Si nul ne vit éternellement, les grands jeux eux ne meurent jamais. Une fois encore, je vous invite à faire un petit bond en arrière avec le test de No One Lives Forever, premier du nom. Sans aucun doute le FPS m'ayant le plus marqué à ce jour, même le légendaire Half-Life ne m'avait pas autant enthousiasmé. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ce petit bijou, c’est peut-être l’heure du rattrapage…

L'ex voleuse Cate Archer est une espionne au service de l'organisation anti criminelle, l’UNION. Etant une femme durant les années 60, ses supérieurs machos  font bien peu confiance à notre héroïne et la cantonne aux missions de routine. Mais la roue va peut-être tourner en sa faveur, puisqu’il semblerait que l'organisation terroriste, la bien nommée  C.R.I.M.E. (notez la référence envers le S.P.E.C.T.R.E. de James Bond) se soit débarrassée de tous les meilleurs agents de l'UNION. Catastrophe ! Il ne reste pratiquement plus que Cate pour déjouer leurs plans. C’est l’occasion de montrer à ses hommes des cavernes de quelle trempe Miss Archer est faite ! Pour cela, elle aura à sa disposition de nombreuses armes, d’étonnants petits gadgets et surtout son intelligence sans égal… Mais cela sera-t-il suffisant pour sauver le monde ?

Bien que basique, le scénario ne sera pas sans surprises. Beaucoup de personnages secondaires épauleront Cate au cours de son aventure comme Bruno (fortement inspiré de Sean Connery) ou l’agent Goodman, (fortement inspiré d'un crétin de l'age de pierre). De nombreuses scènes vidéos, utilisant directement le moteur du jeu, rendront NOLF encore plus vivant et cinématographique. Mais il faut dire qu’une grande partie de son charme réside dans son ambiance unique. Les programmeurs ont en effet eu la riche idée de nous faire redécouvrir les années 60 à leur sauce. Pour vous faire une idée, c’est un savant mélange entre Austin Powers (pour l’excès) et James Bond (pour le sérieux). Et j’oserais même dire que le mélange est si bien dosé, que NOLF va même parfois jusqu’à dépasser ses modèles.

Toutes proportions gardés vu l'age du jeu, NOLF est graphiquement très agréable à regarder. Et les niveaux sont incroyalement variés et originaux. D'une part, on voyage un peu partout dans le monde (Maroc, Caraïbes, Allemagne…) et de plus notre héroïne va devoir se dépétrer de situations sans pareil. L’un des niveaux se déroulant par exemple lors d'un crash en avion, notre belle Cate n’aura pas d’autre choix que de sauter sans parachute, le but sera alors de rattraper l’un des gardes du C.R.I.M.E. et de lui piquer le sien en pleine chute libre. Tiens, j'ai déjà vu ça dans Moonraker, pas vous ? Un autre tableau consistera à fuir d’un bateau qui coule, le suivant consistera à explorer l’épave en combinaison de plongée… Rarement un jeu du genre aura fait preuve d'autant d'originalité dans son déroulement. On est loin de la banalité d'un Call of Duty.

L’aventure propose également quelques énigmes bien placées (celle du coffre fort par exemple que je vous laisse découvrir) qui se résolvent souvent grâce aux nombreux gadgets qui sont à notre disposition. Parlons-en des gadgets : briquet-chalumeau, barrette empoisonnée, rouge à lèvre explosif, lunette infra-rouge et appareil photo, parfum soporifique… Un arsenal à faire palir de jalousie ce bon vieux Q. Sans oubliez l’arsenall dit « normal » : un pistolet 9mm avec silencieux, un pistolet à 5 coups, des mitraillettes en pagaille, un fusil d’assaut, un lance grenade, un fusil sniper… Des armes comme s’il en pleuvait ! Comme si ça ne suffisait pas, il y a même plusieurs types de munitions : explosives, au phosphore ou standards. Bref, côté armement, on est servi.

Fort original pour l'époque, il fallait également faire preuve de discretion durant certaines missions. Bien que la solution bourrine était également possible, il valait mieux parfois se la jouer pacifiste et passer en douce. On était loin de Doom et du frag à gogo ! Ainsi, il fallait agir dans l’ombre, éviter de faire du bruit et se cacher des caméras. Et impossible d'en détruire une sans faire sonner l’alarme. Quoi de plus logique ? D'autres niveaux sont plus rentre dedans,  on pourra même utiliser des véhicules comme une moto ou un scooter des neiges.

Mais le vrai détail qui tue, c'est le comportement de nos adversaires. Si l’intelligence artificielle fait déjà bien son boulot, nos ennemis possèdent surtout quelque chose de complètement inédit : une touche d’humanité. Il faut les entendre discuter de la pluie et du beau temps : "T'as vu le dernier Chapeau Melon et Bottes de cuir ?" s'exprime l'un d'entre eux. Et quel sacrée fou rire lorsqu'un autre se plaint de l’arrivée imminente de sa belle-mère à la maison ! Ces dialogues leur donnent une vraie personnalité, on en vient à hésiter de les abattre froidement. Comme ils disent dans Austin Powers : on ne se soucie jamais assez des hommes de main. A noter que le jeu est en anglais sous-titré français (n'installez pas le dernier patch si vous ne voulez pas voir disparaitre les sous titres français), alors que la version PS2 bénéficie d'une version française intégrale plutôt réussie, mais qui fait perdre au jeu son côté british fort agréable. De toutes manières, même si elle a le mérite d'exister, la version PS2 est à éviter.

Les musiques sont toutes superbes et participent allègrement à nous replonger dans les années 60. A noter que des musiques très jerk ainsi qu'une superbe chanson non présente dans le jeu, sont disponibles sur le 2eme CD. Décidément, on nous a gatté. Et pourtant, No One lives forever ne connut pas vraiment le succès qu'il méritait, et cela malgré d'excellentes critiques dans les magazines spécialisés. Si Lara Croft avait su séduire son monde, Cate Archer ne parvint pas à faire de même. La Miss n'avait peut-être pas une assez forte poitrine ? Cet échec est incompréhensible et demeure aujourd'hui encore comme une preuve formelle du mauvais goût du grand public. La version PS2, largement inférieure, ne fit pas mieux.

Un second épisode sorti quelques années plus tard sur PC, et en VF cette fois-ci avec le même cast que la version PS2 du premier. Malheureusement je l'ai trouvé plutôt décevant car trop basé sur l'infiltration et possédant un côté RPG sans intéret (on passait sa vie à ouvrir des tiroirs). Tout comme son ainé, il connut un échec commercial et sonna le glas de la carrière de Cate Archer. La vie est parfois injuste...Un spin off sans intérêt et bourrin, nommé Contract J.A.C.K., sorti également, mais mieux vaut ne pas en parler.

La bonne nouvelle c'est que NOLF vieilli plutôt bien et que son aventure est toujours aussi plaisante à  jouer. Ni trop technique, ni trop bourrin, c'est l'un des FPS les plus équilibrés qu'il m'ait été donné de faire. Et après celui-ci, je n'en ai jamais vraiment connu d'autre qui ait pu me le faire oublier. Humour, action, originalité... On tiendrait presque le FPS parfait. Il demeure encore aujourd'hui l'un de mes jeux préféré, sans l'ombre d'un doute.