J'ai beau déjà avoir écrit un test sur le jeu, j'avais envie d'en parler de nouveau, tellement 999 m'a bouleversé.

Je le dis, je le pense, le signe et l'assume : il a à jamais changé ma vision des scénarios dans le jeu vidéo, de l'importance de la narration, de l'implication du joueur, du quatrième mur vidéoludique, de l'utilisation d'une machine à bon escient. Et plus que tout, il a changé ma (petite) vision du game design, de la conception d'un jeu vidéo d'une manière générale.

Je mâche mes mots. Il faut faire ce jeu. Point. Ne pas le faire serait passer à côté d'une des plus belles créations vidéoludiques de l'histoire, mais aussi de la preuve accablante que le jeu vidéo, quand bien maitrisé, est une forme d'expression supérieure à la littérature et au cinéma (j'entends par là qu'il permet de créer des choses impossibles dans l'autre sens). Vous pouvez d'ailleurs tester une démo en ligne (pas besoin de DS) ici ! Et accessoirement, vous pouvez lire l'excellente critique de Destructoid, qui résume parfaitement le jeu, et réussit à le définir en une seule phrase :

"Mais plus que tout, la révélation finale du jeu est tellement incroyable et executée avec tant de brio que je vous promets qu'elle vous suivra à jamais, durant toute votre vie de joueur."

Je comprends bien que tout le monde me lisant ne se jettera pas sur le jeu. C'est dommage, mais je le comprends. J'écris donc cet article pour vous parler en quelques lignes de toutes les portes ouvertes par 999. Certaines l'avaient déjà été, d'autres non, mais qu'importe.

Ce jeu a révolutionné ma vie de gamer.

 

 

Je ne pense pas avoir besoin de le préciser, cet article contient énormément de spoilers, et ne doit être lu que par les personnes ayant fini le jeu à 100%, ou par celles qui n'y joueront jamais.

 

 

 

 

Sans trop entrer dans les détails, la base de l'histoire de 999 repose sur la télépathie et la résonance morphique. Pour faire simple, les évènements que vous êtes en train de vivre, une personne, à un autre endroit, dans un autre espace-temps, est en train de les imaginer, de les vivre à travers vous.  Qui est cette personne ? Il y a deux réponses. La première est expliquée dans l'histoire : c'est un des personnages du jeu dans le passé. La deuxième est celle est qui est intéressante ici : c'est le joueur en tant que tel. La personne qui tient la console dans ses mains.

 

L'avancée dans l'histoire de 999 repose sur des fins multiples : dans chacune, on apprend un élément de scénario qui n'est pas offert dans les autres. Certaines fins ne se débloquent qu'après en avoir fait d'autres. Et celles-ci prennent comme acquis des éléments explicités dans d'autres fins, comme si c'était logique. Notre personnage dans le jeu ne comprend pas pourquoi il le sait, et pourtant il le sait. Quand une révélation incroyable lui ai faite, il pense « mais pourquoi ne suis-je pas surpris ? C'est comme si je le savais déjà ».

La narration de 999 est à la troisième personne. Pourtant, à un moment, le jeu passe à la première. J'ai envie de dire qu'on peut résumer l'intégralité du jeu en une seule phrase « He knew it because I knew it ». La télépathie et la faculté de passer des idées aux autres : c'est ce que le joueur fait en découvrant le jeu. Chacun de ses New Game crée des espace-temps parallèles, ou le futur du héros est altéré. Cependant, le joueur, lui, a conscience des « flags », des différents espace-temps, et peut les altérer. Dans le True End, un des personnages nous dit « Mais tu n'as toujours pas compris ? Le responsable de tout ça, c'est toi ». Il ne s'adresse pas au héros, mais directement à moi, joueur. Du point de vue des personnages du jeu, il est impossible de connaitre toute la vérité. Avoir pris certains passages en bloque d'autres. Seul le joueur est omniscient et a accès à plusieurs réalités. En les connaissant toutes, c'est l'évidence même : c'est bien le joueur qui est le créateur du scénario du jeu. Nul autre que lui n'aurait pu l'être.

 

Et cela va même au-delà, et prouve l'incroyable talent des développeurs. La DS possède deux écrans. Jusque-là, rien de bizarre. Pendant le jeu, on utilise l'écran du bas pour résoudre des énigmes, via le tactile. Toujours rien de bizarre. Cependant, à la fin du jeu, une scène inverse la console, et l'écran du haut devient celui du bas. On joue la console à l'envers. Et c'est à ce moment que la bulle de compréhension éclate : les deux écrans représentent deux espace-temps différents. L'écran du bas, c'est nous, joueur. L'écran du haut est celui de Junpei, le héros, qu'on aide, par « télépathie ». Je vous le garantis, quand on s'en rend compte, c'est un gros coup de Taser dans les roubignoles. Le twist de Heavy Rain, pour ne pas le citer, c'est une véritable blague, à côté.

Pour la première fois, je me suis fait duper, arnaquer. Pendant 25 heures, je pensais incarner quelqu'un. Je pensais m'identifier à un personnage. Mais non. Je m'identifiais à lui à travers moi, car dans 999, je n'ai incarné personne d'autre que moi-même.



EDIT : Quelle surprise quand je me connecte ! 5 MP dans lesquels on me demande où acheter le jeu, si on peut y jouer sur une DS / 3DS française ... Alors actuellement, je pense que le meilleur moyen d'acheter le jeu est de passer par Amazon UK. Livraison en 48h, et prix relativement bas.

Pour la compatibilité, ne vous en faites pas. Vous pouvez jouer au jeu sur n'importe quelle DS ou 3DS du monde. J'ai fait 999 sur deux consoles : une DSi XL Japonaise, et une 3DS Française ! C'est pour vous dire !