Je démarre une petite série de billets un peu particuliers. En effet, je reçois par MP pas mal de demandes de conseils concernant l'acquisition de certains hardwares, dans l'optique de profiter pleinement des joies incomparables du jeu sur support d'origine (chose que, vous ne l'aurez pas manqué, je supporte un tout petit peu ici ^ ^).

Le but est d'offrir quelques pistes pour jouer dans des conditions optimales, tout en tournant le dos au marketing de la nostalgie hélas très en vogue de nos jours (les fameuses "consoles mini", qui offrent des expériences de jeu émulées, sur écrans HD inapropriés, tout juste potables de mon point de vue).

Pour commencer en douceur, je vais m'atteler au cas de la Nintendo 64, un support assez peu pratiqué, me semble-t-il, dans les cercles "retrogaming" (ce que je déteste ce terme !). La cause à des conditions de jeu assez exécrables en 2019, sans un minimum de bidouilles, et d'autant plus sur les supports PAL que nous connaissons tous. Je n'ai parlé qu'une seule fois de la Nintendo 64 : c'était juste pour souligner (avec bienveillance) l'ironie des choix de Nintendo et de son 64DD (voir le Fail de la Nintendo 64). La mettre un peu plus en avant me semble donc opportun. C'est parti !

1/ L'importance du choix de l'écran.

Sujet qui fâche d'entrée de jeu, je sais que de nombreux joueurs sont récalcitrants à garder ou acquérir un écran à tube CRT. Ceci dit, pour toutes les consoles en basse résolution (pré-HD), c'est pourtant la clé de voûte d'une expérience de jeu authentique et (surtout) optimale sur supports d'origine. Il n'y a pas à tergiverser, ces écrans à la technologie particulière (canon à électrons qui balaye horizontalement une surface de phosphore) ont littéralement façonné le hardware des consoles "retro" que nous chérissons tant. Les mépriser en s'efforçant coûte que coûte à les bannir de chez nous n'est pas très juste, car ils font partie intégrante de l'histoire du média et de leur aspect le plus fondamental !

Je ne saurais donc que vous conseiller de vous doter tant qu'il est encore temps d'un bon petit écran CRT. Un Trinitron 35cm (pour les plus petits espaces) ou 55cm feront parfaitement l'affaire. Ce sont de bons écrans, robustes, et qui permettent d'accéder au "Service Mode" (pour le réglage de la géométrie) via une simple manip de la télécommande.

C'est une première étape, mais elle est essentielle et légitime pleinement le reste.

2/ Console Pal, US ou Jap ?

La question de la nationalité de la console est importante. En effet, la Nintendo 64 en PAL est bridée en 50 hertz, sans possibilité d'y installer un switch 50/60 hertz (contrairement à la Snes/MD/Saturn où c'est très facile). Ce qui fait que les jeux tournent moins vite, et sont parfois pourvus d'horribles bandes noires en haut et bas de l'écran qui ravagent le ratio de l'image (en l'écrasant littéralement). Certains titres ont été bidouillés pour garder le ratio d'origine (on parle alors de jeux "optimisés") mais ils tournent toujours au ralenti en 50 hertz. Certains (essentiellement des jeux du studio britannique RARE) ont été optimisés au niveau de l'animation également, ce qui fait qu'ils tournent aussi bien voire légèrement mieux (léger gain de fluidité dû aux 25fps du standard PAL). Mais c'est assez marginal comme cas de figure. Du coup, si un seul choix était à faire, j'orienterais la décision vers une console NTSC, américaine ou japonaise (au choix). Dans les 2 cas, un simple ponçage des ergots au fond du port cartouche permet de lire les jeux JAP sur une console US, et réciproquement les jeux US sur une console JAP. Alors que sur une console PAL, le dézonnage est une plaie sans nom, onéreux et très intrusif au niveau hardware.

Dézonner une console US ou JAP en US/JAP est très simple : il suffit juste de se débarrasser des petits plots au font du port cartouche qui empêchent physiquement les cassettes d'être insérées et donc lues ^^ . Pas de zonage hardware entre les zones US et JAP donc (contrairement aux modèles PAL).

Le choix d'une console NTSC (US ou JAP) dézonnée (simple ponçage d'ergots en plastique) vous permettra ainsi de lire les jeux US et JAP sur un même support, en plein écran et à vitesse 60 hertz originale. Mais un autre intérêt vient se greffer à ce choix : le prix des jeux en versions japonaises. J'y reviendrai un peu plus bas, mais c'est un GROS point à considérer dans votre choix. 

En conclusion, je ne vois aucun intérêt majeur à s'orienter vers une console PAL, difficilement dézonnable, et fâcheusement bridée en 50 hertz.

3/ Le choix du câble vidéo.

Ceux qui ont lu mon billet sur la qualité d'image sur Dreamcast savent que le choix du câble n'est pas une mince affaire et nécessite toutes les attentions. Une difficulté se glisse lorsqu'il s'agit de la N64 puisque cette console ne supporte que le signal RCA et S-Video. Deux signaux vidéos de très mauvaise qualité, fournissant des couleurs délavées d'un terne abyssal et des pixels qui bavent par tous les pores. C'est affreux !

Le signal RGB est le MUST lorsqu'il s'agit de consoles basse définition branchées sur un écran à tube CRT, et Nintendo n'a pas trouvé judicieux de doter sa console d'un tel signal. Il n'y a pas de petites économies chez Nintendo, et ils ont dû batailler sévère pour concurrencer le prix arrogant de la Playstation de Sony. Ceci dit, le monde des passionnés du JV sur supports d'origine étant très actif, un MOD a été mis au point afin de fournir à la console l'amplificateur RGB qui lui fait tant défaut.

