Faire les articles sur Evangelion et en débattre avec Liedh, partager sur les LDVELH avec Karas, discuter de l'Hérésie d'Horus avec Sirtank, tout ceci me ramène à une époque, de plus en plus lointaine désormais, où j'étais rôliste.

J'étais en CM2 quand le petit nouveau de ma classe est venu me voir et me demandait si je connaissais le jeu de rôle. Dans la mesure où dans un village du Sud-Ouest on est plus ou moins condamné à faire du rugby, j'ai répondu par la négative.
Le temps de comprendre le principe de base, un peu dubitatif au début (une histoire qu'on se raconte et où tu me pièges c'est ça?) et j'avais mon premier perso. Direct dans la cour de récré, sans dés, ni livres, juste à l'impro. Et avant la fin de cette dernière, mon perso était mort, il fallait faire le bilan...
"C'était chouettte?"
"Euh.. Oui."
"Bon à toi maintenant."
Voilà. Ce que je ne savais pas, c'est que mon nouveau meilleur pote détestait être MJ, il était uniquement joueur et il a trouvé quelqu'un a qui refiler le rôle.
Sauf que... Je raconte quoi, moi maintenant?
Ça va vous paraitre bébête et puéril peut-être mais à l'époque je lisais Le Journal de Mickey et il y avait une histoire de longue durée sur un été qui m'avait beaucoup plu, avec un cadre contemporain et une intrigue de quêtes avec un objet à trouver à chaque épisode par les héros Disney (Mickey, Donald, etc... Ça doit expliquer pourquoi je kiffe Kingdom Hearts) Je change le perso pour mon pote, je garde le cadre contemporain et la trame de base.
Et je me lance.
"Alors?"
"Génial, on continu après?"
"Oui, si tu veux"
Ma carrière de MJ était lancée.

Le collège arrive et je retrouve des "grands" avec qui je m'amusais au primaire. On leur parle du jeu de rôle, ils nous suivent dans le délire.
Et je recommence à être MJ. Entre temps, j'aurai eu le Seigneur des Anneaux entre les mains, puis mes premiers LDVELH. Un ami réussi à avoir chez lui Hero Quest et Space Crusade, et sans même connaitre le nom, c'est mon premier contact avec Warhammer et le jeu de plateau.
Pendant ce temps, je fais toutes mes parties dans la cour de récré sans connaitre l'existence des D12 et des D100, tout à l'improvisation. je laisse les joueurs faire leur perso et choisir leurs armes comme ils veulent juste en respectant juste une certaine logique.
Pour savoir quelle nouvelle partie allait débuter, je leur disait juste: "Passé, présent ou futur?"
Passé = Fantasy
Présent = Aventure contemporaine
Futur = Science Fiction.
Après ce choix, j'avais une idée de départ et je me lançais...
De pauses de midi en inter-cours, tous les jours pendant 4 ans, j'ai fait un nombre incalculable de JDR en impro, en nourrissant mes inspirations de tout ce qui me passait sous la main: Alien, Predator, Highlander, DBZ, les Chevaliers du Zodiaque, PatLabor, Les samouraïs de l'éternel, Die Hard, Final Fantasy VII, mes livres sur les mythologies, mes lectures sur l'espace et l'astronomie.
Je ne découvrirai les livres de JDR que plus tard avec Warhammer et Vampires, mais je n'y pigeait pas grand chose, et j'aimais bien comment je faisais.
Quatre ans passent, le brevet arrive. Nous étions neuf, comme une Communauté. Pendant 4 ans dédaignés par les autres, ignorés dans le meilleur des cas, malmenés par la méchanceté crasse des ados stupides mais soudés comme jamais par le JDR.
Puis est venu le temps de se séparer, chacun pour mener nos vies.

Perdre ses joueurs, c'est terrible pour un MJ, il y perds une sorte de famille.  Il perd un clan.
Son clan.
J'arrive à l'université. Toulouse, la grande ville. Où le jeu de rôle à pignon sur rue. Un miracle pour moi.
Je n'ai plus mes joueurs et je n'ai pas le courage de m'incruster dans un nouveau groupe.
Je n'ai plus mes joueurs mais j'ai toujours la même imagination.
Je n'ai plus mes joueurs et il est plus que temps d'avoir avec moi la preuve que j'ai été MJ.
J'achète mon premier set de dés.
Enfin.
5 euros. Pour le vendeur, c'est un acte d'une banalité affligeante, il me dédaigne presque.
Je laisse mon billet et je dis au revoir.

─ Mon gars, tu ne te rends pas compte comment j'en ai chié pour avoir ces dés.