Il est des idées parfois étonnantes, détonnantes diront certains, qui sortent des sentiers battus d'ordinaire usités. Avec plus ou moins de réussite commerciales il est vrai mais avec souvent un concept original puisé dans les limbes profondes de cerveaux féconds. La sortie de la nouvelle console de SONY nous a invité à en savoir davantage sur les inspirations qui ont vu naître la bête, d'abord sur le papier, durant l'année 2018 où les premiers crayonnés ont tracé la feuille blanche sous la main du talentueux et non moins singulier chef de projet de la branche design&style de Playstation : Junsuke Imato-Le Ouadec. Rencontre.

 

 

 

Kamegult : Votre nom n'est pas le plus cité lorsque l'on parle de la sortie de la nouvelle console de SONY. Pourtant au Japon votre patronyme sort de l'ordinaire. 
Junsuke Imato-Le Ouadec : (Rires). Les joueurs ne s'intéressent pas souvent au nom des designers. Cela m'arrange. Je ne suis pas poursuivi dans la rue. Mon arrière grand-père était français. Né à Brest, le pays de la pluie et des mouettes. Il a rencontré ma grand-mère qui avait quitté Hokkaido durant la guerre. ils se sont mariés en Bretagne puis sont venus s'installer définitivement au Japon dans les années 1950. J'ai décidé de conserver le nom de famille de mes arrières grands-parents comme ma mère et mon grand père l'ont fait avant moi. Mais pour un natif de Tokyo mon nom peut interpeler.

 

Kamegult : Comment SONY vous a t'il présenter le projet de design de ce qui allait être la future Playstation 5 ainsi que les contraintes du cahier des charges ?
Junsuke Imato-Le Ouadec : Et bien, on ne m'a pas trop contraint dans mon travail à vrai dire. C'était presque une mauvaise chose ! (Rires). On apprécie souvent en design produit et design industriel avoir des règles précises à respecter pour guider un concept. J'ai beaucoup parlé avec Cerny san (Mark Cerny : Ndlr) sur l'architecture interne qu'il envisageait pour la machine. Il m'a assuré que l'aspect technologique pouvait être condensé dans un espace particulièrement réduit. Un travail très audacieux a été réalisé avec AMD à ce sujet. Le coeur et le cerveau de la console sont doués d'une miniaturisation extraordinaire. 

 

Kamegult : Pourtant la console est reconnue comme la plus imposante en terme de taille jamais commercialisée par SONY.
Junsuke Imato-Le Ouadec : Cerny san m'avait recommandé de visualiser une console imposante dans son format. Techniquement il était parfaitement possible de la faire deux fois moins grosse. Mais il pensait qu'une console imposante pourrait impressionner les joueurs. je suis donc parti dans l'idée de créer un bel objet dont les courbes ne seraient pas forcément très utiles au sens pratique mais élégantes sur le plan esthétique.

 Kamegult : Quel fût le point de départ de ce qui deviendra la console ? Avez vous eu des inspirations particulières ?

Junsuke Imato-Le Ouadec : Oui bien sûr. J'avais très envie de suivre une idée chère à mes racines lointaines. Je me rappelle que mon arrière grand mère me racontait, quand j'était petit, qu'elle avait du porter une tenue bretonne traditionnelle à son mariage. Il y a notemment une photo de l'époque qui m'a marqué. Elle portait une sorte de chapeau blanc allongé vers le haut. (Il s'agit d'une coiffe bretonne : Ndlr)

 

Kamegult : SONY vous a donc laissé carte blanche sur la conception très "régionale" de sa console.

Junsuke Imato-Le Ouadec : Je remercie infiniment Cerny san et bien entendu l'ensemble de la direction de San Mateo (Siège mondial de SONY Interactive Entertainment en Californie : Ndlr) pour m'avoir laissé dessiner la Playstation 5 sur les bases d'une coiffure traditionnelle bretonne. J'en suis très honoré. Et j'espère que tous les bretons de France, mes cousins éloignés, auront une pensée pour leur belle région en jouant à nos jeux fabuleux.