Après réflexion, je pense sincèrement que cette conférence de présentation de la Xbox One est un très beau coup pour Microsoft. M'a-t-elle convaincue en tant que joueur ? Assurément, non. En tant que ludophile aguerri ? Non plus. Cependant, je pense que Microsoft a parfaitement joué son coup en terme de marketing et de communication. Pour quelques raisons simples, que voici :

 

 

L'industrie évolue. Aujourd'hui, une console qui propose uniquement du jeu vidéo, est voué à un échec cuisant. Car développer une machine demande des ressources au-delà de l'imaginable, à moins de vouloir créer un énième clone tournant plus ou moins correctement sous Android.

Viser le core gamer uniquement est impossible. Nintendo, qui revient clairement vers les joueurs avec la WiiU, en fait l'amer expérience avec de piètres ventes (ce qui ne l'empêche pas aussi,  son niveau d'embarquer de la TV et compagnie). Il en va de même avec la Vita de Sony, qui est à n'en pas douter la console la plus core gamer de l'histoire. En dépit de mon amour immodéré pour cette dernière, c'est un four sans nom, pour le moment. 

Cette génération sera celle de l'expérience. PS3 et 360 ont grandement aidé à implanter la télévision HD, cette dernière est redevenue la pièce maitresse du salon.

C'est maintenant à son tour de « rendre la pareille » en vendant de la console : acheter une Xbox One, c'est la promesse pour l'Américain de base de mieux rentabiliser sa dalle à 1000$ achetée à crédit revolving.

 

Cette approche est clairement la bonne, car elle est celle vers laquelle converge toute l'industrie : que ce soit Amazon qui se met aux séries, aux télé-connectées, au media centers, à la télé d'Apple qui sortira peut-être un jour, à la popularité grandissante de la VOD, tout est là pour qu'on reste un maximum de temps devant l'écran. S'inscrire dans cette logique est non seulement logique, mais surtout vital en 2013. 

Donc oui, mettre la télé au cœur de la philosophie d'une console, ça coule de source.

De plus, je pense que Microsoft vient de bien jouer son coup en se débarrassant de son linge sale maintenant. L'occasion est bloquée sans qu'on passe à la caisse. La rétrocompatibilité passe à la trappe. Ces nouvelles font-elles chaud à mon petit cœur ? Non. Sont-elles logiques ? Oui. Sony fait-il la même chose ? Oui. En intégralité.

Shuhei Yoshida a tout de mêle dit texto : « Non, la PS4 ne bloquera pas l'occasion, nous vous en communiquerons les termes ultérieurement ». Au même titre que la Xbox One, vous pourrez mettre votre disque dans la console et y jouer, techniquement. Mais là où Microsoft joue franc-jeu, Sony laisse planer le doute. Lisons un peu entre les lignes : EA arrête les pass-onlines, Sony nous annoncera plus tard les termes exacts du jeu d'occasion ? Vous pensez vraiment pouvoir mettre n'importe quel jeu dans votre PS4 et y jouer directement ? Vous êtes bien naïfs.

De même pour la rétrocompatibilité : sous couvert d'un Gaikai implémenté dans le futur (un jour ?), Sony nous fait passer la pilule en douce. Mais devra bien un jour voir la réalité en face : Gaikai n'est pas pour tout de suite, et perso je vais garder ma PS3 sous la télé pendant encore pas mal de temps, PS4 ou non, histoire de profiter de mes jeux en bluray et du PSN.

 

A l'heure actuelle, Microsoft a globalement perdu la première bataille. Et c'est à mon humble avis une partie de leur stratégie autour de la communication de la console.

Là où ils pourront, dès l'E3, envoyer les grosses cartouches sur les jeux et le futur de la console, Sony devra tenter de ranger ses cadavres entre quelques nouveaux trailers de jeux déjà en partie présentés. Là où Microsoft aura gardé le bad-buzz de début et remontera dans l'estime des joueurs, Sony risque de se retrouver désabusé, et les joueurs se sentiront sans doute trahis.

Du reste, les consoles sont de quasi clones (première fois que je vois ça d'ailleurs), avec des specs plus ou moins identiques, une caméra fournie de base, de la mémoire unifiée et le réseau au centre de tout.

Vu le prix de développement que coutera un AAA de base sur next-gen, il y  a fort à parier que c'est davantage dans l'expérience que les grosses exclusivités se joueront (série TV Halo, on retombe sur nos pieds).

Et là, Microsoft risque de toucher le gros lot.

 

En clair, même si personnellement je ne suis pas emballé par ce qu'on connaît actuellement de la Xbox One, il s'agit sans doute là d'une des plus belles leçons de damage control de l'histoire du jeu vidéo. Wait & See.