...D'une seule rencontre d'acteurs:

Al Pacino et Robert de Niro dans Heat

 

 

Les deux titans du film de gangsters face à face. L'un est l'immortel Tony Montana de Scarface et le Parrain de Coppola, l'autre le grand ami de Scorcese avec ses Affranchis, Casino et autres Taxi Driver. Deux grandes gueules du cinéma qui ont imposés leur charisme, parfois à grands coups de « FUCK! », fusillades et coups de poings. Heat n'aurait pu être que le simple film de leur rencontre, il sera finalement l'une des meilleures oeuvres de leur filmographie respective. Après avoir passé plus d'une heure de film à se jauger mutuellement, à apprécier l'audace et l'ingéniosité de l'autre, les deux adversaires se rencontrent face à face sous l'impulsion d'Al Pacino.

 

Michael Mann ayant parfaitement jugé de l'aura des acteurs et de l'importance capitale de la confrontation, il choisit de ne jamais filmer les deux comédiens en même temps à l'exception du premier plan de leur rencontre. La discussion dans un restaurant, filmé de manière sobre en champ-contre-champ, est l'occasion pour les deux protagonistes d'afficher leurs ressemblances, leur respect mutuel et leur volonté d'aller malgré tout au bout de leurs convictions. Cet unique dialogue entre les personnages est le dernier signe annonciateur de l'affrontement physique qui les opposera peu de temps après dans la célèbre scène de fusillade du film. N'ayons pas peur des mots: c'est une véritable rencontre au sommet.

 

 

...D'un seul fantasme:

Kate Beckinsale. SND

 

Kate Beckinsale dans Underworld

 

Je pense qu'il est inutile de s'étendre trop là dessus mais voilà au moins un aspect de ce film qui ne m'avait pas déçu.

 

 

...D'un seul baiser:

 

Spiderman

 

Une scène qui a dû en donner des idées à plus d'un! Il faut dire que c'était une belle manière de mettre en avant le côté acrobatique du héros. Je vous l'accorde, il y a des baisers bien plus émouvants au cinéma, mais que voulez vous, c'est toujours celui là qui me vient le premier en tête! En honnêteté je vous dis.

 

 

...D'un seul somnifère:

Mark Wahlberg et Mila Kunis. Twentieth Century Fox France

 

Max Payne

 

Certainement pas le plus grand somnifère qui existe mais mon plus grand moment d'ennui au cinéma. Certains films sont tellement ratés qu'ils en deviennent comiques et presque agréables à suivre, on rigole bien en les regardant et le temps passe plus vite. Mais Max Payne ne cherche pas à être ridicule ou grandiloquent, c'est simplement un film incroyablement fade, insipide et ennuyeux. Pour une adaptation d'un des meilleurs jeux vidéos d'action de sa génération, c'est quand même un comble!

 

...D'un seul frisson:

 

La traversée de l'hôpital dans l'Échelle de Jacob

 

Je l'avoue, les films d'horreur n'ont jamais suscité chez moi un très grand intérêt, principalement pour leur tendance à verser dans la violence gratuite et parfois de manière presque sadique. Quelques œuvres font néanmoins exception à la règle dont l'Echelle de Jacob d'Adrian Lyne. Le film se focalise davantage sur la psychologie de son héros et l'étrangeté de l'atmosphère plutôt que des effets gores et spectaculaires. Ainsi le récit ne véhicule pas réellement de grands moments de frissons mais davantage un sentiment de malaise constant devant l'incohérence et l'incompréhension des phénomènes paranormaux dont le personnage est victime, au sommet duquel demeure la séquence de l'hôpital, synonyme de véritable plongée en enfer au sens propre comme au figuré, où comme dans les cauchemars les plus marquants, les évènements s'enchainent sans cohérence ni logique.

 

...D'un seul monstre:

 

L'araignée à tête humaine de The Thing

 

 

Si ce film culte de John Carpenter est avant tout appréciable pour son exploration de la paranoïa humaine, ses effets spéciaux gores et visqueux à souhait ont su rester dans les mémoires. Ici pas d'effets numériques qui seraient déjà vieux cinq ans après, mais des bons vieux trucages à l'ancienne d'une efficacité redoutable pour nous faire croire à ces métamorphoses humaines dérangeantes avec en premier lieu cette araignée à tête humaine qui tente de s'enfuir dans la base. Heureusement le bon vieux Kurt Russell veille aux aguets et ne se prive pas de faire bruler cette belle saloperie.