L'ajout d'un amplificateur RGB est indispensable pour jouer à la N64 dans de bonnes conditions aujourd'hui. La manœuvre n'est pas très intrusive niveau hardware.

Aujourd'hui, cette modification s'est démocratisée (avant, on ne pouvait la réaliser que sur certains numéros de série), et vous coûtera une bonne cinquantaine d'euros. L'investissement en vaut toutefois la chandelle tant le gain en netteté est fulgurant (et ce n'est pas un luxe sur une console où le flou faisait partie des astuces de programmation ^ ^).

Désolé pour la qualité des images, c'est horrible de prendre en photo un écran à tube : entre le focus qui vacille en automatique, les zones de rafraichissement du scan qui assombrissent l'image ou les scanlines qui forment des ondulations optiques... c'est vraiment pas facile (et à des années lumières de la qualité d'image en vision réelle). Toutefois, cela permet de se faire petite idée !

4/ Le choix des jeux.

Comme je l'ai suggéré dans mon billet sur la Snes Maxi, ne vous privez surtout pas des jeux en loose. Infiniment moins rares et plus abordables que leurs homologues complets en boite / notice, le jeu en loose : c'est le bon plan absolu pour le joueur exigeant sur ses conditions de jeu, mais qui ne veut pas se ruiner dans ses loisirs. Après, rien ne vous empêche de prendre quelques titres qui vous tiennent à cœur en complet, histoire de garder un petit côté affectif et bien sympa dans la démarche. 

Versions JAP en boites/notices, cartouches US en loose. Le combo gagnant qui allie le meilleur des deux mondes, sans se ruiner. 

Si vous avez opté pour la console NTSC dézonnée, je ne saurais que trop vous conseiller de vous procurer les rares jeux à textes en version US (loose), et les autres en versions japonaises (en complet). Qui se soucie des textes dans un Mario Kart, Kirby ou Smash Bros ? Car oui, les versions japonaises de la plupart des jeux cultes se trouvent autour des 20/30e en complet ! Et vu la qualité des packagings, tout en beau carton de surcroît, pourquoi s'en priver ?

5/ Les accessoires.

La Nintendo 64 dispose d'un panel d'accessoires assez peu fourni. Mais on peut en citer quelques uns comme l'indispensable EXPENSION PAK (ou RAM PAK) qui permet d'étendre la mémoire de la console de 4 à 8Mo. Malgré une utilisation partielle sur quelques titres où il permet souvent un mode graphique "haute qualité" (en fait, l'image passe en 480i), il est surtout obligatoire pour pouvoir jouer à Zelda Majora's Mask ou Donkey Kong 64. Et une Nintendo 64 sans les joies d'un Majora's Mask original n'est pas une Nintendo 64 qui se respecte ! Plus sérieusement, le RAM PAK ne coûte rien et il permet pas mal d'améliorations sur plusieurs titres, il serait mal avisé de le snober.

Le RUMBLE PAK ajoute des vibrations sur la manette, pas trop mal pour quelques titres (notamment les Shoot type Starfox 64, ou plus incongru : afin de dénicher les passages secrets dans Zelda OOT) mais globalement dispensable.

Le CONTROLLER PAK est une carte mémoire qui s'insère dans la manette et a le rôle que l'on imagine. On oublie souvent de le considérer, mais il permet également le transfert de sauvegarde d'un jeu à l'autre. En outre, il est indispensable sur certains titres ne contenant pas de pile de sauvegarde dans leur cartouche (comme Goemon's Great Adventure, ou Rayman 2: The Great Escape pour les plus importants). Enfin, il y a quelques utilisations obscures comme dans Mario Kart 64 qui impose de sauvegarder les "Courses Fantômes" sur le CONTROLLER PAK.

Le TRANSFER PAK permet de connecter des jeux GB ou GBC à sa N64 afin d'y transférer des données. Indispensable sur les Pokemon Stadium, il est également fort recommandé pour les excellents Mario Tennis et Mario Golf (cela débloque pas mal de contenus).

Les jeux Nintendo 64 complets en versions japonaises sont relativement épargnés par la flambée des prix du "retrogaming". Se constituer une petite ludothèque bien sympa est donc encore accessible à tous.

Quelques remarques en vrac : Les jeux PAL ne passeront pas (hélas) sur votre Nintendo 64 NTSC dézonnée (via le ponçage des ergots du slot).

Les jeux PAL ne peuvent malheureusement pas être "forcés" en 60 hertz (comme sur Playstation quoi).

L'EXPENSION PAK n'"améliore" pas la qualité graphique de tous les jeux, seule une liste d'élus ont droit à une reconnaissance (et donc une utilisation) des 4Mo supplémentaires qu'apporte l'accessoire.

L'écran à tube qui restitue nativement une image en 240p est parfaitement adapté à la Nintendo 64. La géométrie des polygones, les textures, les scanlines qui détourent les modélisations, etc., tout y est dans sa forme la plus optimale. L'affichage de jeux conçus pour et par le 240p sur un écran HD brise toute cette cohérence visuelle (en plus d'enlaidir considérablement l'image).

Voilà, j'espère que ce petit billet aura pu vous être utile d'une quelconque manière que ce soit. N'hésitez pas à me faire part d'autres interrogations, j'oublie surement certains aspects. Comme pour la Dreamcast, je prépare un petit passage en revue de la ludothèque de la Nintendo 64 afin de rendre hommage aux titres phares de la console, trop peu mis en avant à mon goût (et dont certains sont fort peu connus).

Récapitulatif guide hardware :

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