J-10 oui, mais en attendant quoi?

 Allez, je vous file un indice, ça commence par Euro  et ça fini par Vision.
Ah non, ce n'est pas Intervilles, mais vous aussi, vous devriez savoir qu'il ne faut pas écouter Olivier Chiabodo...

Je parle bien sûr du très excellent Concours Eurovision de la Chanson  qui se déroule cette année à Copenhague.

A partir de ce jourd'hui donc, il s'agira de retracer cette épopée fantastique vieille de bientôt 60 ans maintenant. 
Et pour commencer cette Odysée quoi de mieux que de débuter par du chauvinisme bien français (pléonasme).

Si les chanteurs de nos contrées furent par cinq fois les vainqueurs de la compétition, nous fûmes aussi capables de bon gros ratages des familles qui feront ici et je l'espère les joies des nostalgiques du CNC.

Dans une Europe qui nous est hostile, nous ne pouvons espérer aucun soutien de nos amis francophones et de nos voisins (les belges nous haïssent, le Luxembourg aussi, la Suisse de même et je te parle même pas de l'Allemagne, de l'Espagne, des Pays-Bas, du Portugal et évidemment du Royaume-Uni...)

Il faut dire aussi que nos trois meilleurs ratages répartis dans les années 60, 90 et 2000 témoignent d'une volonté certaine de foutre la merde dans l'espace Schengen, ou au moins, de ne pas vouloir gagner. Voici donc une petite restrospective, histoire de se mettre en jambes, de nos trois pires ratages à l'Eurovision.

On commence la ruine en 2006 avec...

Il était temps.

Que tu te taises, oui en effet... Virginie Pouchain, coiffeuse découverte par Pascal Sevran, portera bien bas les couleurs de la France avec cette chanson écrite par Corneille. Vous vous souvenez de lui? Oui? Et ben dommage pour vous...
Je vous laisse avec la chanson et remercie chaleureusement l'Arménie pour ses two points (ils en placent toujours deux pour nous, mais c'est plus en rapport à Char Aznable qu'avec nos chanteurs je crois...) et la Macédoine, toujours au taquet sur  les causes perdues qui n'a pas hésité à sortir les grandes largesses avec three points.

Mais ce n'était là que la troisième plus grosse ruine de la France. En deuxième position, nous avons mon amour de toujours, Marie-Line, celle qui m'a fait tomber amoureux de l'Eurovision en 1998. 

Où allez?

Mais vers la sortie, madame, vers la sortie...  Alors là les copines, c'est de la ruine de compèt, rien que la musique vous donne, si vous êtes un minimum équilibré, l'envie de vous rouler par terre de chagrin.

Ici pareil, on notera la gentillesse de la Macédoine qui nous file les two points  réglementaires (je pense d'ailleurs, depuis ce jour de 1998, que la France doit garder une centaine d'otages macédoniens quelque part et doit rançonner Skopje...)  tandis que c'est Chypre qui nous offre le one point  de la non-victoire, faisant plonger notre chanteuse dans les affres de l'anonymat qui s'apparente plutôt ici à un exil salutaire pour nos oreilles. 

Mais bon, on est loin du number one  du classement, celui qui nous collera une honte terrible et dont même les émissions rétrospectives de l'Eurovision refuse de parler.  Voici Dominique Walter avec...

Chez nous.

Oui rentre chez toi. Et number one, notre cher Dominique le sera littéralement car il n'aura qu'un seul et unique one point  qui nous sera donné, attention, par Monaco. La principauté monégasque remplie d'une pitié franchement mal placée nous donnera cet unique point qui nous sauve, accrochez-vous bien, du fond du tableau car c'est ex-aequo que les bons derniers seront l'Italie et... Monaco avec zéro point chacun.
La France n'a donc même pas filé two points à son sauveur archi-limitrophe, et me fait dire que nous sommes de sacrées putes quand on s'y met...
Au passage, cette chanson date du concours de 1966, je vous laisse donc comparer avec ce qui se faisait au même instant de l'autre coté de la Manche. (qui a dit les Beatles?)

La France et l'Eurovision c'est à la fois une histoire de franches réussites (Natasha St-Pier, les mecs)  et de purges hallucinantes. Alors que Patricia Kass chevrotante sur une chanson purgative nous a fait une dépression suite à son ratage en Russie (oui cocotte, c'est pas parce que tu es connue dans le pays organisateur que tu vas gagner hein... Il existe d'autres gens hors Poutine-land) , il faut avouer que nos participations sont plutot hétéroclites, mélange de hauts et de bas qui témoigne d'une ambivalence curieuse vis-à-vis de l'Eurovision...

Si depuis les années 2000 le potentiel lolesque de l'Eurovision encourage à mettre des gens rigolos sur le devant de la scène (Les Fatals Picards) on n'arrive pas non plus à comprendre que l'humour de l'Eurovison est, a certaines exceptions prêts, involontaires. (tapez Roumanie eurovision 2013 dans Youtube, et vous aurez du  lol involontaire).
Il faut comprendre, pour être imprégné de cet esprit que l'Eurovision est à la musique ce que le nanard est au cinéma. C'est de la bonne volonté et de la naïveté pour certains, pour d'autres c'est juste la nécessité de faire le taf' sans se poser de questions et pour les derniers c'est cabotiner à mort devant la caméra.

L'Eurovision reste malgré tout un excellent marqueur culturel européen qui permet de se souvenir une fois l'an que nos voisins peuvent à la fois si proches et si loin. Ou du moins que la France est plus loin que tous les autres et que tu ne pourras jamais rien faire contre le fait que la Suède vote toujours pour la Norvège qui vote toujours pour la Finlande qui vote toujours pour l'Islande qui vote toujours pour le Danemark.

Allez il est temps, demain, de passer aux choses sérieuses...

Début du compte à rebours. J-10...