A la croisée du test et de la retrospective, cédons au sirènes du rétro-gaming avec cette nouvelle rubrique. 

 

Sept ans se sont écoulés depuis que Dracula fut vaincu. 

Alors que Simon Belmont, le chasseur de vampire, se recueille sur la tombe de sa famille, une femme lui apparait dans la brume.
Elle explique que le temps lui est compté. En effet, une blessure reçu au dos par le vampire est pervertie par une malédiction. Si Simon ne fait rien, il est condamné.
Pour se sauver, il doit accomplir un acte impensable pour un Belmont, il doit ressusciter Dracula pour le tuer à nouveau afin d'exorciser ce terrible sortilège.

 
Mais ressusciter Dracula n'est pas chose aisée: les restes de son corps sont dispersés dans des manoirs de Transylvanie. Si Simon arrive à les récupérer puis à retourner dans les ruines du Castlevania, il peut espérer sauver son corps et son âme.

Voila le pitch du scénario, nous avons donc a faire ici à une suite directe au premier Castlevania.

Castlevania 2 reste un jeu de plate-formes comme son ainé. Cependant, il abondonne la séparation en niveau pour une expérience de jeu radicalement différente.
Nous avons a faire à un monde complet et d'un seul tenant. Chaque lieu étant lié à plusieurs autres.
Les allers-retours ne seront pas trop nombreux, car il arrive souvent que ces endroits doivent se succéder pour faire aboutir la quête. Cependant, certains phases nécessiteront un peu d'exploration, notamment pour franchir des zones a priori infranchissables (avec les fameux cristaux).

Voici d'ailleurs, pour expliciter mon propos, la carte de la Transylvanie telle qu'elle figure dans mon guide officiel des jeux Nintendo.

Un monde aussi vaste avec de lieux aussi divers, cela mérite d'être souligné.

Castlevania abandonne aussi ce qui faisait la base de son système de jeu. En effet, il n'est plus question ici de posséder un fouet et un objet secondaire.
Tout au long de son aventure, Simon collectera des items, dont certains deviendront des classiques de la série. C'est donc un véritable inventaire de jeu de rôle qu'aura Simon, je vous propose là encore de profiter de cet inventaire riche et diversifié grâce à un petit scan de mon cru. (le bouquin est dans un sale état, navré je l'ai eu comme ça)

L'utilisation de l'item secondaire se fait avec la pression de haut+B. B étant l'attaque au fouet (non directionnelle) et A le saut.
La où les autres Castlevania soumettent l'utilisation des objets secondaires au nombre de coeurs, Castlevania ne le fait que sur peu d'items, comme avec les poignards. L'ail et les lauriers seront mêmes des objets consommables dont il faut renouveler les stocks auprès de certains villageois.

Le jeu propose aussi d'acheter son fouet dans les villages. Nouvelle preuve de l'incursion poussée de Castlevania vers l'univers du jeu de rôle.
Simon pourra équiper 5 fouets différents.
-Le fouet de cuir (classique)
-Le fouet à épines, plus long que le précédent.
-Le fouet à chaine (plus puissant)
-La Morgenstern (chaine beaucoup plus longue)
-Le fouet de flammes, dernière arme du jeu, avec un effet de feu bien rendu à l'écran pour l'époque.

La quête de Simon consiste à récupérer les fragments de Dracula. Pour ce faire il doit arpenter 5 manoirs où à la fin de chaque se trouve un orbe lumineux qui contient la partie convoitée. Briser cette "protection" nécessite un pieu de chêne que l'on achète à un marchand qu'il faut trouver dans le donjon.
Il y  a très peu de boss dans le jeu, puisqu'ils ne sont que trois si on inclu Dracula. Ils ne sont même pas obligatoires, mais ils lâchent des items importants.
Les parties du corps de Dracula peuvent s'utiliser, et il est possible d'en équiper une pour bénéficier d'un effet particulier.
La côte vous octroi un bouclier qui vous protège des boules de feu adverses.
Le coeur vous permettra d'atteindre le troisième manoir en le montrant au bateleur.
L'oeil révèle des manuscrits secrets dans les murs des manoirs.
La griffe donne au fouet le pouvoir de détruire les murs comme l'eau bénite.
La bague est un objet maudit qui double les dégâts reçu.
On constate que ces items spéciaux préfigurent à mon sens les reliques que l'on retrouvera dans les Castlevania plus récents.

