https://oblikon.net/wp-content/uploads/cowboys-aliens.jpg

 

Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeller Junior...

 

 Cowboys/Aliens...Derrière ce titre aux accents honteusement nanardesques se cache une œuvre beaucoup plus sérieuse qu'il n'y paraît. Il n'y est pas ici question d'un univers fantaisiste dans lequel des héros propres combattraient les forces des ténèbres et c'est avec une certaine surprise et un vrai plaisir que le film met en scène un western sombre, violent et impitoyable. L'atmosphère du film est extrêmement soignée et reprend efficacement les codes des deux genres cinématographiques qu'elle prétend réunir même si en contrepartie la mise en scène réexploite surtout des codes efficaces sans jamais chercher à innover.

 

Daniel Craig et Harrison Ford, diaboliquement charismatiques, s'immergent avec brio dans cette ambiance sale et teintée de folie de la conquête américaine, le charisme des deux acteurs suffit à transporter le spectateur dans ce conflit farfelu se permettant même un parallélisme entre l'avidité des extraterrestres malmenant sans remords la race humaine et la cupidité des cowboys eux mêmes qui n'avaient pas hésité à terrasser les Indiens pour s'approprier leur territoire. Malheureusement, si le choix d'ambiance opéré par Cowboys/Aliens demeure louable, le film reprend rapidement la forme d'un blockbuster conventionnel dés sa deuxième partie et rappelle que le cinéaste Jon Favreau, n'a pas réalisé pour rien les deux simplistes Iron Man. Outre les maladresses et facilitées opérées par le récit, l'intrigue perd ce qu'elle avait en noirceur et ambiguïté pour retrouver la voie d'un divertissement propre et manichéen. C'est notamment le cas à travers les personnages abandonnant leur dureté pour retrouver leur humanité et l'ensemble prend même la tournure d'une rédemption ridicule de la conquête américaine comme si en protégeant la Terre de la menace extraterrestre, le far west retrouvait sa gloire souillée par le sang Indien.

 

https://www.oxygene.re/xml/affiches/people/cowboys-aliens-premier-apercu1.jpeg

 

La morale du film est finalement équivalente à la parole réconfortante et hypocrite véhiculée par le prêtre du film : « Dieu se moque de qui tu as été, il ne s'intéresse qu'à ce que tu es maintenant. » Appliqué à l'ensemble du film, cela donnerait « même si vous avez conquis ces Terres par la force et la violence, le plus important est le progrès et la civilisation que vous avez apportés » Une morale rassurante tout à fait digne de l'éloge de la puissance militaire américaine des Iron Man. Quant des affrontements et des effets spéciaux, ils se contentent d'offrir le minimum syndical sans jamais vraiment impressionner. Malgré ces réprimandes, Cowboys/Aliens est loin d'être la vaste blague qu'il pourrait laisser croire et c'est davantage pour l'atmosphère sombre et audacieuse de la première partie qu'il emportera l'adhésion même s'il ne faut pas se leurrer, il s'agit encore d'un énième blockbuster réconfortant et politiquement correct sur l'Histoire américaine auquel nous avons droit.