Vous vous souvenez quand je disais considérer Bioshock en tant que premier jeu à véritablement avoir chamboulé le concept-même du genre FPS ? Et bien selon moi, Mirror's Edge est le second. Si le nom de ce jeu sort souvent de la bouche des joueurs comme étant "l'originalité" de EA de ces dix dernières années, la seule et l'unique, et si une suite présumée est encore aujourd'hui attendue comme le messie et quémandée telle l'aumône, ce n'est pas pour rien. Pourtant, à la base de Mirror's Edge, il n'y a rien de plus qu'un bête mélange de deux genres de jeu : le FPS, et la plate-forme/course. Un mélange auquel nous aurions pu penser bien avant 2008, tellement ses promesses font rêver. En effet, il est clair que les actions les plus simplistes du jeu vidéo telles que "sauter" ou "courir", qui ne sont habituellement que de simples formalités; lorsqu'elles sont retranscrites de façon immersive à la première personne, ont un impact visuel immensément plus fort. Et bien c'est justement sur cet impact visuel, sur cette immersion que se base Mirror's Edge. Au contrôle de la svelte et sportive Faith, on progresse ainsi de toit en toit en se mouvant tel un parkoureur (ou un Yamakasi), en faisant des bonds aussi gigantesques que dangereux, des glissades à la Bruce Willis ou diverses autres cascades tout aussi folles. Avec le moteur graphique de Dice, les effets de vitesse et de vertige, ajoutés aux bruitages ultra crédibles durant la course (souffle de Faith, bruits de pas...), les sensations de jeu sont jouissives, et transcendent la vue FPS telle qu'on la connaissait auparavant, qui prend du coup ici tout son sens. D'ailleurs, je ne sais pas si vous vous en remémorez, mais lorsque la démo de Mirror's Edge est parue sur le Xbox Live, tout le monde s'est méchamment touché la nouille tellement le jeu nous procurait une telle fraîcheur dans son concept, et de telles sensations. Moi y compris, car j'ai dû refaire la démo une trentaine de fois à l'époque, je n'en revenais pas... Bon, au final, le jeu complet se sera révélé être de qualité, mais sans non plus atteindre l'excellence, la faute à un scénario sous-exploité, des combats au corps-à-corps bancals et un schéma architectural qui avait souvent tendance à se répéter. Toujours est-il que l'expérience, au global, demeure marquante pour cette génération de par son originalité, et le cran qu'elle eut de nous arriver à un moment pourtant contrairement propice à la pullulation de blockbusters plus explosifs. Qui plus est, Mirror's Edge a le mérite d'introduire un univers unique et très intéressant. Un univers propre sur lui mais pourtant vide de toute âme et de tout individu, et sur lequel les forces de l'ordre ont une emprise totale. Un univers ambigu, situé à mi-chemin entre l'utopie et la dystopie. Plutôt très bien rendu visuellement grâce aux touches de couleurs hypra contrastées, je regrette néanmoins qu'il n'ait pas été davantage abouti et développé. La prochaine itération, s'il y en a vraiment une, a donc de fortes chances de répondre à mes attentes.