Une bonne intro de jeu vidéo, c'est un peu comme les préliminaires charnels. On n'y fait pas grand-chose hormis de belles promesses, mais sans elle, tout le reste ne serait que rudesse et fadeur. Mais il ne faut pas pour autant croire que les intros qui resteront gravées dans l'histoire soient légion, car leur recette est, pour sûr, ardue à suivre à la lettre. Offrir un panorama idéalisé du concept du jeu, mettre en scène chaque personnage de façon à ce que sa personnalité soit reflétée, donner des indices quant à l'histoire qui attend le joueur... Tous ces critères se doivent d'être présents, tout en les chorégraphiant par l'intermédiaire de prouesses graphiques et visuelles, ainsi que d'une musique redoutable et odysséenne au possible. Rassurez-vous néanmoins, j'ai réussi à suffisamment trifouiller dans ma mémoire pour vous faire partager une petite sélection d'introductions qui selon moi, sont dignes de figurer au panthéon des plus grands avant-goûts précédant le fameux menu "press start" (en sachant que n'y figurent pas les intros de Dark Souls, Shadow of the Colossus et Deadly Premonition, puisqu'elles auront quoiqu'il arrive l'insigne honneur d'être décortiquées dans d'autres articles de mon blog) :

The Legend of Zelda : Link's Awakening DX

La version DX de Link's Awakening me tient à coeur, puisque ce fut elle qui berça mon enfance. Je remercie au passage la GameBoy Color de nous avoir permis, enfin, d'apprécier Link dans toute sa splendeur durant cette intro. Ce qu'on pourrait aujourd'hui appeler "Gif animé" nous explosait pourtant la rétine à l'époque, lorsqu'on découvrait ce héros perdu en pleine tempête à bord de son frêle voilier. De cette scène qui met tout de suite dans le bain s'en suit l'échouement de Link sur l'île du Poisson Rêve, et l'arrivée de Marine qui le découvre inconscient sur la plage, pour finalement laisser place à un crescendo musical en totale synchonisation avec le mouvement de caméra qui ,en tout classe, fait se dresser devant nous le titre du jeu et la puissance du thème principal de la saga Zelda (en version dynamisée) qui l'accompagne. Voilà une image qui m'aura marqué d'une encre indélébile !

 

Wild Arms

Pour moi, Wild Arms est le synonyme parfait d'une époque où les créateurs de RPG japonais souhaitaient avant tout nous conter une histoire, une aventure par le biais du jeu vidéo. C'est d'ailleurs ce qui ressort de son intro, qui transpire le désir d'aventure et de dépaysement. Dirigée d'une main de maître par un thème enchanteur aux airs de country (mélodie sifflée, pulse piquée à la basse, le tout soutenu par des arpèges à la guitare acoustique et une rythmique on ne peut plus country à la caisse claire jouée aux fagots), cette mise en bouche typée manga pose une ambiance unique à laquelle je n'ai pu rester indifférent !

 

Chrono Cross

On parle souvent de Chrono Trigger, mais je trouve injuste que son successeur Chrono Cross, pourtant bien plus inspiré, plus poétique, mieux narré et moins niais, n'ait jamais oreille à son écoute. En tout cas, moi je n'oublierai certainement pas son intro, juste pas possible. Cette rencontre entre une musique qui ferait frétiller le fondement de tout mélomane qui se respecte, et de ce récit entier, touchant, qui défile devant nos yeux au travers d'images de synthèse bluffantes, m'a tout bonnement conquis. Vous remarquerez peut-être, que comme beaucoup de RPG japonais semblent s'y dévouer (Wild Arms, Chrono Cross, Baten Kaitos et sûrement d'autres), l'intro débute sur l'image d'un livre dont les pages se tournent...

 

Resonance of Fate

L'influence de l'intro du récent Resonance of Fate, vient assurément du "grand" cinéma, en témoignent les plans de caméra, la musique symphonique orchestrée en accord avec les images, et la mise en scène grandiloquente. Pour moi, la sauce a pris directement, et j'ai tout de suite eu envie de découvrir l'univers science-fictio-fantaisiste qui y est dépeint, de même que l'histoire visiblement étonnante de ses protagonistes. La liberté narrative du studio Tri-Ace prenant un bol d'air frais chez Sega se fait d'ailleurs très bien ressentir dans le dialogue, lorsque la prétendue princesse en détresse, béate face à la beauté de sa situation, se fait vite rembarrer par son sauveur pour qu'elle revienne à la réalité. Mais le moment ne perd pas moins de saveur quand les deux rigolos, main dans la main et tels les deux amoureux du Voyage de Chihiro, se retrouvent à voler devant un décor fabuleux, en dépit de son éphémérité.