Et si le meilleur film d'heroic fantasy de l'année n'était pas la conclusion du Hobbit mais un film d'animation? Le premier Dragons avait crée la surprise en proposant un film d'animation dynamique, attachant et superbement réalisé sur fond de récit initiatique à en faire baver les amateurs de Joseph Campbell. Et pour le plus grand bonheur des grands (peut être moins des petits) la tendance s'est ici inversée et cette suite se présente majoritairement comme un récit initiatique sur fond de film d'animation. Ne perdant jamais de vue la construction identitaire de son émouvant héros quitte à en délaisser le dynamisme et l'humour de son récit, Dragons 2 a la volonté explicite de créer un mythe fédérateur à l'égal de Star Wars et se donne les moyens de concrétiser ses ambitions. Mariant avec brio l'intime et le spectaculaire, le film alterne des touchantes scènes personnelles aux moments de bravoures décomplexés portés par une dimension épique totalement libérée.

Paysages magnifiques à en faire rêver les amateurs de mythologie nordique, 3D vertigineuse amplifiant la virtuosité des séquences aériennes, mise en scène dynamique sans être épileptique et qui sait se montrer plus posée quand il le faut, le spectacle visuel de Dragons 2 est ébouriffant mais sait pourtant s'effacer lorsque l'humain revient au premier plan. De nombreuses qualités qui font aisément pardonner les lacunes persistantes de la série avec en premier lieu un humour pas toujours subtil (franchement lourdingue par moments) et une exploitation laborieuse des personnages secondaires à commencer par un antagoniste à la personnalité trop vite expédiée.

Il y a les sagas mercantiles qui ne cherchent qu'à exploiter leur filon commercial quitte à se dénaturer et celles dont la richesse thématique ne demande qu'à être développée à nouveau. Dragons s'impose définitivement comme la deuxième catégorie et le temps va sembler bien long avant de retrouver à nouveau Harold et son attachant dragon. Car après tout, leur monde n'a jamais été aussi vaste.