Je ne sais pas si j'ai vraiment besoin de le dire, mais cet article va spoiler la fin de GTA V. Duuuuuuh.

Je ferai peut être un jour une synthèse de GTA V. Peut être. Tout a déjà été dit sur ce jeu, donc je n'ai aucun intérêt à paraphraser le reste du monde à dire "le sénario é pa supère mé o moin on peu bésé dé pute, 19/20". Mais j'avais tout de même envie de donner mon avis sur la fin du scénario.

Si vous avez lu mon article sur l'implication du joueur dans un scénario de jeu vidéo, il est possible que vous ayez pensé à moi en finissant GTA V, et j'ai même été un brin dégoûté de ne pas avoir joué au jeu de Rockstar avant de l'écrire. Pour faire court, GTA V a trois personnages : deux braqueurs confirmés (Michael et Trevor), et un nouvel arrivant dans le milieu (Franklin). Comme beaucoup le savent désormais, Trevor est probablement le personnage le plus marquant du jeu, mais aussi le seul vrai tour de force scénaristique de Dan Houser : celui de nous attacher à un personnage absolument détestable. Sur le papier, il ressemblait plus à un personnage secondaire gesticulant dans tous les sens classique de la série depuis GTA 3 (au hasard, Yusuf Amir de GTA IV et The Ballad of Gay Tony). Finalement, il est bien plus que ça. Difficile à décrire en quoi il l'est, mais malgré sa personnalité répugnante, on ressent de la compréhension vis à vis de lui. Peut être simplement grâce à son background lié à Michael, peut être aussi parce qu'il n'est pas fou et parfaitement conscient de ce qu'il est.

Revenons donc aux trois fins qui nous sont proposées. Deux ripoux viennent voir Franklin. Le premier lui demande de tuer Trevor, le second lui demande de tuer Michael. Il a un troisième choix, celui de ne tuer personne - qui elle celle que j'ai choisi, mais vraiment juste pour avoir les trois personnages même après la fin du jeu - ce qui enclenche une très longue mission dans laquelle les trois personnages vont aux quatre coins de la ville pour assassiner tous les truands qui les dérangent. Soyons clairs : cette fin est nulle. Mais ce qui est encore plus nul, c'est qu'on ait la possibilité de la choisir, ainsi que la fin dans laquelle on peut tuer Michael.

Je suis certain de ne pas avoir été le seul à regarder la séquence dans laquelle le type du gouvernement demande à Franklin de tuer Trevor, et m'être dit "mais oui, c'est évident". En effet, c'est évident. La plupart des problèmes des trois héros viennent du côté imprévisible de Trevor, de sa personnalité excentrique, de sa provocation permanente, de son impossibilité à se comporter comme un être humain normal. D'une certaine façon, si cette fin était LA fin de GTA V, ça aurait été un merveilleux écho à Scarface, avec le personnage incontrôlable qui se voit assassiné à cause de lui et de lui seul. Mais la présence de ces deux autres fins annule toute cette puissance, tout ce sentiment "ça n'aurait pas pu être autrement". A force de vouloir surprendre le joueur, on oublie de donner un sens à sa fin. Mais si vous vous posez la question, ça n'a rien à voir avec ce qu'il a pu se passer avec Mass Effect 3, pour lequel les joueurs ont honteusement voulu imposer la fin qu'ils s'imaginaient. Avec cet article, je ne critique pas la fin que Rockstar a choisi, je critique le fait que Rockstar ait refusé de choisir sa fin, alors qu'ils en avaient une splendide à leur disposition. Et il me semble que le jeu suppliait à Dan Houser sa fin "logique", que je vais décrire ici comme elle me vient.

N'ayons pas peur des mots, Trevor est un personnage qui fout la merde, depuis la première fois qu'on le voit. Il se met à dos la moitié des gangs des USA (et même de Chine) pour une raison qui m'échappe la plupart du temps, simplement parce qu'il est imprévisible. 

Malgré toute l'affection que j'ai pour lui, et je sais que je ne suis pas le seul, on sait tous très bien qu'il est un personnage qui fait du mal autour de lui, bien plus encore que Michael et Franklin (qui se veulent un peu plus "gentils", mais au fond ce sont autant des psychopathes que Trevor). A un moment il fait le pas de trop, il tue la personne de trop, celle qui n'est pas réparable en tuant la moitié des gangs des Etats-Unis (comme cette horrible fin dans laquelle tous les personnages survivent).

Franklin et Michael discutent, réfléchissent à toutes les solutions, et en concluent qu'ils ne peuvent rien faire de plus que tuer Trevor. Ils débarquent dans sa caravane, la mitraillent de l'extérieur, la porte s'ouvre, Trevor en sort ensanglanté. Ils arrivent tous les deux devant Trevor, criblé de balles mais encore en vie, qu'ils doivent abattre à contre-coeur comme un chien enragé qu'on a depuis 10 ans, mais qui a attaqué une petite fille et qu'on est forcé de piquer. 

Et voilà comment ils auraient transformé un scénario totalement anecdotique en un coup de génie, exactement comme ils ont su le faire avec Red Dead Redemption.

Dommage d'avoir voulu transformer le joueur en scénariste.