4h30, mardi 5 juin 2012. Cet article est écrit à chaud, après la conférence de Sony,

 

 

En une phrase, Sony a tout changé : « La PlayStation 4 ? Elle est déjà dans votre salon. »

Comme beaucoup, je suis sous le choc. Je m'attendais à quelque chose. Les rumeurs le prédisaient. Mais là, je suis littéralement tétanisé. Ce que nous avons vécu ce soir, c'est l'envol du jeu vidéo. Ce que nous avons vécu ce soir, c'est un moment historique pour notre media préféré. Pas quelque chose d'aussi traditionnel qu'une nouvelle console ou un nouvel acteur. Non. Ce que nous avons vécu, c'est le bouleversement de tous nos repères, tous nos systèmes de valeurs, étalons, références.

Ce que nous avons vécu ce soir, c'est l'avènement du jeu vidéo en tant que moyen d'expression, et plus en tant que produit technique.

 

Plus qu'un coup de poker. Plus qu'un pari. Plus que tout ce qu'on pouvait espérer. Certains crient déjà au scandale. Moi aussi je cris, mais au génie. Sony vient de redéfinir toute notre vision et horizon d'attente. D'un pas hasardeux, hésitant. Avec le sentiment qu'on s'avance vers l'inconnu, l'inexploré. Après coup, on se dit bien qu'on aurait dû le voir venir. Dans un sens, je m'y attendais. Mais pas venant de Sony. J'aurais parié ma (maigre) fortune sur Apple. Peut-être ont-ils eux aussi un projet similaire. Mais ce ne seront pas eux les premiers.

Avant eux, quelqu'un aura rendu tout hardware dépassé. Cassé les limites physiques d'une bécane. Tué le dématérialisé dans l'œuf alors même que tout le monde l'imaginait comme norme.

Ce soir, Sony a changé la face du jeu vidéo. Nous ne sommes pas face à une révolution. Nous sommes face à une redéfinition.

 

Comment expliquer cette redéfinition, comment aurions-nous dû la sentir ?

La première chose qui aurait dû nous mettre la puce à l'oreille, c'est le nom de code de la PlayStation « 4 ». Parce que justement, ce n'est pas « 4 ». Mais Orbis. De tout temps, s'est-on posé la question du nom des consoles Sony ? Non. Après la PS1, la PS2. Après la PS2, la PS3. Mais après la PS3, pourquoi la Orbis ?

De même, pourquoi avoir nommé la Vita ainsi ? Pourquoi réduire la marque PlayStation à sa plus simple expression, les lettres PS ? Pourquoi mettre en avant le logo Sony et non pas PlayStation au lancement de la console ? Pourquoi mettre en avant le streaming de la PS3 vers la Vita, le présenter aux développeurs, pour finalement le laisser tomber ? Aucun sens.

Mais plus que tout, je pense que ce choix est dû à la mauvaise santé financière de Sony. La PS3 a été un enfer à créer. Son processeur, le Cell, reste encore aujourd'hui en travers de la gorge de ses créateurs. Cela tient de la logique pure. Pas envie d'investir des millions en R&D. Pas le temps. Pas le courage peut-être. Plus le courage.

Cette phrase de Tretton a de toute façon parfaitement résumé la situation : « Microsoft avait bien joué en sortant la 360 un an avant la PS3. La PS3 a du faire avec cinq millions de consoles de retard. Maintenant, la Xbox 3 devra faire avec 65 millions de consoles de retard. Courage, Microsoft. »

A présent, tout n'est plus que flux. Enfin peut n'être plus que flux. Sony a parfaitement compris que l'intégralité du marché n'est pas encore prête au cloud gaming. La Vita gardera ses jeux traditionnels, la PS3 aussi. Mais pour la console portable, en Wifi chez soi, c'est bien une PS4 qu'on aura dans les mains. De même que la PS3 une fois connectée au PSN.

Le jeu vidéo rejoint enfin le cinéma. On ne pose pas la question de savoir comment va tourner un DVD avant de l'acheter. On l'achète, on le met dans son lecteur, et c'est tout.

Pour le jeu vidéo, jusqu'à aujourd'hui à 3h00 du matin, c'était encore le cas. Plus maintenant.

Gaikai est-il le bon partenaire ? Le catalogue de jeu encore limité séduira-t-il ? Payer le PSN+ (au prix devenu élevé) en plus de ses jeux est-il la bonne approche ? On s'en moque. Aucune importance. Au même titre qu'Apple aurait bien pu vendre le premier iPhone à 10 000$, ça n'aurait eu aucune importance. Ce qu'il est important de constater ici, c'est que Sony a fait le premier pas. Sony a fait évoluer l'industrie à pas de géant. Le sceau de l'innovation leur est réservé.

 

Il est de toute façon clair que ce qu'a fait Sony aujourd'hui, c'est soit courir à sa perte, soit reprendre sa place de leader. Nous le saurons dans quelques petits mois. En attendant, je sens que dans les semaines à venir, ma PS3Orbis et ma VitaOrbis chaufferont comme jamais.

Sony rime enfin de nouveau avec génie.