Ecrire un avis, c'est bien.
Ecrire une critique, c'est mieux.

Gameblog est toujours parti du principe qu'un test de JV est subjectif. Chose à laquelle j'étais assez d'accord. Mais au fil du temps, j'ai remis en question cette idée reçue.

Un avis, tout le monde en à un. Et ils se valent tous. Mieux que ca, ils sont tous sur un même pied d'égalité. On se trouve sur une structure horizontale. Pas de hiérarchie. Mon avis à autant de valeur que le vôtre et que celui d'un des rédacteurs. Qui peut dire que l'avis d'un tel est moins bon que celui d'un autre ? Personne. Après, mon avis a, pour moi, évidemment plus de valeur que celui d'un autre. Normal, c'est le mien. Le vôtre a plus de valeur pour vous que le mien. Du simple bon sens.

Nous avons donc deux groupes d'avis. Un groupe avec son propre avis et un groupe avec tous les autres avis. Nous aurons évidemment plus d'affinité avec certains autres avis qui rejoindront le nôtre ou qui nous interpelleront. Cela dépend de chacun. C'est la subjectivité. 

Mais avec tous ces avis, on n'est pas très avancé. Comment faire la part des choses entre tous ces avis qui partent dans tous les sens ? La seule piste, c'est de bien connaitre la personne qui écrit un avis afin de savoir si on a une affinité générale avec ses avis. Mais à quoi ca sert en fin de compte ? Ca revient à convaincre des convaincus. Conclusion, un avis, ça ne sert à rien à part pour soi-même. Donner son avis, c'est purement narcissique, purement subjectif, purement passionnel. C'est du J'aime/J'aime pas. Et quand un site pro publie un avis sur un jeu, ca n'a strictement aucun intérêt journalistique. A l'avance, on sait qu'il y aura des lecteurs pour, et d'autre contre... 

... et ça s'arrête la. 
Aucun intérêt. Journalistiquement parlant.

Mais heureusement, il y a la critique. 
La critique, ce n'est pas un avis. Ca va au-delà de l'avis. La critique demande du recul, demande un savoir. Elle demande une expérience professionnelle dans un certain milieu. La critique demande de l'objectivité. Voilà, le vilain mot est laché. Ob-jec-ti-vi-té. La critique, c'est l'opposé d'un avis. Ecrire une critique, ce n'est pas donner son avis, mais donner des clés aux lecteurs. Les clés nécessaires à comprendre et décoder une oeuvre afin de construire son propre avis. Le critique va même aller plus loin car il posera un jugement afin de guider son lectorat. Son jugement est justifié par le recul que le critique sait prendre, par l'expertise professionnelle du milieu et son savoir. Sans savoir, impossible de réaliser une critique. Alors qu'un avis, justement, peut tout à fait être émis sans aucune connaissance particulière. 

Interro surprise : Qui n'a jamais défendu un jeu qu'il sait pourtant pertinemment mauvais ? Où est l'avis personnel, où est l'embryon de critique ?

Par ce savoir, soit l'expertise d'un domaine précis, la critique est pérenne dans le temps. Une critique est réalisée à un instant T sur base d'un savoir au même instant T. Le jugement d'une oeuvre est immuable. Alors qu'un avis, lui évoluera avec l'expérience qu'on acquière au fur et à mesure. Changer d'avis est tout à fait légitime. Ecrire une critique est difficile car il faut prendre un recul presque immédiat. Seul le savoir et l'expérience permet de le faire. Il faut également confronter l'oeuvre dans le temps, dans le futur - comment elle va viellir - et en même temps, par rapport au passé du milieu dans lequel l'oeuvre s'inscrit. Soit, définir d'où elle vient, dans un contexte précis, et vers où elle va. Tout cela demande bien évidemment du talent. Une qualité rédactionelle couplée une certaine maturité intellectuelle. Décoder les clés de compréhension d'une oeuvre n'est pas toujours simple. Si on pousse le concept de critique jusqu'au bout, les différentes critiques d'une oeuvre devraient logiquement s'harmoniser, être semblable. Ce n'est pas une question de pensée unique. Attention à ne pas faire de mauvais raccourcis. Les critiques devraient être sur le même diapason, mais les avis issus de ces critiques, elles, elles sont toutes différentes suivant la sensibilité de chacun. Tout ceci est théorique car nous sommes des êtres humains et faire abstraction totale de la subjectivité est impossible. Mais c'est bien vers cela qu'il faut tendre quand on entame une critique.