 

 

...D'un seul torrent de larmes:

Liam Neeson et Ben Kingsley. Collection AlloCiné / www.collectionchristophel.fr

 

La liste de Schindler

 

L'émotion véhiculée constamment par le film réside principalement dans le choix de Spielberg de se focaliser sur l'action la plus héroïque dans le contexte le plus monstrueux de l'humanité. C'est ainsi le contraste entre l'ardeur de Schindler à sauver des vies juives et la folie du génocide perpétré par les Allemands qui suscite cette émotion si vivace et qui trouve son apothéose dans le dénouement du film. Au lieu d'accepter les remerciements des nombreuses vies qu'il a sauvé, Oscar Schindler se confond en excuses et s'exclame tétanisé sur les nombreuses vies supplémentaires qu'il aurait pu encore sauver. Spielberg n'aura pas eu peur de pousser jusqu'au bout l'émotion avec ce film et son impact est toujours aussi vivace après chaque visionnage.

 

...D'une seule nuit d'amour:

Naomi Watts et Laura Harring. Bac Films

 

celle de Naomi Watts et Laura Harring dans Mulholland Drive

 

Les scènes de sexe m'ont rarement paru pertinentes au cinéma, trop souvent l'occasion d'attirer le spectateur, mais celle de Mulholland Drive fait exception à la règle. Malgré sa puissance érotique et la fascination connue de David Lynch pour la sexualité et le désir, la scène trouve son utilité dans sa représentation fantasmée de l'amour qui contraste fortement avec le deuxième scène de sexe du récit, beaucoup plus proche d'un film porno, et qui contribue à creuser les frontières entre le rêve et la réalité qui fait tout l'attrait de l'oeuvre.

 

 

 

...D'un seul plan séquence:

 

Le combat de Old Boy

 

ex aequo avec l'introduction de Breaking News

 

 

 

S'il y a bien un élément qui impressionne dans ce Old Boy, c'est la virtuosité et la créativité sans limites de sa réalisation. Certes, on peut émettre beaucoup de critiques à l'encontre du scénario qui malgré ses richesses emprunte des chemins assez invraisemblables et périlleux mais en tout cas, une mise en scène m'aura rarement autant fait décrocher la mâchoire par sa créativité et son renouvellement constant. Et parmi tous ces grandes trouvailles de réalisateur, ce plan séquence qui dépeint un combat entier dans un couloir d'immeuble mérite d'être mis en avant. Là où d'innombrables cinéastes américains auraient choisis de multiplier le nombre de plans, avec un montage rapide (épileptique depuis ces dernières années) et quelques effets stylisés, Park Chan-Wook choisit de se focaliser sur la solitude de son héros, Oh Dae-Soo, au prise avec une quinzaine d'opposants. Une séquence totalement surréaliste et le seul véritable moment de gloire d'un héros pris au coeur d'une machination titanesque qui vise sans cesse à le rabaisser au rang de bête.

 

 

Je ne résiste pas à l'envie de vous faire partager également ma découverte récente de Breaking News, réputé pour disposer d'un des plans séquences les plus longs de l'histoire du cinéma. L'introduction entière du film se réalise sans coupure et présente avec beaucoup d'ingéniosité et peu de dialogues les différents protagonistes, les relations qui les unissent et les tensions qui se déroulent. L'ensemble est d'une fluidité exemplaire et la coordination de l'image avec le déplacement des acteurs est stupéfiante. Quelques erreurs nous rappellent bel et bien qu'il s'agit d'un plan séquence non truqué et que la scène qui se déroule sous nos yeux a été l'objet d'une préparation incroyable. Le film en lui même n'est pas à la hauteur de cet impressionnant exercice de style mais il vaut son prix de DVD pour cette unique séquence.

 

 

...D'un seul plan tout court:

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Le plan final de l'introduction de Ghost in The Shell

 

Après avoir effectué sa mission, le major Kusunagi disparaît dans le vide, seul son visage demeure visible avant qu'elle ne le dissimule derrière une main spectrale. L'héroïne y apparaît tel un fantôme, le « ghost » nom donné dans le récit aux âmes qui résident dans les cyborgs et siègent dans leur cerveau humain. La poésie et la puissance métaphorique de l'image sont restées gravés dans mon propre « ghost », à tel point que le plan figure désormais dans la présentation de mon blog et sur un mur de ma propre chambre.

 

 

...D'un seul choc plastique en couleurs:

 

Jay Chou. SND

La Cité Interdite

 

Si Zhang Yimou m'avait déjà impressionné par son utilisation des couleurs dans Hero, la Cité Interdite a été un véritable choc visuel et artistique qui avait un premier temps éclipsé les quelques faiblesses narratives du film. Pour dépeindre la cruauté des sentiments humains derrière la richesse matérielle, le cinéaste chinois n'hésite pas à jouer dans la surenchère esthétique en mettant en scène des décors impressionnants de grandeur et de luxe. A cela s'ajoute le talent du réalisateur pour dépeindre des combats titanesques, à la fois poétiques et spectaculaires. La bataille finale du film, dans laquelle une centaine de chevaliers vêtus d'armures d'or combattent les forces impériales en faisant couler des litres de sang dans l'impeccable cour du palais, est la conclusion éclatante d'une grande réussite visuelle.

