Je n'ai jamais été doué pour écrire
les critiques de films. Surtout pour des films d'exception. Un film
d'exception se vit, plein de choses nous viennent en tête, on les
oublie car elle sont rapidement chassées par d'autres. On se
retrouve bercé de bout en bout, on perd la notion du temps, on
trouve des références ou des inspirations, on garde dans notre
esprit certains plans de caméra.

Non clairement, pour moi, un film
d'exception se vit dans la salle obscure. Et toute critique doit y
rester. C'est bien pour ça que je n'écrirai pas de critique deSucker Punch. Je me contenterai de vous parler de mon expérience
personnelle sur ce film.

 

Et quelle putain d'expérience.

 

Zack Snyder, je l'aime bien ce
bonhomme. J'ai vu tous ses films, les ai tous appréciés, ai plus ou
moins compris qu'il était un énorme nerd de scénariste, un grand
enfant qui sait utiliser la technologie et son talent pour nous faire
vivre des choses incroyables. La première fois que j'ai regardé un
trailer de Sucker Punch, une seule phrase m'est venue en tête :
« ce film est un jeu-vidéo, le jeu-vidéo ultime ».

Après l'avoir vu, je ne sais pas trop
si j'avais raison. Que Sucker Punch adopte, emprunte des mécaniques
vidéoludiques, c'est évident : sa mise en scène chaude, ses
gros plans sur les visages et les fondus lors des changements de
scène. Ses chorégraphies guerrières, son suspension of disbelief,
ses héroïnes, sa musique, la progression d'un plan à l'autre,
l'évolution entendue met délectable de son scénario.

Mais le génie de Snyder est de savoir
adapter des concepts de jeu au cinéma. Exactement ce qu'a réussi à
faire Uncharted 2 dans le sens inverse, finalement.

 

Vous voulez connaître l'histoire du
film ? Mais laquelle comme histoire ? Sucker Punch est une
succession de tableaux anachroniques aux inspirations aussi bien
cinématographiques que vidéoludiques de premier choix : en
sortant de la salle, vous aurez vu tout Peter Jackson, Stanley
Kubrick, Alex Proyas, Masamune Shirow, Martin Scorcese
. Vous aurez lu tout Robert
Harris
, vous aurez fini tous les Killzone, Gears of War et Sangoku Musô. Ou tout
du moins, vous en aurez compris l'essence. Alors je vous en supplie,
ne me demandez pas quelle est l'histoire de ce film. Si vous voulez
me poster une question, faites-le plutôt sur le traitement graphique
et sonore. Et là, ma réponse sera claire.

 

Sucker Punch est la baffe la plus
monumentale de ma vie. Mon premier film en IMAX aussi, et il est
clair que cette techno joue énormément. C'est pour quoi je pense qu'il m'est impossible d'en
parler objectivement.

Tout ce que je peux dire est qu'il faut
impérativement aller le voir en IMAX et en VO (vous pensiez
sérieusement aller le voir en VF ??? ) pour profiter des voix
aussi envoutantes que tranchantes des actrices. Vous serez, comme
moi, happés par la puissance du film. Le plongé de caméra sur le
dirigeable. Le changement de grain de peau d'Emily Browning quand
elle commence à danser. Le raccord des faux cils de Jamie Chungquand elle se rend compte qu'elle n'est qu'une pute dans un cabaret,
se raccrochant à un rêve inaccessible pour ne pas sombrer. Les
mèches de cheveux de Jena Malone une fois dans le monde irréel.
Etc, etc. Autant d'images qui sont, au moment où
j'écris ces lignes, figées dans mon esprit. A chaque changement de
plan, notre rétine explose.

Et nos tympans aussi : la bande
son est en effet traitée de manière plutôt singulière. La musique
sur laquelle danse Babydoll démarre sur un vieux magnéto, nous
détruit l'oreille, nous mettant ainsi au même niveau que le public
de la danseuse : on transcende le cadre du film, on vit la
musique. Souvent hard rock ou électro, elle joue habilement avec le
cadre rétro dans lequel elle évolue, sublimant ainsi les mélanges
incongrus à l'écran : écouter du Silversun Pickups, à bord
d'un bombardier de la deuxième guerre mondiale s'attaquant au
gouffre de Helm vous semblera tout naturel, croyez-moi.

 

De bout en bout, l'immersion est
totale, et Sucker Punch vient de devenir mon film de référence. Il
me sera à l'avenir impossible d'apprécier un de ces blockbusters
sans âme, que je me serais laissé apprécier, jusqu'à hier, un peu
de popcorns dans les mains.

Car ce blockbuster se retrouvera
inlassablement comparé au chef d'œuvre de Zack Snyder. Et peu de
films peuvent se targuer de souffir la comparaison.