Ca pue le soda pas frais, par ici Ca pue le soda pas frais, par ici...

 

Comme beaucoup, j'ai grandi avec Joypad, Playstation Mag, et autres. Comme beaucoup, j'ai apprécié la liberté de ton des journalistes de la presse spé jeu vidéo, leur capacité à démonter un jeu, parfois même avec une telle force que cela en devenait comique.

Mais depuis, les choses ont bien changé. Beaucoup se demandent aujourd'hui si les journalistes du milieu du jeu vidéo sont aussi indépendants que par le passé. Parfois ceux-là même balaient cette question d'un revers de main, prétextant que cela n'intéresse "personne". Pourtant, force est de constater que sur les forums de la plupart des sites spécialisés, chaque testeur ou rédacteur en prend régulièrement pour son grade... "Comment on peut donner une telle note à un jeu aussi pourri", "de toute façon tout le monde sait que c'est un vendu", etc... Mais de quoi parle t-on?

En tant que simple lecteur, je suis toujours Gameblog (et d'autres) avec attention. Malgré les défauts du site (la pub, effectivement présente de manière presque outrancière, des jeux parfois un peu trop mis en lumière, à l'image d'Heavy Rain), il me semble pourtant que ce site n'est pas "vendu" comme certain(e)s peuvent le penser. Bien évidemment, on peut toujours se poser quelques questions, et de manière très légitime. Mais ici, on parle de conflit d'intérêt, de corruption.

Comment la corruption pourrait-elle s'exprimer dans les médias spé? Par exemple par des tests réécrits, des critiques censurées, ou des notes étonnamment élevées pour un jeu qui est connu pour sa mauvaise qualité globale. La première véritable affaire de ce type qui me vient à l'esprit, c'est celle de Game One en 2002. Une sacrée affaire d'ailleurs. Après avoir pris le contrôle de la chaine quelques temps auparavant, Infogrames profite de sa position pour mettre la pression sur la rédac' de la chaine, dans l'objectif d'avoir des tests plus consensuels, notamment à l'égard des propres jeux de l'éditeur.

Rappelez-vous de ce test de "Tintin Objectif Aventure", un jeu de plate-forme bien pourri, descendu en flamme par Marcus et achevé par la rédaction lors de la review dans l'émission "Game Zone". Quelques jours plus tard, après que la quasi-totalité des journalistes de la chaine aient décidés de quitter le navire, le test est réécrit et rediffusé, les Level One trop "agressifs" envers les jeux Infogrames sont retirés des programmes... Bref, ça sentait bien le moisi. D'ailleurs, Infogrames se verra obligé de reconnaitre ses tords sur le terrain judiciaire.

GameZone - Marcus a raison par Dhjiz

A-t-on des affaires de ce type aujourd'hui? Pour parcourir les différents sites spé, je n'en n'ai pas l'impression. Pourtant, on remet toujours en cause la parole des testeurs. Evidemment, on peut ne pas être du même avis que le journaliste qui rédige un test, mais faut-il forcément en conclure au conflit d'intérêt, à la corruption? On peut éventuellement s'étonner que les différents sites de jeux vidéo passent sous silence des jeux triple A dont le contenu est ultra bugué, comme par exemple Assassin's Creed 3 ou Fifa 13. Mais cela peut s'expliquer, parfois, souvent même, par le fait que les éditeurs viennent probablement leur dire: "ceci est une version pré-commerciale, il y a des bugs qu'il n'y aura pas dans la version finale!". Dans ce cas, quelle position prendre?

Alors oui, biensur, il y a aussi la pub. Parfois envahissante, elle peut laisser penser que le site est "vendu" à l'éditeur du jeu en question. Pourtant, à l'âge d'or de la presse spé, les conditions étaient les mêmes: les magazines étaient remplis de pubs de jeux dont les tests étaient présents dans ces mêmes pages, et pourtant, ces titres étaient parfois cassés par les différentes rédactions. Et à l'époque, ça ne choquait personne.

Il y a aussi ce problème des "ménages": ces journalistes qui vont vanter les mérites d'un jeu lors d'une vidéo de promotion. Le premier que j'ai vu dans ce rôle était Marcus, le même Marcus de (feu) Game One, Nolife, etc, qui a ensuite travaillé pour Micromania. Quelqu'un qui a démissionné d'une chaine pour sa liberté de ton peut-il dans le même temps se "vendre" à des éditeurs? Il faudrait être schyzophrène pour cela. A l'époque, pourtant, je m'étais posé quelques questions. Mais quand j'ai vu qu'il faisait la promotion de vrais bons jeux, ça ne m'a pas plus dérangé que ça. Le pire aurait été qu'il s'enflamme pour un jeu de merde.

Non, ce qui me choque le plus en réalité, c'est l'ambiance qui s'était installée dans l'émission "Arrêts Sur Images" qui traitait le sujet. Entre un JulienC un peu trop sûr de lui et les deux camarades de GK et Canard PC constamment en train de s'enorgueillir de leur carte de presse, comme d'une preuve de leur honnêteté, et de pouffer devant les propos de leur collègue mais néanmoins concurrent de Gameblog... Merci l'ambiance!

Pourtant, la solution serait plutôt à l'union pour les journalistes. Parce que oui, la presse spécialisée a besoin des pubs des éditeurs pour vivre. Cette même presse spé qu'on sent parfois sur un fil, entre critique de jeu mais aussi volonté de survivre quitte à faire des compromis. Mais il ne faut pas oublier que les éditeurs ont aussi besoin de ces sites pour faire parler de leurs jeux. Bien évidemment, les forces sont inégales: Sony/GK, un combat un peu perdu d'avance, non? Alors pourquoi ne pas se rassembler et fonder un syndicat? Pourquoi ne pas montrer aux éditeurs que les journalistes peuvent aussi se défendre quand il le faut? Car pour que la presse jeu vidéo, il faut qu'elle soit soutenue par des lecteurs qui puissent accorder leur confiance au testeur. Le fait de jeter un voile pudique sur toutes ces affaires ne fait que renforcer la suspicion...