Le compte à rebours s’achève demain.
Nous sommes à J-1.

Demain,  Copenhague, capitale tranquille du Kongeriget Danmark  va devenir l'épicentre des pires cultes païens ayant foulé le sol de cette terre.
La capitale danoise accueille le 59ème Concours Eurovision de la chanson, et nous allons tous croiser les doigts pour que les dieux soient cléments lors de ce rendez-vous au paganisme plus débridé qu'un épisode de Charmed.

Mais avant de te dire adieu, toi le fidèle lecteur qui me suit et qui n’est donc plus tout à fait anonyme, je t’offres la dernière vidéo, le dernier moment partagé ici, fragment de cette interminable légende qu’est l’Eurovision.
Le moment que je vais dévoiler est un hommage vibrant à un héros.

Un homme courageux.

Ceci est la prestation terrifiante de l’Espagne en 2010.

En même temps, l’Espagne est une habituée de la prestation terrifiante (légèrement un cran au-dessus de la France, un chouilla moins que la Roumanie, généralement) .
On hésite, devant ce spectacle, a y voir la volonté délibérée de ne pas gagner et le naufrage moral d’un pays qui préfigure avec quelques années en avance la gravité de la crise que la péninsule ibère traverse actuellement:
Accent pathético-larmoyant de la musique, coiffure antédiluvienne qui rappelle les pires années de Darry Cowl et costume du chanteur classifié par la NSA en "extra-terrestrial major threat"  (qui comme vous le savez, autorise le President à utiliser la force armée après avoir consulté ses agents pour savoir si c'est du verre pare-balles avant).

La chorégraphie fait tout le reste, et l’Eurovision nous démontre, une nouvelle fois, ce que chocolat n'hésiterait pas à qualifier de shaïtanerie.
Avec la thématique du cirque, déjà propre à donner des cauchemars à toute personne un tant soit peu équilibrée, on achève l’insupportable spectacle avec l’esthétique de l’ensemble: du rose partout, qui vous filera l’envie de garder un fusil à pompe à porté de main, des tremolos navrants, propres à ravager le peu de bonne humeur que vous auriez réussi à conserver, tout créé un climat puissamment anxiogène, qui certes, respecte le déferlement chaotique que l’on attend d’un Eurovision propre sur lui, mais qui, cette fois-ci, va trop loin…

Alors comment sauver cette prestation? Comment redonner à ce moment un coté encore plus Eurovision que l’Eurovision? Comment se fait-il que cette vidéo soit le point d’orgue de ce compte à rebours?
Regardez attentivement: vers le milieu de celle-ci, vous allez voir un héros qui va envahir le plateau en pleine chanson.

On le connais sous le nom de Jimmy Jump et sa spécialité, c'est d'être là où on ne l'attend pas. Toujours à courir sur un terrain de foot, un court de tennis, n'importe quoi pour se faire remarquer, il ne va pas hésiter à envahir l'Eurovision.
Alors bon, il sera ceinturé par les agents de sécurité  qui lui courent un peu après quand même... Mais il va accomplir cet exploit avec courage, aplomb et fougue.

Et de l'aplomb, le chanteur aussi va en avoir.  Sans ciller, il va continuer sa terrible chanson démontrant là un contrôle de soi digne de Kwai Chang Caine. Malgré un deuxième passage décidé par le jury dans un souci d'égalité, l'Espagne rejoindra une nouvelle fois le fond du tableau...

Alors j'espère que samedi, vous serez devant votre télévision pour profiter de cet admirable spectacle qui reste à mon sens, la plus précise, la plus juste et la plus pertinente des descriptions de l'Europe: Un bordel sans nom, des trucs navrants, du copinage entre les frontières, de la corruption de jury, une France toujours détestée par l'Europe entière (je pense que même la France ne se donnerait pas des points à elle-même)  et une furieuse envie de trainer les pieds pour ne jamais gagner cette compétion horriblement couteuse à organiser.

Allez, pour vous préparer à demain, je vous laisse avec les représentants français de cette année.