisé de nombreux jeunes spectateurs et demeure gravé dans l'histoire de Batman animé.

 

 

Justice League

 

 


 

L'intro de Justice League sponsorisée par Mickael Bay et Roland Emmerich

 

Les derniers épisodes deBatman Beyond montraient Terry McGinnis rejoindre la Ligue des Justiciers du futur mené par un Superman du troisième âge. Il n'en fallait pas plus pour faire la transition vers une série basée sur cette équipe de super héros. Batman y fait ainsi parti des sept membres fondateurs et si le récit n'est pas focalisé sur ses aventures, le Justicier de Gotham demeure un membre important de la Ligue malgré son absence de super pouvoirs qui blessera souvent son orgueil.

La Ligue des Justiciers est un feuilleton principalement focalisé sur l'action et donc grandement dédié à un jeune public, témoignant malgré tout de la maitrise de Bruce Timm et son équipe dans les aventures dynamiques et les scènes d'action spectaculaires. Une certaine maturité subsiste néanmoins comme le statut des super héros régulièrement remis en cause, les tensions croissantes avec le pouvoir politique (forcément avec Lex Luthor en Président, ça n'aide pas) ou encore les multiples allusions sexuelles que se lancent les personnages. La VF des deux premières saisons est de qualité malgré la présence d'une voix de « transition » pour Batman.

 

 

 

Justice League Unlimited

 

 

 

Idem 

 

Les nouvelles saisons de la nouvelle Ligue des Justiciers décident de voir les choses en grand en passant des septs membres fondateurs à une quarantaine de super héros dont certains marquent leur première apparition en animation. Malheureusement, cette multiplicité de protagonistes dont beaucoup manquent grandement de charisme et d'intérêt nuit grandement aux intrigues, la série s'éparpille trop entre ces nombreux personnages et limite son public aux amateurs de comics et de fan service. Notons également une version française baclée qui ne fait guère honneur à ses illustres prédecesseurs, le doublage étant réalisé rapidemment pour diffuser les épisodes le plus tôt possible.

C'est pourtant dans ces saisons que Bruce Timm concluera l'histoire de Superman et de Batman qu'il n'avait pas eu l'occasion de mettre en scène dans ses précédentes séries : Superman trouvera ainsi sa rédemption auprès des hommes et Terry McGinnis se révèlera être le clone de Bruce Wayne. Cette dernière idée, quelque peu tirée par les cheveux, sera néanmoins l'occasion de voir une relation Père/Fils s'installer entre les deux personnages et voir le Batman du futur prendre définitivement la succession de son prédécesseur. 

 

 

 


 

Vous avez sous les yeux la véritable conclusion de l'histoire de Batman dans l'univers de Bruce Timm. La scène finale reprend le thème culte de Batman TAS en le modernisant et se veut un clin d'oeil au premier épisode de 1992.

 

 

Pour finir une petite anecdote amusante concernant les dernières saisons de Justice League : le Bat Embargo. Derrière ce nom étrange se cache la décision de la Warner de ne plus faire apparaître aucun personnage de l'univers Batman dans la Ligue des Justiciers (à part Batman lui même) afin de ne pas créer la confusion avec les personnages de The Batman dont la production avait déjà commencée (une peur assez ridicule vu les différences graphiques entre les deux séries) . Si Justice League avait déjà mis en scène quelques personnages tels le Joker ou Alfred, Batman sera le seul représentant de son univers dans Justice League Unlimited, Robin, Batgirl ou Nightwing ne rejoindront ainsi jamais la quarantaine de super héros de la série, ce qui fait un peu tâche pour une série estampillée DC.