Ce test a été réalisé pour le site du magazine Zero Yen (Tout le Japon pour pas un rond).

1994, 1100 artistes japonais signent une pétition contre Disney, les accusant de plagier l’œuvre de Tezuka, « Le Roi Léo ». Disney ne le reconnaîtra que bien des années plus tard à demi-mot… Avant cette brouille, Sega avait peut-être offert au monde les meilleurs jeux vidéo tirés de l’univers Disney. 

Canard Laqué

Nous sommes en 1990, la Megadrive de Sega fait un tabac mérité dans le monde entier. Sega a trouvé un partenaire de poids avec la société Disney qui l’a autorisé à sortir l’un de ses premiers jeux majeurs sur sa machine : I Love Mickey Mouse : Fushigi no Oshiro Daibôken plus connu chez nous sous le nom de Castle of Illusion. Fort de ce succès critique et public, Sega n’a pas l’intention d’en rester là et nous offre, un an plus tard, une aventure qu’on n’oubliera pas de sitôt : après Mickey, c’est Donald qui aura droit à son jeu avec I Love Donald Duck : Georgia Ô no Hihô, soit Quackshot en Europe. 

 

Canard WC

L’histoire n’a que peu d’importance. Donald découvre une carte menant à un fabuleux trésor et se lance à sa recherche. Comme pour Castle of Illusion, nous avons affaire à de la plate-forme pure et dure, genre très en vogue à l’époque. Si Nintendo a son inusable Mario, Sega n’a pas encore son Sonic (qui ne saurait tarder) et cherche encore des titres forts dans le genre.

Ainsi, au cours du jeu, Donald aura l’occasion d’améliorer ses ventouses. Si la jaune ne servira qu’à tirer sur ses ennemis, elle sera bien vite remplacée par la rouge qui elle se collera quelques secondes sur les parois. Enfin, la ventouse verte aura la capacité particulière de se coller aux volatiles sans pour autant les immobiliser, permettant ainsi à notre Indiana Donald de voler ! Un canard volant, quoi de plus logique après tout !

Adapter un personnage aussi populaire que Donald en jeu vidéo n’a rien d’étonnant. Ce qui l’est plus, c’est les choix artistiques choisis. Transformer Donald en aventurier à la Indiana Jones n’est pas étrange car Donald a connu bien des aventures en BD comme en dessin animé. Mais le doter d’une arme envoyant des débouche-chiottes c’est déjà plus étonnant ! Cette idée surprenante aurait pu demeurer comme amusante mais anecdotique si le choix de cette arme ne participait pas directement au gameplay du jeu. En effet, cette arme ne sert pas seulement à tirer sur ses ennemis, elle sert également à atteindre des lieux inaccessibles. Au passage, notez que le débouche-chiotte ne tue pas, il paralyse. Nous sommes dans une production Disney et Donald n’est pas un assassin. Juste un psychopathe qui se balade en cuir avec des ventouses. Nuance…

 

Canardeur 

Malgré l’aide de ses trois neveux et de quelques-uns de ses amis les plus chers comme Dingo ou Geo Trouvetout, la tâche de notre canard préféré ne sera pas de tout repos. Un arsenal plus étoffé ne sera donc pas de trop pour parvenir jusqu’au trésor tant désiré. Ainsi, Donald pourra temporairement troquer ses indispensables ventouses contre une arme plus létale  : le pistolet à pop-corn ! Cette arme se révèlera bien pratique pour se débarrasser définitivement de ses ennemis. Rapide et partant dans trois directions à la fois, elle s’avèrera bien utile, surtout contre les boss de fin de niveau. Bien entendu, nos adversaires ne meurent pas, ils sont seulement éjectés de l’écran. Tout le monde sait bien que le pop-corn ne tue pas. Il fait simplement grossir. D’ailleurs Donald a un gros c… vous avez remarqué ? Contrairement aux ventouses, les munitions sont en nombre limité et devront donc être utilisées à bon escient. Quant à savoir si les pop-corn sont salés ou sucrés, le mystère bat toujours son plein…

Donald possède également un pistolet euh… à bulles. Dis comme ça, ça n’a l’air de rien mais cette arme est la seule qui permette de détruire certains blocs de pierre. Je ne sais pas quel savon a servi de base, mais ce n’est pas du petit marseillais. L’arme sert aussi contre les adversaires mais sa lenteur n’en fait pas un choix des plus utiles. Mais avec un bon timing, ces bulles vous empêcheront de perdre la boule devant certains féroces adversaires.

Mais notre canard n’aura parfois même pas besoin d’arme pour avancer dans son périple : après avoir ingurgité quelques piments, voilà que pendant quelques précieuses secondes, il s’élancera tête baissée sur ses adversaires. Et foi de canard, il ne vaudra mieux pas se trouver face à lui durant ces moments là !

 

Canard voyageur

Comme son modèle Indiana Jones, notre Donald va devoir voyager aux quatre coins du globe afin de trouver le trésor qu’il a promis à sa belle Daisy. Ainsi, Donald arpentera huit lieux différents, tous aussi beaux les uns que les autres. Du Mexique à l’Egypte en passant par l’inévitable Donaldville et même jusqu’au pôle Sud, le petit avion de ses trois neveux Riri, Fifi et Loulou aura intérêt à souvent faire le plein de carburant, et ceci malgré les hausses incessantes de celui-ci. Ce n’est pas le moment de jouer les Picsou si on ne veut pas se retrouver en rade au milieu de l’océan Atlantique ! Notre aventurier voyagera même en Transylvanie où il rencontrera Duckula en personne ! Quelle dommage de ne pas avoir un pistolet à ail quant on en a besoin…

Bien entendu, on est très loin des centaines de niveaux d’un Mario Bros mais l’intérêt n’est pas le même. L’aventure s’avère plus courte mais très prenante et l’on n’hésitera pas à la refaire plusieurs fois sans s’en lasser. Surtout que pour briser la monotonie de l’action, le joueur devra guider Donald dans des phases quelque peu différentes : comme durant cette séquence de haute voltige sur des fils électrique des hauteurs de Donaldville ou encore ces passages en wagonnet directement inspirés de l’inévitable Indiana Jones.

 

Canard déchaîné

Plus beau, plus fort, plus amusant que Castle of Illusion, avec Quackshot, Sega livra un nouveau chef d’œuvre Disneyien pour sa Megadrive. Ces deux titres exceptionnels furent d’ailleurs réunis un peu plus tard dans une seule et même cartouche. Cette mini compilation sortira également en 1997 sur Sega Saturn. Cette version qui ne sortit qu’au

Japon, se monnaye aujourd’hui a des sommes démesurées, bien que les jeux n’aient subi aucune modification et n’apporte absolument aucun bonus.

A n’en pas douter, Walt Disney lui-même aurait été fier de voir son héritage aussi merveilleusement utilisé. Comme avec ses dessins animés, cette œuvre vidéo-ludique s’adressait à tous et pas seulement aux enfants. Ah qu’il était bon ce temps où petits et grands préféraient partir à l’aventure avec un canard mal embouché plutôt que de tirer sur tout ce qui bouge dans la peau d’un gangster sans foi ni loi… Sega, c’était vraiment plus fort que ça.

 

Retrouvez également mon test sur le site de Zero Yen à cette adresse :

https://www.zero-yen-media.fr/home/2012/04/test-quackshot.html