Haaaa, Phantasy Star, voici là une série de RPG jadis extrêmement populaire au Japon, avant sa (regrettable) mutation vers le genre massivement multijoueur online. Peu habitué aux RPG sur support SEGA, je ne me suis jamais intéressé à la série jusqu'à très récemment, emporté par une vague d'enthousiasme pour la ludothèque Mega Drive (et Master System).

 

Jaquette occidentale, un peu kitch, qui prend énormément de libertés par rapport au chara-design de Hitoshi Yoneda (qui a conçu lui-même la pochette de la version japonaise).

Aux premiers abords bourré d'appréhension, je me suis lancé dans l'aventure après avoir lu pas mal de critiques dithyrambiques sur ce 4e épisode de la saga. En effet, si le 1 sur Master System est réputé pour être le meilleur jeu de rôle du support (je me le ferai un jour), l'épisode 2 est décrié pour ses rudesses et le 3 pour les mêmes raisons + son non rattachement à l'épopée que constituent Phantasy Star I, II et IV. Bref, il semblerait que l'épisode 4 qui clôt l'arc narratif principal soit le plus abouti, le plus intéressant. Et heureusement, si le titre regorge de clins d'oeil et de références aux anciens épisodes, il est tout à fait possible de le faire de manière isolée.

 

La version japonaise du jeu a le bon goût de proposer une carte de Motavia, absolument indispensable pour ne pas tourner en rond (pas de map in game, rude !)

C'est ce que j'ai fait pour découvrir la série sans trop de heurt, et je ne regrette pas ! Après quelques 30 heures de jeu, je dois avouer que j'ai passé de très bons moments dans cet univers vraiment particulier. Parlons-en tiens : nous avons ici affaire à une sorte de monde heroic-fantasy mâtiné d'une toile de science-fiction-futuriste (qui fait écho au passé dans le jeu !). Et si je le sentais vraiment pas sur le papier, finalement, ça m'a vraiment plu dans le jeu : l'étonnant (saugrenu ?) mélange fait mouche et s'avère même plus que savoureux.

 

Les graphismes profitent de plus de 24 MEGA POWER dans la cartouche et cela se voit. Loin de l'austérité terne des épisodes II et III sur le même support, on se retrouve ici avec des environnements remplis de détails, de couleurs et de variété. Les sprites sont jolis, pas mal d'animations en combats, énormément de backgrounds et les planètes / villages sont agréables à l'oeil. Seuls les donjons m'ont semblé un peu fades mais vu le reste, c'est excusable (et cela semble être une norme dans le genre RPG).

 

GROSSE MENTION SPECIALE aux cut-scenes réalisées en sprites. Très "PC-Engine Style", ces petites scénettes confèrent un CHARME FOU aux interludes narratifs du jeu. Gros coup de coeur pour cette approche visuelle qui soulignent d'une merveilleuse façon les moments clés de l'histoire. Indéniablement l'un des points que j'ai préféré dans le jeu.

 

Les combats adoptent la vue subjective que je n'affectionne pas particulièrement mais je dois bien avouer que j'y ai pris goût. La force des combats, c'est leur rythme punchy à souhait ! Ils fusent, ils vont à 100 à l'heure (d'autant plus que la vitesse des combats est modulable à son gré), et cela rend l'exploration des donjons et le levelling très agréables. Leur fréquence est parfois problématique lorsque l'on se perd dans un donjon, mais ça va si vite qu'on n'est jamais agacé outre mesure. Summum d'économie de temps : le système de macro qui permet d'enregistrer des séquences d'attaques prédéfinies. Ce "mode" permet en 2 clics de lancer à l'assaut sa troupe de personnages sur des ennemis lambda sans se soucier de rentrer toutes les commandes rébarbatives. Stratégiquement, cela permet aussi de créer facilement des attaques combinées dévastatrices en rentrant une séquence particulière de sorts/capacités dans un ordre précis. Bref, les combats sont fun une fois qu'on les a bien appréhendés.

 

Niveau sonore, la Mega Drive a été aidée par un processeur sonore supplémentaire implanté directement dans la cartouche. Et si cela ne se sent pas forcément, il faut écouter les OST de Phantasy Star II et III pour se rendre compte de l'évolution significative. Les compositions et les sons sont de grandes qualité, mais sont surtout investis d'un cachet très particulier. Alors oui, je regrette le manque de mélodies dans l'ensemble (j'ai été élevé avec Uematsu) mais les ambiances sonores collent parfaitement à l'univers décidément original du titre.

 

Je parlais des dessins en sprites qui agrémentent superbement les interludes narratifs du jeu. Eh bien pour ce qui est du scénario, l'un des points que j'affectionne le plus dans le RPG japonais, je n'ai pu m'empêcher de trouver la trame principale plutôt faiblarde et de surcroît teintée de manichéisme un peu grossier (Dark Force guidé par Profound Darkness qui incarne le Mal et cherche vengeance suite à sa défaite originelle contre le Bien). Cela dit, la trame est efficace, chargée de rebondissements bien sentis (qui ont été repris par la suite par Square sur Final Fantasy), rondement menée dans sa progression, et surtout : c'est au niveau du traitement des personnages, de leurs histoires respectives et de leurs interactions que j'y ai trouvé mon compte. De plus, l'écriture est d'une très grande qualité (ça va à l'essentiel, c'est chargé de sens et blindé de petites touches d'humour fort sympathiques). On peut vraiment dire que j'ai pris un grand plaisir à guider ma petite troupe à travers ce périple atypique.

 

Par contre, ce qui m'a vraiment choqué en 2014, c'est le côté un peu old-school comme par exemple :

1/ Pas de carte pour se repérer dans l'exploration 2/ Pas d'indication sur l'effet des sorts et des capacités couplé à des dénominations imbuvables (va deviner que le sort SANER augmente la vitesse de l'équipe de manière permanente) qui imposent de prendre des notes ou de tout mémoriser 3/ Pas de sauvegarde ni de soin avant un boss de donjon (je me suis fait fumer 3-4 fois à un boss après 1/2 heure à déambuler comme un connard dans le donjon, rageant !!!) 4/ Interface vraiment peu ergonomique et encore moins pratique (la gestion de l'équipement est un calvaire)...

NOTE : Les sorts de soutien, qui durent TOUTE la durée du combat (personne ne le dit diantre !!!) sont INDISPENSABLES dans Phantasy Star IV car dans la 2ème moitié du jeu, les boss te lancent des magies abusées qui touchent toute l'équipe. Réflexe : DEBAN (def up pour tout le monde) + capacité Barrier de Wren (barrière magique) + SANER (vit up pour tout le monde) + éventuellement un petit SHIFT (att up pour un perso). Prenez-en note pour votre future partie histoire d'éviter bien des déconvenues ! 

 

Bon alors, c'est beau, c'est plutôt pas mal niveau sonore (très atypique), les personnages et l'écriture sont intéressants... aurait-on ici un RPG japonais de l'ère 16 bits largement méconnu et sous-estimé ? Oui, indéniablement. Les supports SEGA étant moins hypés que leurs homologues Nintendo, certains grands jeux demeurent fort peu connus, et c'est dommage. Si vous avez une Mega Drive (j'espère grrr) et que vous êtes friands de RPG japonais de "la bonne époque", faut vraiment que vous vous intéressiez à Phantasy Star IV, le meilleur de la série, et un très trèèèès bon représentant de sa catégorie.