A l'instar de tous ces groupes français qui ont décidé d'adopter un patronyme encore plus français (Pneu, Cheveu, Papier Tigre, Chevreuil, Passe-Montagne, etc...), Vélooo ne déroge pas à la règle, qui n'en est pas une, car il y a trois « o », ce qui rend la chose phonétiquement intéressante. Le discret trio palois (ex-quartet) n'avait pas beaucoup donné signe de vie depuis 2008 et son premier EP.  Une première livraison déjà pleine de promesses qui envoyait tout valdinguer dans un brouillard rock n' roll cradingue du plus bel effet. Quatre années plus tard, Même Pas Mal pointe le bout de son guidon, équipé de six sacoches instrumentales plus ou moins longues, et surtout consistantes.

Premier constat, Vélooo, outre son blase loufoque, a des points communs avec son compatriote de Pneu, notamment dans le choix du nom des morceaux à caractère humoristique, mais également dans ce qui nous intéresse en premier lieu ici, la musique. Une spontanéité commune, un feeling permanent, une énergie débordante. En termes de sonorités, on se rapprochera davantage d'un Don Caballero très saturé, d'un Shellac plus accessible, ou d'un Botch moins hardcore. Ce qui n'est pas banal c'est que chez Vélooo, on attaque directement par le digestif, un Armagnac nerveux, urgent, qui accroche bien au palet par sa texture noisy et crasseuse. Une crasse qui ne se décollera de la paroi qu'à la dernière seconde du sixième et dernier morceau de Même Pas Mal (Mamitraillette). Un nom d'album bien choisi car on a le sentiment d'être au centre d'une bagarre, où les pains sont multipliés à une cadence qui rendrait Jésus fou de jalousie.

On ne reprend jamais son souffle, tous les sens sont aux aguets, il faut apprivoiser l'adversaire, anticiper ses mouvements souvent imprévisibles, au potentiel de destruction redoutable. Ces mouvements se matérialiseront par des crochets garage noise punk déconstruits, des baffes stridentes, des uppercuts aux structures hardcorisées, des béquilles mélodiques botchiennes surprenantes, le tout soutenu par une rythmique puissante et concassée juste comme il faut pour prendre son pied et bouger frénétiquement la masse crânienne. La production - qu'on imagine live - rend la basse omniprésente et centrale sur tout le long de l'objet. Celle-ci apportera une lourdeur absolument groovy à l'ensemble, la batterie n'étant évidemment pas en reste, déployant un jeu précis et inspiré, tout comme la guitare, s'alignant régulièrement sur la quatre-cordes, et s'échinant à infliger une bonne dérouillée de notes, conservant une fougue et une cohérence époustouflantes.

Vélooo et son Même Pas Mal à l'artwork sublime ne font pas de détours, dopés au rock n' roll, ils vont droit au but, prennent les raccourcis, les chemins de traverse dénivelés, cabossés, parsemés de trous et de pièges à ours. La formule est classique mais la fougue, l'énergie, la spontanéité, la générosité et le plaisir de pédaler ensemble supplantent toute forme de convenance. Ce trio mériterait un tour de France bien plus conséquent, au moins aussi fourni en étapes que celui de leurs compagnons de bitume cités en début de chronique.



Tracklist :

  1. Armagnac
  2. Tachycardie
  3. Moustache En Cuir
  4. Postiche Liebe Dich
  5. Verniverge
  6. Mamitraillette

 

A écouter en quatrième vitesse sur le bandcamp d'A Tant Rêver Du Roi.