 

 

D'un seul choc en noir et blanc:

Collection Christophe L.

 

Psychose

 

Alfred Hitchchock aura judicieusement choisi l'usage du noir et blanc pour mettre en évidence les facettes obscures de son légendaire schizophrène. D'une silhouette menaçante au visage masqué par l'obscurité et brandissant un couteau pour aboutir à la révélation par une lumière vacillante d'un cadavre directement suivi de l'expression de folie du visage de Norman Bates travesti, l'utilisation du noir et blanc demeure une composante essentielle du film sans laquelle il n'aurait jamais provoqué un tel impact.

 

 

...D'un seul choc tout court:

 

 

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2001, l'Odyssée de l'espace

 

Après avoir suivi l'évolution de l'humanité et la démonstration de la capacité de l'homme à surpasser sa condition tout en renonçant à son humanité, un voyage spatial vers Jupiter où le membre le plus expressif et sympathique de l'équipage reste une I.A nommée Hal 9000 et enfin une traversée des étendues de l'infini où le récit devient une incroyable métaphore biblique, il a été bien difficile de redescendre sur la planète Terre. Incontestablement un chef d'œuvre intemporel de Kubrick.

 

 

...D'un seul artiste sous estimé:

 

Peter Jackson

 

Il m'aurait été difficile d'écrire cet article sans y inclure Peter Jackson, cinéaste pour lequel j'ai toujours eu une grande affection. Le choix de le placer dans cette catégorie d'artiste sous estimé en surprendra certainement plus d'un au regard de la popularité du réalisateur, néanmoins cet individu est à mon sens reconnu pour de mauvaises raisons. Peter Jackson est souvent désigné comme un faiseur de grand spectacle, un gamin qui aurait tous les jouets qu'il voudrait et si cette dimension de divertissement est indéniable dans sa carrière, elle est néanmoins un facteur secondaire par rapport à sa véritable essence: l'émotion.

L'émotion est ce qui définit le mieux ce réalisateur, s'il aurait été difficile de le concevoir durant ses premiers films, oeuvres cultes du cinéma gore et trash, elle aura fait son apparition en prenant tout le monde à contrepied dans Créatures Célestes. C'est cette même émotion qui m'aura fait distinguer le Seigneur des Anneaux et King Kong des autres blockbusters du type, malgré la démesure du budget et des moyens employés, le réalisateur n'oublie pas d'y privilégier le plus important: l'humain. Il se dégage de ce cinéaste un profond sentiment d'humanité, parfois assez proche de celui que j'affectionne tant chez Miyazaki, et qui aura pu s'exprimer en toute sincérité dans son récent Lovely Bones.

Néanmoins dans le cinéma comme dans beaucoup d'autres arts, celui qui emprunte la voie du succès est condamné à subir la méfiance voir le rejet de ses spécialistes. Si de nombreux analystes débattent encore pour savoir si Steven Spielberg est un grand réalisateur ou un simple cinéaste mercantile, j'ai personnellement fait mon choix depuis longtemps et c'est cette même réponse que je donnerais quand cette question se portera sur Peter Jackson.

 

 

...D'un seul artiste surestimé:

 

 

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David Cronenberg

 

Ne croyez pas qu'il s'agit d'un jugement hatif, je ne suis pas des cinéphiles qui se limitent à la première impression et il est toujours possible d'accorder une seconde chance à un cinéaste. Seulement voilà, après avoir visionné l'intégralité de sa filmographie et même plusieurs fois certains de ses films, la fascination exprimée pour le cinéma de David Cronenberg m'échappe quelque peu. Certes il est indéniable que le cinéaste dispose d'une patte esthétique reconnaissable, d'un gout prononcé pour manipuler la chair humaine et la déformer de façon imprévisible. Seulement cette identité visuelle serait plus pertinente si elle n'avait pas pour principal but de dépeindre des tourments sexuels. Perpétuellement le même schéma se répète: celui du désir véçu comme une souffrance, de la jouissance qui se trouve dans le malheur et la distance.

 

Non seulement la réflexion prend une telle excentricité qu'il est difficile d'y trouver une crédibilité mais elle n'est guère suffisante pour baser toute une filmographie autour. Encore plus quand parralèlement, la mise en scène est plus que médiocre et l'esthétique parfois ridicule et de mauvais gout. Le revirement vers un registre plus réaliste et sobre de ses derniers films a certes atténué cette démesure dérangeante mais sans pour autant rendre ces films beaucoup plus pertinents dans le récit (History Of Violence étant à ce titre un film grandement surestimé lui aussi)

 

 

 

...D'un seul traumatisme:

 

Les Dents de la Mer

 

Regarder ce film à six ans était une mauvaise idée...Si depuis j'ai eu l'occasion de le revoir et de l'apprécier en toute sérénité, je n'ai jamais pu me débarrasser de cette phobie des requins qui me colle à la peau depuis. Oh et puis il faut avouer que ça a vraiment une sale gueule comme animal, et s'ils disparaissaient tous du jour au lendemain, qui s'en plaindrait?

