Philm, c'est d'abord une orthographe bien mystérieuse, à moins qu'il ne s'agisse d'un jeu de mot subtil associé au nom du disque présenté ici... Mais Philm, c'est aussi et surtout le projet annexe actuel d'un batteur qu'on ne présente plus, Dave Lombardo (Slayer, Fantômas, Grip Inc.), entouré de Gerry Nestler (guitare/voix, Civil Defiance) et Pancho Tomaselli (basse, ex-War). Ce premier objet sort chez Ipecac Recordings, ce qui n'est pas un hasard puisque Mike Patton - fondateur du label - et Lombardo sont copains comme cochons depuis leur collaboration sur Fantômas.

Avec Philm, on s'attend donc logiquement à un album vrillé de la tête, plein de rebondissements où de multiples genres musicaux se confrontent ou se succèdent, et ce(t) Harmonic ne nous donnera pas vraiment tort. En effet, les premières pistes paraîtront assez classiques dans leur construction, à commencer par Vitriolize, déployant un heavy punk noisy 90's bien rentre-dedans qui mettra tout de suite en condition. Mais l'on s'apercevra bien vite que le trio a pris soin d'ingurgiter une multitude d'influences, qu'elles soient hardcore, noise, metal, prog, punk, jazz, funk, dans le but de former une sorte de fusion incandescente au groove massif et imperturbable. Et ça fonctionne plutôt bien sur une majorité des quinze titres proposés par ce premier jet, certains faisant office de « transitions » relativement dispensables entre deux morceaux de qualité (Hun, Killion, Mezzanine). Le rendu sonore global est assez poisseux, situant le disque dans une volonté de sonner « live », mais aussi de s'inscrire vraiment dans une époque, celle des années 90, s'inspirant notamment de la scène metal/hardcore obscure du moment (Zeni Geva, Fudge Tunnel entre autres). Le chant volontairement approximatif pourra de ce fait en rebuter plus d'un puisqu'il évolue dans un délire plutôt punk et gueulard, sachant tout de même se faire parfois étrangement mélodique. Lombardo, qui se retrouve ici avec un kit de batterie réduit à quatre éléments, assure la souplesse rythmique, soutenue par des ambiances malsaines, urgentes (Dome), jazzy (Exuberance), funky (l'excellent Amoniac) ou encore sacrément planantes (le désertique Way Down, suivi de Harmonic).

Philm envoie finalement une musique assez polymorphe sur un disque qui se révèlera peut-être un peu longuet (62 minutes). Malgré ce détail temporel, Harmonic demeure foutrement énergique, cohérent et confirme avec brio les potentielles attentes que l'on pouvait avoir à propos de ce trio qui avait déjà bien de la gueule sur le papier.

Tracklist :

  1. Vitriolize
  2. Mitch
  3. Hun
  4. Area
  5. Way Down
  6. Harmonic
  7. Exuberance
  8. Sex Amp
  9. Amoniac
  10. Held In Light
  11. Dome
  12. Killion
  13. Mezzanine
  14. Mild
  15. Meditation

 

Harmonic s'écoute sur Deezer.