11 ans de hiatus interminable pour un groupe qui nous aura laissés gisants-là tels des connards émerveillés, décontenancés, ou bien carrément dégoutés par un From Bliss To Devastation qui, quoi qu'on en jacte, débordait de créativité malgré une orientation mélodique planante assumée et joliment assurée. Et voilà qu'on nous annonce soudainement, à grands coups de promo inopinée, un nouveau disque de Vision Of Disorder. La chose se nomme The Cursed Remain Cursed, mais pas l'ombre d'une malédiction au-dessus des caboches new-yorkaises, bien qu'on ait pu y songer durant ces onze années de disette musicale.

Que les aficionados des premiers émois de VOD se rassurent, la violence est on ne peut plus présente, renforcée et augmentée d'un son énôrme, quoique sporadiquement lisse. Le tubesque Loveless est là pour en témoigner, et le reste de l'album aussi. Que les adeptes du virage mélodieux sèchent leurs larmes de grands sensibles, le chant clair se fait entendre dès l'entame, un brin calibré "hard FM" parfois, ce qui est plutôt irritant mais ça ne s'étale pas trop. Et puis, il faut tout de même avouer que l'agencement de ces deux aspects est plutôt remarquable sur l'ensemble des compositions, comme Blood Red Sun qui fait la transition à merveille, ou bien l'ultime titre Heart And Soul, un petit bijou auditif de hardcore sirupeux entrecoupé de phases mélodiques étranges et incongrues, dont la voix évoquera...Bono (U2).

Ce disque comporte une ribambelle de riffs assassins pétés de rythme (Hard Times, The Enemy, New Order Of Ages), de lignes de basses destructrices, de frappes aussi fluides que sèches, et on peut reconnaître que Tim Williams a toujours son putain de coffre, saturé de variations multiples, alternant subtilement entre clarté et viol de cordes vocales (Skullz Out (Rot In Pieces), ou l'étonnant Be Up On It). Le reste de l'équipe ne démérite pas, maintenant la pression instrumentale du début à la fin, sans coup de mou, avec précision et dextérité. Le quintet semble avoir avalé toute sa discographie pour la digérer en matière sonore de premier choix. L'on peut regretter un léger manque de spontanéité sur les premiers titres, qui n'obstruera point le plaisir instantané ressenti à l'écoute de ce hardcore métallisé mutant, se révélant finalement comme un consistant hommage aux scènes induites. Ça flaire bon les nineties et ça ajoute une belle ingéniosité dans les structures et textures. Non, le poids des années n'a vraisemblablement eu aucun effet négatif sur l'énergie, la puissance et le groove souple de Vision Of Disorder, c'est même tout à fait l'inverse.

 

Clip de "Set To Fail" (pas très intéressant visuellement mais bon) :


Tracklist :

  1. Loveless
  2. Set To Fail
  3. Blood Red Sun
  4. Hard Times
  5. Annihilator
  6. Skullz Out (Rot In Pieces)
  7. The Enemy
  8. The Seventh Circle
  9. New Order Of Ages
  10. Be Up On It
  11. Heart And Soul

 

The Cursed Remain Cursed en écoute sur deezer.