 

...D'un seul gâchis:

Warner Bros. FranceKeanu Reeves et Hugo Weaving. Warner Bros. France

 

Matrix Reloaded-Revolutions

 

L'un des plus grands films de science fiction et de sa génération pouvait t-il supporter une attente de quatre ans avant de voir arriver un prolongement qui ne semblait pas indispensable? La réponse ne s'est pas faite attendre et demeure encore à ce jour extrêmement frustrante dans mon esprit, encore davantage au regard de l'extraordinaire potentiel qui résidait dans ces suites. Car c'est bien là que demeure l'incroyable gâchis de ces suites, ce n'étaient pas de simples films mercantiles tournés dans la hâte ou par obligation pour surfer sur la vague de succès du premier film mais bien une volonté sincère et démesurément ambitieuse d'accroitre l'univers de Matrix vers des frontières inimaginables.

Cette ambition dégouline de tous les aspects du film, qu'il s'agisse de la démesure des scènes d'action, de la complexité des dialogues, ou même des thèmes exploités et les choix inattendus opérés dans l'évolution de l'intrigue, les frères Wachowski voulaient élargir leur chef d'oeuvre initial pour en faire une véritable bible de la science fiction cyberpunk dans laquelle les courts métrages Animatrix conçus par les plus grands noms de l'animation Japonaise auraient fait figure de dix commandements.

Keanu Reeves. Warner Bros. France

 

Seulement là où le premier Matrix disposait d'une narration limpide à la limite de la perfection, l'intrigue des suites est racontée de manière tellement confuse et maladroite qu'elle en provoque le dégout. Matrix Reloaded offre une surenchère inutile de scènes d'action qui forment un mélange indigeste avec des dialogues inutilement confus et rébarbatifs malgré leur intérêt intellectuel. Et lorsque Matrix Revolutions arrive, c'est presque comme si les frères Wachowski avaient vidé leur sac trop vite et ne savaient plus quoi dire, le film souffre d'énormes lacunes de rythme, tourne inutilement en rond et apparaît presque ridicule quand il se veut émouvant.

Mais passé outre cette déception, si l'on compare les ambitions et les qualités des films avec celles des blockbusters de cette envergure des dernières années comme les films de super héros ou même la nouvelle trilogie Star Wars, ces deux suites de Matrix écrasent complètement la concurrence à quasiment tout point de vue. Mais pour apprécier ces qualités qui sont bel et bien réelles, il faut savoir passer outre les nombreux défauts de narration des films pour enfin commencer à comprendre leur logique de conception et cela seuls les plus passionnés y parviendront. Voilà en quoi réside l'énorme gâchis des suites de Matrix, là où le premier film était un chef d'oeuvre universel et intemporel, Matrix Reloaded et Revolutions forment une saga qui ne peut être apprécié que par les plus persévérants, les geeks pourront t-on dire.

 

Warner Bros. France

 

Plutôt qu'intensifier la force de leur chef d'oeuvre, ses créateurs en ont au contraire réduit l'impact auprès du grand public, ce qui force presque les cinéphiles à rappeler ce qui était autrement inutile et inimaginable: en quoi malgré ses suites, le premier Matrix reste doté d'une incroyable richesse et profondeur. Et en être arrivé à un tel constat au vue des ambitions initiales des frères Wachowski, et bien pardonnez moi l'expression mais ça me fait vraiment chier.

 

...D'une seule découverte récente:

 

Joseph Gordon-Levitt

 

Il y a chez cet acteur une froideur et un sombre charisme qui me rappellent Christian Bale auquel le comédien parvient à y insuffler plus de légèreté et une certaine dose d'humour. Voilà en tout cas un nouveau nom qui va attirer mon attention sur les affiches des films.

 

Voici pour ce questionnaire, beaucoup plus rapide à relire et à corriger qu'il n'a été à écrire la première fois, je peux vous l'assurer! Un moyen pour vous de comprendre davantage les rouages de mon esprit cinématographique et un moyen pour moi de m'apercevoir que je suis décidément incapable de parler d'un élément qui me passionne en moins de deux lignes. En espérant que vous aurez pris du plaisir à lire cet article et que vous serez vous mêmes intéressés à donner votre propre réponse à ce questionnaire sincère et personnel.