Et Gameblog dans tous cela ? Qu'est-ce qu'ils écrivent ? Avis ou critique ?
Ils écrivent bien évidemment des avis. Des opinions personnelles (parfois même écrit en "je"). 

Prenons un exemple : Star Wars Battlefront testé par Carole Quintaine. A la sortie du test, le 17 novembre 2015, elle le note généreusement 3,5 étoiles sur 5 avec donc la mention : BON jeu. Quelques semaines plus tard lors du Top/Flop annuel, le 31 décembre 2015, le même jeu se retrouve, chez Carole, dans les flop de l'année. Les FLOP putain ! En toute logique, un BON jeu ne se retrouverait ni dans les top (très bon jeu), ni dans les flop (mauvais jeu) puisque qu'il est juste bon. Mais ici, il est délibérément mis dans les flop ! En 6 semaines, Carole a changé d'avis. En soi, personnellement, elle en a le droit. C'est simplement que c'est complètement aberrant que sur un site qui devrait critiquer des jeux, le jugement soit ainsi volatile ! Comment pouvons-nous, dès lors, se fier à leur jugement ? Nous ne le savons pas. Tout simplement. Parce que ce n'est pas une critique, mais un simple avis. L'avis de Carole sur ce jeu n'a aucune valeur. Aucune. Pas plus en tout cas, que n'importe quel membre qui donnerait, à son tour, un avis sur le jeu.

Autre exemple significatif : The Order : 1886. Testé par Julien Chièze le 19 février 2015. Il reçoit une note de 3,5 étoiles sur 5. Soit un BON jeu. Alors que sur plein d'aspects objectifs le jeu est mauvais. Qu'il ait apprécié le jeu ne pose pas un problème en soit, c'est son avis, c'est son ressenti. Mais il ne peut pas le définir comme un bon jeu en le publiant sous la casquette de rédacteur journalistique. Son rôle en tant que "journaliste JV", c'est de réaliser une critique qui, explicitement, défini le jeu dans un contexte. Cette oeuvre doit être située dans un espace/temps pour nous révéler ce qu'il apporte au JV, ce qui le caractérise objectivement afin d'en extraire des clés pertinentes pour les joueurs et qu'ils puissent juger si oui ou non, le jeu leur procurera du plaisir. Les tests doivent être réalisé pour les joueurs. Pas à la gloire narcissique du rédacteur. Lire que le rédacteur déclare son amour platonique envers MGSV nous avance à rien. Un joueur ne saura pas choisir en tout état de connaissance. Il va se fier à un simple avis lambda. Et c'est très casse-gueule. Car, à ce moment là, si on part sur le principe d'avis au lieu de critique, un autre rédacteur aurait pu très bien détester le jeu et l'avis aurait été tout autre. Qui à raison ? Qui à tord ? Aucun... ou les deux. Parce que leur avis se valent totalement. Ecrire un avis à la place d'une critique, c'est décider pour le joueur si le jeu est bon ou pas. Et le but n'est clairement pas de décider à la place du joueur mais d'offrir au joueur les bonnes cartes pour qu'il puisse se forger son propre avis.

Un critique est comme un juge. Il guide le jury. Il donne les clés du procès aux jurés pour les aider au mieux à définir leur jugement.

Merci de m'avoir lu. Les singes vaincront.