Après mon billet sur le très bon Legend of Dragoon, je poursuis ma série de chrono-tests (résumé de mes impressions sur un jeu, sorte de critique qui se veut non-exhaustive et plus plaisante à la lecture) avec un jeu qui me tient beaucoup à coeur.

Fer de lance d'une PSVita fraîchement sortie, Gravity Rush se veut l'ambassadeur des capacités de la nouvelle console portable de chez Sony. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le titre remplit très bien son rôle : utilisation sympa du pavé tactile (glissades, esquives), précision de visée ahurissante garantie par la gyroscopie, graphismes techniquement aboutis etc. bref, Gravity Rush s'impose comme LE jeu du launch PSVita. Hélas, cela n'a manifestement pas suffit pour promouvoir une merveilleuse console boudée par le grand public. Mais en dehors de ces considérations regrettables, que reste-t-il des qualités du titre ?

Loin du fan-service un peu grossier dont nous sommes habitués, le titre se joue de nous suggérer à plusieurs reprises, mais toujours avec beaucoup d'élégance, les "atouts" d'une Kat définitivement irradiante.

La première chose qui frappe en jouant à Gravity Rush, c'est incontestablement sa direction artistique absolument remarquable : 1/ le design des personnages est simplement magnifique (mention spéciale pour l'héroïne Kat : le jeu s'amuse d'ailleurs à distiller ses charmes avec retenue tout en dépeignant une sensualité fascinante), 2/ l'aspect des quartiers de la ville mêlant sensibilités victoriennes - modernes - futuristes est incroyable, 3/ les différents spectres lumineux éblouissent par leurs profondeurs et confèrent au titre un aspect visuel esthétisant fortement marqué.

Chaque quartier de la ville baigne dans un spectre lumineux ambiant terriblement accrocheur.

L'aspect sonore n'est pas en reste avec une bande-son d'une variété étonnante, et d'une qualité d'orchestration épatante. Les musiques du jeu ne vous laisseront probablement pas indifférent ! Loin, très loin de l'insipidité des BO vendues au conformisme ambiant qui gangrène la créativité du média JV (copie de BO de films préformatées), les musiques de Gravity Rush tapent avec éclat dans différents styles. Du rock, au jazz en passant par la symphonie (etc.), on en prend plein les oreilles et cela fait plaisir BON SANG !!!  

Haaa, le quartier de Plijeune avec son éclairage hypnotisant et son petit air jazzy charmant !

Mais le plus "fort" dans Gravity Rush, c'est son gameplay farouchement surréaliste, basé sur la maîtrise des points d'encrage de la gravité. Au départ fortement déroutant (on n'en distingue que difficilement les contours et les enjeux), ce gameplay "jamais vu" se laisse gentiment dompter au fil des heures de jeu pour finalement laisser le joueur dans un état d'extase vidéoludique, maître de l'intégralité de la spatialité du jeu. Une expérience de gameplay unique qui, une fois de plus, ne peut vous laisser de marbre et qui mérite pleinement que l'on s'y intéresse.

Et si j'ai à redire sur le fastidieux système de collecte d'expérience qui passe (partiellement) par l'accomplissement de multiples défis (beurk), le jeu est très pauvre en points négatifs. Même les tares techniques ont été déjouées avec intelligence, comme illustré parfaitement par l'astucieux système de distance d'affichage du jeu (les parties très éloignées de la ville apparaissent uniquement dans leurs contours crayonnés pour se remplir progressivement au fur et à mesure que l'on s'en rapproche... -ou comment détourner une contrainte en parfaite composante d'une direction artistique-).

Le scénario du jeu (je trouve à ce propos son dénouement trop abrupt et pas assez clair, dommage car il est véritablement captivant) se raconte au fil de brèves bande-dessinées interactives du plus bel effet.

Mon voyage vidéoludique dans cette merveilleuse ville d'Hekseville s'avère simplement inoubliable. Gravity Rush est un jeu véritablement marquant, qui fera date j'en suis persuadé, et qui porte à lui seul la ludothèque de cette brave PS VITA.