The Amazing Spider-Man, « reboot » de la trilogie Spider-Man, vient de sortir sur les écrans. Pour l'occasion, retour sur les épisodes réalisés par Sam Raimi, et critique de ce film que l'on doit à Marc Webb. 

Avec The Amazing Spider-Man, sur les écrans depuis le 4 juillet, celui que l'on appelle l'Homme-Araignée fait son retour sur le devant de la scène. Aux commandes, un nouveau réalisateur, Marc Webb, et de nouveaux acteurs. Car ce film, plutôt qu'une suite à la trilogie réalisée par Sam Raimi (un temps envisagée, mais finalement annulée), est en fait un « reboot » de la série, c'est-à-dire une remise à zéro de son histoire. Retour sur les épisodes déjà sortis, avec lesquels la comparaison est incontournable.

Spider-Man (2002), réalisé par Sam Raimi, raconte l'histoire de Peter Parker, étudiant timide qui vit chez son oncle et sa tante. Élève brillant en sciences mais méprisé par ses camarades, il est secrètement amoureux de Mary-Jane Watson. Un jour, lors d'une visite scolaire dans un laboratoire, il est piqué par une araignée qui lui confère des capacités physiques extraordinaires. Peu après, la mort de son oncle Ben, assassiné par un voyou en fuite, l'incite à revêtir un costume rouge et bleu pour faire régner l'ordre à New York sous le nom de Spider-Man...

Deux autres épisodes suivront, en 2004 puis en 2007. La trilogie entière est basée sur la même formule, dévoilant à la fois la vie banale de Peter Parker, partagée entre petits boulots et cours à l'université, et ses combats dans le costume de Spider-Man, en lutte avec différents ennemis. Car, on l'aura compris, ces films mettent en scène les difficultés qui se dressent sur la route du héros depuis sa piqûre, et la manière dont il va les surmonter. 

Pour maintenir l'attention du spectateur, cette trilogie cinématographique fonctionne sur différents ressorts. A commencer par la dualité du personnage : de Peter Parker, jeune homme timide, à Spider-Man, super-héros charismatique et aux pouvoirs exceptionnels, il y a un gouffre. Tobey Maguire incarne à merveille cet étudiant bien coiffé et propre sur lui, qui se voyait pendant un moment, ainsi qu'il le confie dans le troisième épisode, comme « un intello coincé qui vient du Queens ». Cette double identité permet aussi de se demander quand Peter annoncera à ses proches qui il est réellement. Et notamment à son meilleur ami, Harry Obsorn (joué par James Franco), qui, depuis la fin du premier opus, ne porte pas Spider-Man dans son cœur... Enfin, la conquête de Mary-Jane (Kirsten Dunst), loin d'être de tout repos, entretient le suspense. 

Le premier de ces films est peut-être le plus réussi. Il s'attarde sur le personnage attachant de Peter, ses premiers pas hésitants dans le costume de Spider-Man et son amour pour Mary-Jane. On peut aussi mettre à son actif une fin assez sombre. Les épisodes suivants, quant à eux, n'évitent pas toujours le pathos, avec des scènes caricaturales accompagnées d'une musique larmoyante toute droit sortie d'un épisode de Pascal Le Grand Frère. En outre, le dernier opus fait un peu adolescent, avec la vengeance du photographe Peter Brooks parce qu'il a perdu sa petite amie et les liaisons de Mary-Jane, ne sachant plus où donner de la tête entre ses prétendants. La fin de Spider-Man 3 est néanmoins très émouvante, au point d'en faire pleurer certains.

A défaut d'être géniale, la saga de Sam Raimi est donc extrêmement efficace, car à la fois spectaculaire (production hollywoodienne oblige) et touchante. Certains s'identifieront au personnage de Peter Parker, peu sûr de lui, confronté à la perte d'un être cher et amoureux d'une jolie jeune fille. Cette trilogie développe aussi des réflexions sur des thèmes plutôt matures, comme le devoir, le regard porté par les masses sur les héros ou encore la vengeance. Une suite aurait été bienvenue, mais elle n'est pas à l'ordre du jour...

Ce 4 juillet est donc sorti sur les écrans le « reboot » réalisé par Marc Webb, qui partage évidemment beaucoup avec la trilogie de Sam Raimi. The Amazing Spider-Man raconte ainsi, dans les grandes lignes, la même histoire : celle d'un un adolescent amoureux d'une camarade de classe et confronté à la perte de son oncle, qui, après avoir été piqué par une araignée, décide de devenir Spider-Man pour protéger les habitants de sa ville. On retrouve aussi d'autres constantes, un peu moins évidentes. Par exemple, l'ennemi affronté par l'Homme-Araignée, comme c'est le cas à plusieurs reprises dans la trilogie, est un scientifique qui entretient avec Peter de bonnes relations. 

Mais Marc Webb a aussi opté pour des changements, d'une importance variable, par rapport aux films de Sam Raimi. Ainsi, Harry Obsorne, le meilleur ami de Peter Parker dans la trilogie, a disparu. C'est aussi le cas de Mary-Jane, remplacée par Gwen Stacy (jouée par Emma Stone), un personnage qui apparaît seulement dans Spider-Man 3. Au contraire, l'ennemi affronté dans ce reboot par l'Homme-Araignée est absent des films de Sam Raimi. Enfin, les origines de Peter Parker sont évoquées, avec des précisions sur l'identité de ses parents. 

Au départ, le film fait un peu peur, car, après trois épisodes, accepter de nouveaux acteurs est difficile. De plus, le skate que trimballe Peter fait craindre un Spider-Man version « d'jeun's », avec une caricature d'adolescent. Mais dès que les péripéties s'enchaînent, le film devient plaisant à suivre, notamment grâce à son aspect spectaculaire (certaines images sont impressionnantes). Sur la durée, Andrew Garfield, le remplaçant de Tobey Maguire, est attachant, tout comme le couple qu'il forme avec Gwen Stacy. The Amazing Spider-Man se différencie aussi par sa manière d'appuyer le décalage entre les deux identités du héros, en les mélangeant dans la même scène : on peut voir Peter dans son costume d'Homme-Araignée, mais avec son sac de cours sur le dos. 

The Amazing Spider-Man a bien sûr des limites. Plus encore que dans la trilogie, son histoire repose sur une accumulation de hasards, ce qui la rend savoureuse mais peu crédible. Film hollywoodien oblige, elle est également assez prévisible. 

Bien sûr, il est difficile de comparer un seul film à une trilogie entière. D'autant plus que le premier Spider-Man est probablement le meilleur de la saga. Deux autres épisodes étant prévus, il faudra voir si Marc Webb saura apporter un vrai souffle à ses films sur la longueur. Mais d'ores et déjà, son coup d'essai est prometteur. S'il est prévisible et loin de faire oublier la trilogie, qui a su installer des personnages attachants incarnés par des acteurs talentueux, ce « reboot » se révèle un très bon divertissement. Qui, pour la suite, augure du meilleur.