Cette étude plus approfondie de l'inventaire nous montre l'aspect jeu de rôle très poussé dans Castlevania 2, puisque nous avons a faire à un menu digne d'une feuille de personnage, qui n'est pas sans rappeler Zelda.
Pour renforcer le sentiment d'immersion, le jeu prend en compte un cycle jour/nuit. Chose assez exceptionnelle sur Nes.
La nuit, la malédiction de Simon prend tout son sens, les ennemis font plus de dégats et changent de type. Quand on se rend dans les villages, toutes les portes sont barricadées et des zombies envahissent les rues. Seule l'église reste ouverte, afin de permettre notre héros de se soigner. En effet, ce sont les pretres qui restaure la santé de Simon: pas de gigot ou d'item de soin, il faut donc être très prudent quand on quitte les abords accueillants des villages.

Un inventaire varié, une immersion assurée par un cycle jour/nuit "réaliste", on tient là un Castlevania atypique. Et souvent oublié d'ailleurs: on présente Symphony comme la fusion du genre avec le RPG et Order of Ecclesia comme une exception avec ses sorties hors Castlevania, c'est ignorer ce précurseur qu'est Castlevania 2.


Très novateur, Castlevania 2 nous ouvre les portes de la Transylvanie, où nous sommes libre d'explorer ses forêts, ses montagnes ou ses marécages. Pour renforcer cela, les décors sont très réussis pour de la Nes. 
          
Les décors de jour et une ville la nuit.

 

 

La musique n'est pas en reste, et il arrive souvent de fredonner un air après une partie.
 
Le célèbre "Bloody Tears"


Le thème des villages

Et enfin le thème des manoirs.

 

Le jeu est long et exigeant, la nuit rend les ennemis robustes et vindicatifs, il faut donc s'en cesse être à l'affut. Il arrive très souvent de pousser un ouf de soulagement quand on arrive en ville où on se précipite alors vers l'église pour reprendre des forces.

Castlevania 2 est l'un de mes tout premiers jeu. J'en garde un excellent souvenir, bien que j'ai fais la bêtise mémorable de le revendre pour quelques francs. (et oui, on collectionnait pas les jeux à l'époque... rassurez-vous, j'ai gardé Punch Out quand même).
Ce qui m'a particulièrement marqué dans mon expérience, c'est que pour la première fois, j'ai ressenti de l'angoisse dans un jeu vidéo. Ce n'est pas l'angoisse de niveaux complexes comme dans le premier, où la peur est générée par le challenge (peur de l'échec et de tout recommencer).
Ici, et pour la première fois, j'ai ressenti une peur "psychologique", liée à l'ambiance, à la musique. Les montagnes de Transylvanie, à la base sombre arrivait à rendre les lieux sordides. La musique des villages n'incite pas au repos mais est très lugubre, prouvant que les villageois ont peur et qu'a la nuit tombée les forces des ténèbres envahiront les rues.
Castlevania 2, c'est avant tout une ambiance portée par un quête sombre, tragique, où un homme se bat pour sa survie.

Aujourd'hui, le gamer que je suis devenu ne pourrait plus s'effrayer de ces musiques 8 bits, et le challenge, même avec une jouabilité raide comme un piquet, ne serait plus le même.
Par contre, je me souviens encore du petit garçon de 8 ans qui a redécouvert, avec Castlevania 2, la peur du noir...